Suite à la récente controverse soulevée par la commercialisation d'une quantité de lait en sachet présentée comme étant avariée ou ne répondant pas aux normes de qualité, nous nous sommes rapprochés du directeur général du Complexe laitier d'Alger (Colaital), Nadir Benyezzar, pour avoir un éclairage sur bien des aspects de fabrication de ce produit de large consommation, de surcroît subventionné. Dans un communiqué transmis à la presse, Colaital a démenti avoir commercialisé du lait avarié, produit le 21 août dernier. Qu'en est-il vraiment ? Quel a été l'incident ? En premier lieu, je tiens à préciser qu'aucune quantité de lait ne répondant pas aux normes de qualité n'a été commercialisée. Les quelque 5.005 l de lait avaient été produits ce jour-là très tôt le matin. Cette quantité n'a pas quitté l'usine, car le lait ne répondait pas aux normes suite à une défaillance dans le processus de pasteurisation. Seulement quelques litres ont été chargés par un distributeur qui a, par la suite, été rappelé dès que les techniciens du laboratoire ont constaté le problème au niveau de la vanne de régulation. J'ai été surpris de voir que certains médias ont amplifié cet incident. Aucune quantité n'a donc pu être commercialisée. Qu'en avez-vous fait ? La quantité de lait n'a pas été déversée pour défaillance de dosage. Nous disposons de techniques spécifiques de pasteurisation qui permettent de récupérer toute la quantité de lait ayant enregistré un faible dosage par rapport aux normes exigées. Dans le cas le plus extrême ou par malheur, le lait serait irrécupérable pour d'autres raisons. Nous engagerons un processus réglementaire, où la direction du contrôle et des prix est informée et nous ferons appel à une compagnie d'assurance pour rédiger un procès-verbal en vue de dédommager l'entreprise pour la quantité avariée avant de la livrer. Je suis très pointu sur les procédures de transparence autant que possible. Où en est Colaital aujourd'hui ? Le Complexe laitier d'Alger assure plus de 60% de lait pasteurisé conditionné, employant 460 travailleurs qui assurent un cycle de production continue en 3x8 pour desservir trois grandes wilayas du centre : Alger, Blida et Tipasa. Colaital est, par la même occasion, conventionnée avec 442 éleveurs et collecteurs qui travaillent directement avec l'entreprise. Je rappelle que nous avons mis en place un plan d'action pour la collecte du lait cru, les négociations sont en cours, en interne, mais valoriser le lait cru est incontournable. Il constitue un challenge important à relever pour tout le groupe Giplait. Il faut noter que Colaital n'est qu'une filiale parmi les 15 laiteries du groupe. La stratégie de notre filière est notamment de renforcer nos acquisitions en vaches pour augmenter la collecte et trouver d'autres éleveurs. Par ailleurs, nous avons engagé des travaux de réhabilitation des ateliers et essayons de trouver un moyen de rendre la production plus simple et moins pénible avec, bien entendu, toujours plus de rendement. Parlez-nous de la production de Colaital... Nous produisons du lait LPC (lait pasteurisé conditionné en sachet plastique polyéthylène) pour une moyenne de 460.000 l par jour durant le mois d'août, soit une progression de 24% par rapport à la même période en 2015. Ce qui peut s'avérer encourageant si l'on sait que l'entreprise subit des évolutions internes de réhabilitation. Colaital produit également du beurre, de la crème fraîche avec d'autres produit dérivés comme le petit-lait, le lait de vache à 28% ou à 15% et à 0%. Nous aspirons, dans les mois à venir, à la production de yaourt, de fromage frais et, à l'horizon 2017-2018, de produire du fromage fondu. Et avec l'acquisition d'une conditionneuse, nous pourrons produire bientôt du LPC en carton qui peut être conservé plus longtemps. Les commerçants se plaignent des distributeurs. Qu'en est-il de votre côté ? Nous n'avons pas de conflit avec les distributeurs. Nous travaillons avec eux selon un système établi, bien avant mon arrivée à l'entreprise, basé sur des remises. J'avoue que le procédé ne profite pas à Colaital et c'est pourquoi nous avons engagé des négociations qui pourront aboutir à une entente plus fructueuse pour les deux parties dans un avenir proche.