Un éventuel accord sur le gel de la production du pétrole, lors de la réunion informelle de l'Opep prévue fin septembre à Alger, en marge du 15e Forum de l'énergie, ferait augmenter les prix du baril à 60 dollars à partir de 2017, a prédit hier l'expert en énergie, Abdelmadjid Attar. Qualifiant la réunion d'Alger « d'extrêmement importante », Attar, ancien PDG de Sonatrach et actuel vice-président de l'Association algérienne de l'industrie du gaz, a estimé que « tous les signaux sont positifs pour le moment » quant à un éventuel accord sur le gel de la production pétrolière des pays de l'Opep. « Les pays de l'Opep ont intérêt à geler leur production actuelle et il faudrait que tout le monde respecte ce gel sur le terrain », a-t-il préconisé sur les ondes de la Radio nationale. « Il faut même réduire la production, car ce qu'on perdra en quantité, on le gagnera en prix, c'est la dernière chance pour stabiliser les prix et les faire augmenter à 60 $ en 2017 », a-t-il soutenu. Mais si les producteurs ne parviennent pas à un tel accord (le gel), les prix « ne vont pas dépasser 45 dollars/baril en moyenne et c'est ce qui correspond au prix d'équilibre par rapport aux capacités de consommation mondiale actuellement », a-t-il affirmé en estimant qu'un prix de baril au-dessus de 100 $ est par contre à « oublier complètement ». L'expert reconnaît cependant qu'un accord sur le gel de la production de l'Opep ou encore sur une réduction de la production se trouvera confronté aux besoins pressants de certains pays, notamment l'Irak, d'augmenter leurs productions. Par ailleurs, le niveau de production de l'Opep et même des pays hors Opep influe certes sur les prix, mais demeure un seul facteur parmi beaucoup d'autres, souligne M. Attar. Mettre le paquet sur le gaz Toutefois, un prix plus ou moins élevé du baril de pétrole profitera certes à l'Algérie, mais, avec des réserves gazières de l'ordre de 22.000 milliards de mètres cubes, le pays devrait compter plus sur son gaz que sur son pétrole, recommande Attar. « Il faut mettre le paquet sur le gaz dont il faudrait absolument économiser la consommation à travers notamment le développement des énergies renouvelables », conseille-t-il en rappelant que la place des exportations algériennes de gaz sur le marché méditerranéen est tellement importante « qu'aucun pays ne peut la concurrencer ». L'Algérie sera également appelée à exploiter le gaz de schiste le jour où elle acquerra la technologie et les moyens logistiques nécessaires, a-t-il encore prédit. En attendant, il faut préserver la production gazière conventionnelle : le pays produit 83 milliards de mètres cubes de gaz/an et en consomme 40 milliards, un niveau de consommation qui a augmenté de 300% par rapport à l'an 2000 et avec une production de l'électricité tirée toujours à 99% du gaz naturel, ce qui représente « un gros problème », estime l'expert. Il estime qu'une bonne part de la production électrique devrait, en revanche, se faire à partir des énergies renouvelables. En plus, les 40 milliards de mètres cubes sont consommés à hauteur de 70% par les ménages, par des secteurs non productifs de plus-value et par le secteur des transports, alors que l'industrie n'en consomme que 15%, selon lui.