Réagissant aux attaques contre les terminaux pétroliers de Zoueitina, Ras Lanouf, Al-Sedra et Brega par les troupes du général Haftar, le chef du gouvernement d'union libyen (GNA), Fayez al-Sarraj, a appelé hier les parties au conflit à se réunir autour de la table de négociations pour tenter de trouver une issue à la crise qui déchire le pays. Il les a appelés à mettre fin aux actes provocateurs, jugeant que le pays traverse une période charnière de son histoire. Il a affirmé qu'il n'accepterait pas de « diriger une partie libyenne ou une guerre contre une autre partie libyenne ». Cet appel fait suite à la prise, lundi dernier, par les forces des autorités basées dans l'est de la Libye d'un troisième terminal pétrolier à une milice loyale au gouvernement d'union nationale. Condamnant l'offensive lancée par les troupes de Haftar, le gouvernement d'union l'a qualifiée d'« agression flagrante contre les acquis du peuple libyen, et porte atteinte à la souveraineté nationale ». D'où la nécessité de mobiliser les troupes pour reconquérir les terminaux pétroliers. La production pétrolière de la Libye, qui dispose des réserves pétrolières les plus importantes d'Afrique estimées à 48 milliards de barils, est passée de 1,5 million de b/j à environ 200.000 b/j depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011. Pour la communauté internationale, les événements survenus cette semaine risquent de réduire à néant les efforts consentis pour cesser les hostilités et reconstruire le pays. L'envoyé spécial de l'ONU en Libye, Martin Kobler, a appelé à New York à la cessation immédiate des affrontements dans la région pétrolière de ce pays en invitant les acteurs politiques à sortir de l'impasse politique et sécuritaire. « La paix fragile dans le (croissant pétrolier) de la Libye a subi un coup sévère quand des unités de l'armée nationale libyenne sous le commandement du général Khalifa Haftar ont attaqué des terminaux et ports pétroliers », a-t-il déclaré devant le Conseil de sécurité. Il a demandé à toutes les parties prenantes d'éviter d'infliger de nouveaux dégâts aux installations pétrolières. Il a souligné que les ressources naturelles libyennes appartiennent à tous les Libyens. Elles doivent, de ce fait, être protégées et exportées de manière légale sous l'autorité de la Présidence du Conseil. L'émissaire de l'ONU n'a pas manqué de rappeler que l'économie libyenne était au bord de l'effondrement malgré sa richesse en pétrole. « La Libye ne sera pas en mesure de dépendre encore pendant longtemps de ses réserves à l'étranger. L'économie de guerre doit laisser la place à une économie de paix. La production pétrolière doit reprendre », a-t-il souligné. Il s'est, par ailleurs, félicité des progrès réalisés pour chasser le groupe terroriste Daech de son dernier fief à Syrte, affirmant que « très bientôt, Daech ne contrôlera plus de territoire en Libye ». Selon Kobler, il faut favoriser le dialogue politique en Libye, car c'est la seule façon d'avancer dans la transition, en dépit des divergences. « Il n'y a pas d'alternative », a-t-il relevé. Il a jugé qu'une action forte était nécessaire pour convaincre les parties prenantes libyennes d'instaurer des institutions ouvertes et participatives. Il espère voir la réunion ministérielle sur la Libye, prévue le 22 septembre prochain, en marge de l'Assemblée générale de l'ONU, donner le résultat escompté.