Deux jours durant, la maison de la Culture Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou a vécu au rythme d'un hommage au chanteur Athmani. 17 années de rupture avec la scène ne semblent pas avoir entamé la popularité de l'artiste. La longue éclipse a suscité intérêt et engouement. Le chanteur a exprimé sa gratitude pour les organisateurs et pour les Ath Ouacifs d'où il est originaire. La salle de spectacles s'est avérée trop exiguë pour accueillir ceux venus revisiter son riche parcours artistique, notamment ses amis, ses compagnons et ses fans. Notons la présence durant ces deux journées de nombreux artistes, entre autres Kamel Hamadi, Lounès Kheloui, Farid Ferragui, Hassan Abassi, Slimani, Hasnaoui Amechtuh, Ouazib Taleb Tahar, Rabah Ouferhat, Djamel Kaloun. Des chanteurs, poètes et musiciens moins con-nus et le grand maître Abdelkader Bendaa-mache ont tenu à venir pour saluer Dda Hamiche, comme préfèrent l'appeler affectueusement les siens. Ce retour sur scène 17 ans après un arrêt brusque sur lequel l'artiste a refusé de revenir, a ravi l'enfant de Zaknoun (commune des Ouacifs). C'était une belle occasion pour retrouver des amis et compagnons. « Je suis ému, je ne trouve pas les mots pour exprimer ma reconnaissance aux initiateurs de cet hommage mais aussi à tous ces artistes et ces centaines de citoyens venus à ma rencontre », dira-t-il. Cette rencontre a été pour lui une suite de moments d'émotion. Aït Athmane M'Hand ou Hamiche Ath Wada est né le 11 septembre 1945. Il est le fils unique. Son père est mort alors qu'il n'avait que cinq ans. Il est l'un des chanteurs les plus prolixes avec près d'une centaine de titres. Ses deux premières chansons « Tebghidh iyi bghigh kem » et « A rebbi sled ak hkugh » furent composées sur son lit d'hôpital en 1966. Interrogé à l'issue du gala auquel ont pris part de nombreux artistes qui ont repris ses chansons, Dda Hamiche nous a révélé en exclusivité qu'il compte revenir sur la scène en 2017. « Je reviendrai avec au moins deux chansons comme jubilé pour mettre définitivement fin à ma carrière. J'espère seulement répon-dre aux attentes des mes fans ». Interrogé sur la carrière éphémère de ses deux enfants Lakhdar et Nordine dit Koudy, Athmani dira : « Dès l'âge de 14 ans, ils m'avaient demandé s'ils pouvaient chanter avec moi, je les ai encouragés. L'éloignement du pays puisque nous sommes en France ne leur a pas permis de s'exprimer, ne serait-ce que sur la scène. » Toutefois, il ne désespère pas de voir renaître le duo. Dans un témoignage, Kamel Hamadi qui fut son maître, nous dira : « J'ai connu Athmani très jeune. Je croyais en lui si bien que je l'avais encouragé à intégrer l'émission ‘'Ighenayen Ouzekka'' de Cherif Khed-dam à la fin des années 1960, au même titre que Lounis Aït Menguellet, Habib Mouloud, Dalil Omar et Slimani ». Il a rappelé qu'il lui avait composé « Trebayid el mahna », « Yalatif Yalatif » et bien d'autres qui l'ont fait connaître dans les années 70. Farid Ferragui rappelera les chansons d'Athmani qu'il fredonnait au lycée avec ses camarades. Pour Aït Mokhtar, organisateur de spectacles, « Athmani fait partie de cette génération douée et dorée de la chanson kabyle. J'aurais tant aimé organiser un gala avec lui ». Pour Nabila Gouméziane, la directrice de la culture, « nous nous faisons un devoir que de rendre à chaque fois un hommage à une grande figure de la chanson et toute cette ambiance nous encourage à poursuivre cette noble mission ». Elle avouera aussi que « les chansons d'Athmani ont bercé l'enfance de bon nombre d'entre nous ». Ouahab Aït Menguellet, président de l'APC de Tizi Ouzou, soulignera enfin « le talent de l'artiste et son engagement pour la défense de l'identité amazigh ».