L'un est étudiant en médecine et photographe à ses heures perdues. L'autre est vétérinaire, musicien et artiste plasticien. Les deux artistes nous invitent à découvrir leur univers, à comprendre leur vision du monde et à essayer d'établir un parallèle entre la peinture et la photographie. Grâce à l'art, on donne la parole au peuple, et rien qu'au peuple. Celui qu'on n'entend pas, qu'on ne voit pas, qu'il soit riche ou pauvre, africain, asiatique ou européen : « Du peuple au peuple, un périple qui mène partout ou nulle part. Entre la distinction et le destin collectif se conjugue la condition humaine. Cette expo donne une ponctuation à la littérature du peuple qui est simple et indispensable, et vise à lui donner une dimension esthétique à travers les œuvres présentées », peut-on lire dans un petit bout de papier présentant l'exposition. Nos artistes travaillent beaucoup, et ont passé des heures à retoucher et à revoir leurs œuvres. Ils ne manquent surtout pas d'imagination pour surprendre le public. A Kef Noun, c'est leur deuxième exposition après celle intitulée « Full Contact », organisée dans la commune de Lichana à Biskra. Une expo audacieuse tenue en pleine rue, la nuit, au Ramadhan dernier : « Les œuvres ne comptaient pas vraiment. Ce qui était important, c'était le lieu, Ksar Lichana, qui fait partie de notre patrimoine et qui est menacé. La réaction de la population était incroyable. Nous étions étonnés car les gens étaient venus nombreux et ne faisaient pas semblant. Ils admiraient vraiment les œuvres, ce qui prouve que l'art est populaire et qu'on n'a pas besoin de le démocratiser car il l'est déjà », dira Rafik Nahoui. « Une photo s'exprime par elle-même » Dans l'exposition qui se tient jusqu'au 14 octobre, de très belles photographies sont à découvrir. Certaines nous dévoilent Alger, ses gens et ses rues. Midou Dambri a immortalisé aussi des instants surprenants de l'Inde, pays qu'il a visité en 2014. L'artiste préfère toutefois garder la tête sur les épaules. « J'évite d'expliquer ce qui est exprimé dans une photo, car cette dernière s'exprime par elle-même ». « J'ai ainsi réussi à capturer une photographie d'une femme SDF d'Alger à qui on apprend la pêche. J'ai dû patienter plusieurs jours, car j'ai remarqué la femme mais j'ai attendu le bon moment pour prendre la photo », raconte-t-il. Une femme en compagnie de pêcheurs, c'est inhabituel en Algérie. Donc c'est pour cela que je dis que j'ai du mal à expliquer une photo. La peinture de son ami Rafik se nourrit de la technique du collage. Ses tableaux sont des assemblages et des combinaisons de plusieurs fragments de papiers magazines, de photographies ou de papiers d'emballage. Ces œuvres absorbent tout ce qui lui passe par la tête : « Je suis très inspiré par la culture hip-hop et donc je mixe tout. Je fais d'abord les plans puis je passe au collage. Je prends parfois deux mois pour réaliser un seul tableau, j'essaie de mettre les éléments en place, je m'inspire de l'actualité. J'ai des cartons et des magazines que je feuillète pour m'inspirer. Mais j'avoue que je suis un peu égoïste car je travaille d'abord pour moi ». Dans ses tableaux on retrouve des coupures de journaux, de magazines, d'encyclopédies, et puis des formes, des yeux, des mains, des visages de personnalités historiques ou d'inconnus. Des œuvres ayant pour titres Oil, Ego, Algeia, Geronimo, ou Femmes parlant de la tragédie, des inégalités et des bizarreries de ce monde.