Les jeunes initiateurs de cet événement ont exposé leurs œuvres entre les murs des vestiges de cette cité riche en histoire. Lichana est une oasis des Zibans, située à l'ouest de la wilaya de Biskra. Plusieurs civilisations se sont succédé en ce lieu, qui porte encore le souvenir de la bataille de Zaâtcha. Malheureusement, ce haut lieu du patrimoine a été ravagé par des pluies diluviennes en 1969. Les vestiges ne donnent qu'une vague idée de ce qu'était cette cité. C'est pourtant là que Rafik Nahoui et Midou Dambri ont élu domicile pour leur exposition. La raison de ce choix : «Nous avions fait de longues recherches pendant les vacances dans la région de l'Est entre Annaba, Guelma, Biskra… Et nous avons fini par choisir Lichana parce qu'il y a une association très active sur place pour la réhabilitation de ce lieu. Ils nous ont ouvert les portes et ont accueilli l'idée avec enthousiasme», explique Rafik Nahoui. Vétérinaire de formation, ce dernier a troqué le bistouri pour les arts plastiques. Il expose des œuvres originales entre collage et peinture. Il partage l'affiche avec Midou Dambri, qui expose un aperçu de son travail de photographe. «Le thème de l'exposition n'a pas tant d'importance, ajoute Nahoui. Ce qui compte c'est le concept. Cette expérience, qui sort l'art de son contexte classique.» D'ailleurs, le titre de Full Contact est une référence à cette manière d'exposer qui se veut proche du public, au contact le plus proche de celui-ci. Une manière également de découvrir ou de redécouvrir des lieux qui ont une âme. Les initiateurs avouent que Lichana est d'abord une découverte pour eux, avant de l'être pour le public. Les habitants de Biskra n'ont pas manqué de visiter l'exposition, de même que des citoyens venus d'autres wilayas de l'est du pays et d'ailleurs avec une grande curiosité pour cette initiative indépendante et audacieuse. Du 30 juin au 5 juillet, l'exposition était ouverte tous les soirs à partir de 21h. Des horaires où la température est plus clémente dans cette région située à 400 km au sud d'Alger. De plus, l'éclairage installé pour l'occasion permettait de guider le visiteur dans ce lieu et d'ajouter à l'ambiance particulière de cette expérience. En outre, le vernissage et le finissage de l'exposition ont été accompagnés de musique avec des récitals de Djamel Bellebcir, et de l'association El Motribia de Biskra, qui perpétue l'art arabo-andalou dans la région. Les organisateurs se disent satisfaits de cette initiative qui a manifestement rencontré son public. Cettesexpérience rejoint d'autres initiatives dans la recherche de nouvelles manières et de nouveaux lieux pour l'expression artistique, à l'image de l'expo «Picturie générale», dont la troisième édition s'est déroulée en mai dernier, dans un marché désaffecté de la capitale. Pourquoi l'art et la culture devraient-ils rester enfermés dans les musées et autres institutions ? Une nouvelle génération d'artistes et d'acteurs culturels remettent en question le cloisonnement des espaces culturels et prennent possession de lieux qu'ils revisitent à leur manière. Walid Bouchakour