La lutte contre le phénomène de l'émigration clandestine comporte un aspect dont on parle peu. Il ne s'agit pas d'arrêter des candidats « harraga » et de les empêcher de naviguer vers des côtes d'autres pays, il s'agit aussi et surtout et avant tout de sauver des vies humaines. Il s'agit également de déjouer des tentatives de terroristes et narcotrafiquants de s'infiltrer parmi les harraga. Plus de 430 candidats à l'émigration clandestine ont été secourus et sauvés en pleine mer par les gardes-côtes des Forces navales de l'Armée nationale populaire (ANP). Ces « aventuriers » ont été interceptés à bord d'embarcations de construction artisanale, selon un bilan de la direction de la communication et de l'orientation (DCO) du ministère de la Défense nationale. Depuis plusieurs semaines, les unités des gardes-côtes ont redoublé d'efforts dans la lutte contre l'émigration clandestine. Le dispositif sécuritaire au niveau des frontières maritimes a été renforcé, à la suite de plusieurs tentatives déjouées au niveau des villes côtières, notamment à l'est du pays. Ce plan consiste notamment en l'anticipation et la prévention. Pour ce faire, les groupements des gardes-côtes ont intensifié le contrôle en mer à travers la mobilisation des patrouilles qui sillonnaient les points de départ des harraga, notamment durant la nuit. Ces derniers ont décidé d'appareiller tard dans la nuit, pour contourner la vigilance des militaires. Ainsi, durant la première semaine du mois d'octobre en cours, au moins de 438 candidats à l'émigration clandestine (harraga) ont été interceptés en mer durant la période allant au 1er au 8 octobre. Parmi eux, des femmes et des mineurs qui tentaient de rejoindre les côtes espagnoles et italiennes. Selon le bilan de la DCO, des unités des gardes-côtes du groupement d'Annaba ont déjoué, dans des opérations distinctes, des tentatives d'émigration clandestine de 183 personnes à bord d'embarcations de construction artisanale à Annaba et El Tarf, à l'est du pays, alors que 108 autres ont été appréhendés à l'Ouest, à Oran et Aïn Témouchent. Ce phénomène s'accentue, selon le rapport, dans la région de l'Est notamment à Annaba, proche des côtes de l'île de la Sardaigne (Italie). En une seule journée, les gardes-côtes ont déjoué plusieurs tentatives d'émigration clandestine de 145 personnes à bord d'embarcations clandestines au niveau des wilayas d'Oran, Mostaganem, Annaba et El-Tarf. Plusieurs tentatives ont été enregistrées durant les week-ends et les journées de fêtes religieuses et nationales. Les gardes-côtes ont doublé de vigilance durant cette période. Outre la lutte contre l'émigration clandestine, les éléments de l'ANP visent l'intervention urgente en mer pour le secours et le sauvetage des harraga qui prennent généralement le risque de naviguer à bord d'embarcations qui ne disposent pas de règles de sécurité, en mettant leur vie en péril. Le phénomène sévit malgré le durcissement, en 2009, de la loi criminalisant l'acte de quitter clandestinement le pays. Par ailleurs, la surveillance s'inscrit également dans la lutte contre le terrorisme et le narcotrafic. Les terroristes peuvent aisément s'infiltrer parmi les harraga, notamment après le renforcement du contrôle au niveau des frontières terrestres et des postes-frontaliers. De même pour les criminels recherchés par la justice et les services de sécurité. Un baron de la drogue, objet d'un mandat d'arrêt, a été intercepté parmi des candidats à l'émigration clandestine. Par ailleurs, les services de police et de la Gendarmerie nationale travaillent sur l'identification des réseaux et des filières qui organisent des « voyages de la mort ».