L'énigme s'éclaircit davantage avec le déplacement cairote d'un proche du leader libyen Mouammar Kadhafi, le général-major Abdelrahmane al-Zawi, chef du département de l'approvisionnement et du transport. Selon la télévision suisse romande, TSR, citant l'ambassade de Libye en Egypte, l'émissaire de Kadhafi est porteur d'un message au responsable du Conseil suprême des forces armées, le maréchal Hussein Tantaoui. La visite impromptue, à bord d'un avion appartenant au leader libyen et effectué après le survol de l'espace aérien grec, est intervenue après la déclaration du Premier ministre, Georges Papandréou, lui conseillant de contribuer à une issue pacifique de la crise. Cela suffit pour relancer de plus belle la polémique de la veille sur les négociations portant sur les garanties de départ de Kadhafi, avancées par l'opposition fixant un ultimatum de 72 heures en contrepartie de l'abandon de toutes poursuites judiciaires. Tripoli a démenti catégoriquement l'existence de tout contact avec le Conseil national de transition (CNT) de Mustapha abdejalil. Mais, l'option est sérieusement prise en considération. Elle est même jugée «crédible» par le directeur du Centre d'études et de recherche sur le monde arabe et méditerranéen (Cermanen), Hasni Abidi, qui l'étaye par la volonté du dirigeant libyen de renforcer sa capacité de nuisance pour peser sur le cours des négociations. Une pression intense est exercée sur la rébellion, accusée de tous les maux et présentée comme facteur d'instabilité, voire de chaos régional. Des bombardements aériens et terrestres ciblent continuellement le symbole de la résistance à l'Ouest, Zawiyah, et le bastion avancé à l'Est, Ras Lanouf. Acculé dans ses derniers retranchements, le régime joue sa survie. L'arme fatale de la zone d'exclusion aérienne, brandie par la communauté internationale en ultime recours met plus de pression sur Tripoli, lâchée par la Ligue arabe et suspendue aux délibérations de l'Otan et de l'UE exigeant l'existence d'une base légale. Au demeurant, la visite du haut responsable libyen n'est pas sans relation avec la teneur de la prochaine réunion de la Ligue arabe, ajournée à samedi. Si le Golfe est unanime à soutenir l'idée de l'instauration d'une zone d'exclusion aérienne, il semble que certains pays sont hostiles à une telle décision considérée comme une ingérence dans les affaires intérieures de la Libye et une source d'aggravation des tensions régionales. Sur le gril, Kadhafi lâchera-t-il du lest ? A tout le moins, le responsable libyen de la logistique et de l'approvisionnement, sollicitant l'aide égyptienne en «armes et en vivres», se dit soucieux de «l'avenir de près d'un million de travailleurs égyptiens en Libye» conditionné par la position du Caire en faveur du régime finissant qui n'a plus pour seul argument que le recours au chantage le plus ignoble et la pratique de la terre brûlée à large échelle.