Deux pilotes de l'armée libyenne ont appelé l'armée algérienne à intervenir pour «sauver le peuple libyen du génocide actuellement en cours, mené par le régime de Mouammar Kadhafi». Si Meftah El Wafrali, ex-pilote de l'armée libyenne, a fait un appel aux armées algérienne, soudanaise et égyptienne «pour intervenir et sauver le peuple libyen du massacre», insistant sur le rôle important que pourrait jouer l'ANP dans cette mission, Kacem Nadjaa, de grade officier supérieur, pilote libyen ayant démissionné il y a quelques jours pour «dénoncer le génocide commis par le régime de Mouammar Kadhafi», lui, insiste exclusivement sur une intervention de la part de l'armée algérienne. «L'armée algérienne doit intervenir pour sauver le peuple libyen menacé d'extermination par le régime de Mouammar Kadhafi, je sais que les généraux algériens sont prêts, pour le principe, à assurer cette mission», a-t-il déclaré avant-hier dans la soirée sur la chaîne de télévision satellitaire Al Jazeera. «Nous demandons à l'armée algérienne d'intervenir», insiste-t-il d'une voix émue. «Nous demandons, depuis une semaine, aux Occidentaux d'intervenir pour sauver le peuple libyen, mais en vain», dénonce Kacem Nadjaa. «Il faut que l'armée algérienne intervienne», insiste-t-il encore. Des témoins déclarent que Mouammar Kadhafi a ordonné le bombardement de populations, avec l'utilisation d'avions militaires libyens, faisant, selon les mêmes sources, «des centaines de morts parmi les civils». Le peuple libyen s'interroge sur «le mutisme inexpliqué» des Etats-Unis d'Amérique et de l'Union européenne observé face au «massacre qui est mené à ciel ouvert» par le régime de Mouammar Kadhafi contre la population. «Où sont les principes de démocratie et de droits de l'homme que ces puissances se targuent de défendre ?», questionnent-ils. Des organisations non gouvernementales (ONG) parlent de centaines de morts et de milliers de blessés parmi les civils, dont des enfants, des personnes âgées et des femmes, dont une partie a été tuée au cours de bombardements menés par des avions militaires libyens. Des Mirage français pour bombarder la population Deux pilotes de l'armée libyenne ont, par ailleurs, préféré se réfugier dans l'île de Malte, pour ne pas obéir aux ordres de leurs supérieurs et bombarder les civils libyens, ont rapporté des sources. Les deux pilotes qui, selon eux, ont reçu l'ordre de bombarder la population, ont refusé de commettre le génocide, d'où, ajoutent-ils, leur décision de fuir avec leurs appareils vers l'île de Malte où ils ont demandé le refuge. Les deux pilotes ont été précédés, selon des sources, par des hélicoptères qui s'étaient posés sur l'île de Malte avec 7 personnes à bord. Selon le pilote Meftah El Wefrali, intervenant sur la chaîne de télévision satellitaire Al Jazeera, l'armée libyenne a utilisé, entre autres avions de guerre, des avions Mirage, de fabrication française, dans des bombardements contre des civils libyens. Des commandos ont rejoint les manifestants Cependant, de nombreux militaires libyens, dont des régiments complets des forces spéciales, ont rejoint les manifestants et défendu Benghazi contre les forces restées fidèles à Mouammar Kadhafi. L'apport de ces militaires a été déterminant dans le bras de fer engagé entre les manifestants revendiquant la chute du régime de Mouammar Kadhafi et les forces défendant ce dernier, dans certaines villes libyennes. Un haut responsable de la sécurité libyenne a reconnu que «la plupart des éléments ont rejoint les manifestants», selon des sources. Un communiqué de militaires libyens a appelé à «une marche» vers Tripoli pour obliger Mouammar Kadhafi à céder le poste de président. Le mouvement prend de l'ampleur chaque jour, au rythme des crimes contre l'humanité commis contre le peuple libyen, sans défense. La fetwa de cheikh El Karadaoui Le savant en Islam, cheikh El Karadaoui, a refusé avant-hier de s'adresser à Mouammar Kadhafi. «Je ne m'adresse pas à un écervelé qui refuse de voir la réalité en face, qui massacre les civils sans défense, et qui recourt à des mercenaires étrangers pour exterminer son peuple», a-t-il expliqué. Le savant a exprimé sa colère contre le «génocide» mené contre le peuple libyen. Le cheikh a même lancé une fetwa déclarant «licite» l'élimination de Mouammar Kadhafi. «Je lance cette fetwa pour l'élimination physique de Mouammar Kadhafi, si un militaire pourrait l'éliminer physiquement qu'il le fasse, il nous débarrassera de ce grand mal qui détruit la Libye et son peuple», a lancé cheikh El Karadaoui sur Al Jazeera. «Il n'a aucun honneur celui qui recourt à des mercenaires étrangers pour exterminer son peuple», a-t-il ajouté. Le drapeau de l'ex-monarchie libyenne réapparaît Parmi les images diffusées par des chaînes de télévision satellitaires, celles de Libyens portant le drapeau de l'ex-monarchie libyenne, existant avant l'accès de Mouammar Kadhafi au poste de président, il y a 41 ans ou 42 ans. Le premier drapeau de la Libye a été adopté, est-il rappelé, lors de l'indépendance face à l'Italie le 21 décembre 1951 dans tout le pays. Le drapeau était, ajoute-t-on, déjà utilisé en Tripolitaine depuis le 8 mars et en Cyrénaïque depuis décembre 1950. A cette époque, la Libye est une monarchie dirigée par Idris Ier. Il dérive du drapeau de la Cyrénaïque, dont le roi Idris était émir. Noir avec croissant et étoile, il était inspiré de celui de l'empire ottoman (auquel appartenait le territoire libyen jusqu'au 18 octobre 1912, où il fut cédé à l'Italie). Les bandes rouge et verte furent ajoutées pour représenter le Fezzan et la Tripolitaine. Ce drapeau est aujourd'hui symbole des monarchistes opposants à Kadhafi. Ce qui explique, probablement, la réapparition du drapeau de l'ex-monarchie. Le 1er septembre 1969, Mouammar Kadhafi prend le pouvoir et la Libye est devenue la République arabe libyenne, adopte un drapeau aux couleurs panarabes.