Le président yéménite, Abd Rabbo Mansour Hadi, a rejeté un plan de paix proposé par l'ONU pour mettre fin à la guerre qui ravage le pays depuis le début de la rébellion houthie en 2014 et qui s'accentue avec l'offensive de la coalition arabe entamée en mars 2015. Le Président a reçu le médiateur de l'ONU, Ismaïl Ould Cheïkh Ahmed, samedi dernier, à Riyad, mais « a refusé de recevoir la proposition de l'ONU », a indiqué une source à la présidence. Les détails de ce plan de paix n'ont pas été rendus publics. Des sources proches du dossier ont fait savoir toutefois qu'il prévoyait de nommer un nouveau vice-président après un retrait des rebelles de la capitale Sanaa et d'autres villes et la remise des armes lourdes à une tierce partie. Le président Hadi transmettrait alors le pouvoir au vice-président qui nommerait un nouveau Premier ministre, chargé de former un gouvernement représentant équitablement le nord et le sud du Yémen. Les rebelles houthis, originaires du nord, se plaignaient d'être marginalisés par les autorités centrales. Un communiqué publié par l'agence gouvernementale sabanew.net confirme que le président yéménite a affirmé que la proposition « ne fait qu'ouvrir la porte à davantage de souffrance et de guerre et n'est pas un plan de paix ». Sur le terrain, trente-huit rebelles et prisonniers ont trouvé la mort dans un double raid mené samedi soir par la coalition militaire arabe contre des bâtiments des services de sécurité comportant un centre de détention dans l'ouest du pays. Par ailleurs, des gardes ont déjoué une attaque-suicide à la voiture piégée contre la Banque centrale du Yémen, selon un responsable de la sécurité. La Banque centrale est basée depuis septembre à Aden (sud), deuxième ville du pays, le président Hadi ayant ordonné son transfert en accusant les rebelles houthis de puiser dans ses réserves en devises. Ce transfert de Sanaa à Aden, « capitale provisoire » du gouvernement du président Hadi qui vit en exil en Arabie saoudite, a porté un coup aux rebelles, les contraignant à cesser de payer les salaires des fonctionnaires dans les vastes zones qu'ils contrôlent. La crise humanitaire s'aggrave également. Selon l'Unicef, près de trois millions de personnes ont besoin d'une aide alimentaire immédiate, 1,5 million d'enfants souffrent de malnutrition, dont 370.000 de malnutrition dite « aiguë sévère ». A ce stade, le système immunitaire de ces mineurs est si faible que le risque de les voir mourir de maladie est multiplié par 10.