Les Marocains ont battu le pavé des rues des principales villes du Royaume, pour la quatrième journée consécutive, hier, pour dire non à la hogra et au règne de l'arbitraire, après la mort de Mouhcine Fikri. Un jeune marchand de poisson a été écrasé, vendredi soir, par la benne à ordures alors qu'il tentait de s'opposer à la saisie et à la destruction de sa marchandise. Sur les lieux du drame, à Al Hoceima (Nord), des milliers de personnes dont des centaines de lycéens et collégiens ont scandé des slogans exigeant la vérité sur ce qui s'est passé. D'autres manifestations ont eu lieu dans la capitale du royaume, Rabat, mais aussi à Oujda et Settat. À Casablanca, Marrakech et Rabat, des protestataires se sont rassemblés au cri de « Nous sommes tous Mouhcine ». Les rassemblements étaient de moins grande ampleur que ceux qui s'étaient tenus la veille, le jour de son enterrement. Le moment est à l'organisation. Des militants associatifs ont formé un « comité » local pour discuter avec les autorités sur plusieurs revendications concernant notamment la gestion du port et de la pêche, les interventions de la police ou encore la marginalisation de la ville. -Sur le plan officiel, une enquête a été ouverte sur les circonstances du crime. On agit également contre les « fauteurs de troubles ». Le procureur général du roi Mohammed VI à Al-Hoceima (nord) a annoncé, hier, dans un communiqué avoir « décidé de déférer devant le juge d'instruction 11 personnes (...) pour faux en écriture publique et homicide involontaire suite au décès de Mouhcine Fikri ». L'ONU suit la situation de près. « Nous surveillons évidemment la situation », a déclaré, lundi, le porte-parole de Ban Ki-moon, Stéphane Dujarric, au cours de son point de presse quotidien. Il s'est abstenu, cependant, d'établir des similitudes entre ce drame et le décès fin 2010 de Mohamed Bouazizi. Ce dernier, vendeur de fruit, qui s'était immolé par le feu en Tunisie, avait été à l'origine des manifestations ayant fait tomber le régime de Zine el-Abidine Ben Ali. Le sujet est délicat. Al-Hoceima a été l'un des principaux foyers de la contestation lors du mouvement du 20-Février, la version marocaine de ce qui a été appelé Printemps arabe en 2011.À une semaine de l'ouverture à Marrakech de la Conférence internationale sur le climat, la COP22, il y a, entre autres, urgence à éteindre le feu qui couve. M. Dujarric a rappelé, à ce titre, que la visite du chef de l'ONU au Maroc sera axée sur les activités de la Conférence.