La démocratie serait-elle réellement l'objet cardinal de la quête des marcheurs du samedi ? Si c'était le cas je les rassure : ils devront revenir d'ici 30 ou 40 ans pour constater que leur quête est en train de prendre forme. S'ils s'entêtent, ils ne pourront s'en vouloir qu'à eux-mêmes. Et dans ce cas, c'est le citoyen qui se chargera de les ramener à résipiscence. A dire vrai, il serait prétentieux de s'engager à faire croire à nos concitoyens que, ça y est, nous y sommes. Que la démocratie en Algérie n'est pas un objectif à atteindre mais une situation acquise dont nous jouissons pleinement aujourd'hui. Ce serait faire preuve de cécité mais aussi d'une indicible lâcheté envers la morale et l'éthique que de reproduire une telle énormité. Pis, ce serait un mensonge dont nous nous repentirions forcément un jour. Alors pourquoi tant de chahut et tant d'approximations dans le discours pour revendiquer une chose que la population n'arrive pas à saisir ? La démocratie serait-elle réellement l'objet cardinal de la quête des marcheurs du samedi ? Si c'était le cas je les rassure : ils devront revenir d'ici 30 ou 40 ans pour constater que leur quête est en train de prendre forme. S'ils s'entêtent, ils ne pourront s'en vouloir qu'à eux-mêmes. Et dans ce cas, c'est le citoyen qui se chargera de les ramener à résipiscence. Pauvres marcheurs ! Marcher, crier, hurler, vociférer, vitupérer dans les marches de commandite, les organisateurs ont toujours fait appel à ce conglomérat de population oisive non pas parce qu'elle serait au chômage mais parce que c'est sa nature, pour essayer « d'effrayer » les tenants du pouvoir par le nombre, généralement un nombre recruté sur place pour les besoins de la « cause ». La caractéristique principale de cette «population tournante » est qu'elle est disponible. Il suffit de la rétribuer pour se rendre compte qu'elle réagit au quart de tour. Par extension, à son tour elle recrute pour gonfler ses effectifs. La vue du RCD se serait-elle brouillée au point que ses dirigeants ne parviennent plus à distinguer le bon grain de l'ivraie ? Seraient-ils devenus amnésiques au point d'oublier que cette même population s'est déjà distinguée ailleurs dans des forfaitures plus préjudiciables. SACCAGER PAR PLAISIR SCHIZOPHRENIQUE Qui ne se souvient de l'inauguration du stade olympique et de la neurasthénie qui s'empara des jeunes face à la beauté architecturale du site. Des observateurs en ont raconté de belles à propos de leur comportement notamment lorsque, armés de barres de fer, d'autres de couteaux d'assaut, certains jeunes se mirent de concert à saccager les équipements du stade, les toilettes, la piscine ou carrément en s'attaquant aux murs de l'édifice simplement par envie de détruire. Ceux-là aussi faisaient partie des 70% de jeunes qui composent la population algérienne, les mêmes qui lorsqu'ils sont en face du patrimoine de l'état réagissent en saccageant par plaisir schizophrénique de détruire. Evidemment le saccage n'est pas le lot exclusif de la jeunesse. Même des moins jeunes s'y essaient à l'occasion pour se défouler. Alors au vu de cette effroyable réalité et ses comportements stupéfiants j'ai pris la liberté d'illustrer mes propos par des exemples pris au hasard de mes voyages à travers le monde. Pour l'exemple, je citerai le cas de la Suisse. Pour ceux d'entre-nous qui n'y ont jamais mis les pieds, je leur dirai que là-bas, il est inutile d'emprunter aux animaux leur instinct pour traverser la rue, la discipline démocratique des helvétiques suffit amplement à réguler les flux dans les passages protégés. Quand, à Genève ou dans une quelconque autre ville suisse, le feu du passage protégé est au « rouge », à personne ne viendrait l'idée saugrenue de le traverser, quand bien même aucune voiture ne soit en vue. D'où vient aux Suisses cette discipline qui m'a semblé ancienne tant le citoyen réagit à tout avec calme et sérénité ? Certainement de l'histoire même des Suisses dont le nombre d'années d'indépendance se comptent aujourd'hui par centaines. Effectivement, la discipline des Suisses et leur urbanité ne se comprennent que si l'on sait qu'ils sont indépendants depuis plus de 750 ans. Assurément, un temps long mais efficace pour apprendre à se comporter en démocrate réfléchi. Hormis la France où le communautarisme est en train de prendre des proportions inquiétantes selon le perçu des Français eux-mêmes sur la question, ailleurs en Europe l'exemple suisse a été depuis longtemps plébiscité et adopté. «SUIVISME DEMOCRATIQUE» Des exemples de comportement démocratique, il en existe certes en grand nombre partout dans le monde, y compris dans de nombreuses nations d'Asie auxquels les Européens, imbus de leur supériorité« industrielle », n'accordent bizarrement pas beaucoup de considération. Cependant, même dans ces contrées, la démocratie n'est pas absente. Ce qui n'est pas partout le cas en Algérie, malheureusement mais où l'on commence à prendre conscience que le temps seul ne suffit pas à fabriquer des démocrates. Dans cette problématique, nous y sommes en plein aujourd'hui. Les marches du samedi en sont l'implacable illustration. Et c'est curieux car comment peut-on exiger que la démocratie s'instaure quand on n'y est même pas préparé soi-même ? A moins de faire du « suivisme démocratique », du mimétisme en un mot en se raccrochant à un sujet-la démocratie- que notre population, à part ses élites, ne connait pas. Ici, on ne vise pas la démocratie mais le pouvoir ! Encore que la démocratie au 21ème siècle n'est pas une exception, bientôt elle deviendrait l'affaire de tous vu les pressions qu'exercent sur nos pays l'Occident. Cette question nous conduit impérativement à se demander pourquoi l'Algérie a pris autant de retard dans cette discipline. Mais sommes-nous réellement en retard ? Par rapport aux pays avancés, nous le sommes sûrement mais pas par rapport à un grand nombre d'autres. Voici pourquoi. Pour prétendre aller vers la démocratie et réussir à s'y adapter encore faut-il en posséder la culture. La possédons-nous ? Non ! Pourquoi non ? Parce que les Algériens qui n'ont cessé d'en caresser l'objectif dès l'indépendance, se sont aperçus dès leurs premiers pas dans la liberté, qu'ils ne pouvaient résoudre tous les problèmes qui se posaient au pays en même temps. Il y avait des priorités. L'une d'elle étant la refondation de l'Etat. Ensuite l'élimination du régionalisme qui avait vu éclore dans certains endroits des jacqueries pour ne pas dire des foyers de guerre civile, mais aussi des tentatives d'invasion ourdies de l'étranger. Mais pas seulement ! Il faut reconnaître que les gouvernements qui se sont succédé à la tête de l'Etat depuis 1962, n'avaient pas que ces seules tâches à résoudre. Il fallait nourrir la population et résorber le chômage-d'où la création des fameuses sociétés nationales- chômage qui s'élevait à plus de 70% à un moment donné, comme il fallait aussi affranchir nos hydrocarbures de la tutelle étrangère. Il est nécessaire aussi de se rappeler que dès l'indépendance aussi les Algériens, en l'occurrence la classe politique issue du combat libérateur, avaient rejeté le multipartisme croyant pouvoir mieux se défendre contre les aléas. Les réminiscences du Front de libération pendant la guerre, en constituaient la preuve irréfragable. Aussi ont-ils conservé le parti unique pour diriger le pays, un choix qui n'était pas spécifiquement le leur mais celui de Gamal Abd-El-Nasser qui, après le coup d'Etat de juillet 1952, avait décidé d'instaurer le premier parti unique comme nom de gouvernement dans le monde arabe, croyant ainsi pouvoir gérer plus effacement son pays. Jusqu'en 1988, l'Algérie non plus n'a connu qu'un parti unique. Ce n'est qu'à la seconde génération de l'indépendance, qu'un vent de changement a commencé à souffler. Aujourd'hui ce qui manque aux Algériens pour accéder naturellement à la démocratie ce ne sont pas les slogans mais la culture démocratique. Et ce n'est pas en allant perturber le repos hebdomadaire des travailleurs dans les quartiers d'Alger, que cette culture naîtra et se répartira sur l'ensemble du territoire et comme, par une baguette magique, engendrer une démocratie profonde, féconde et irréversible. Eh bien non ! La démocratie, telle qu'on l'entend dans les pays qui la pratiquent avec bonheur, se construit comme n'importe quel édifice et ses architectes doivent en posséder la culture sinon marches ou pas, à poursuivre un tel objectif sans préparation il deviendrait chimère…Tiens ! Pourquoi ne pas introduire dans les programmes d'enseignement l'étude de la démocratie, durant tout le cursus ?