Mieux, il a stoïquement mis les pieds dans la gadoue, avec des bottes gracieusement mis à sa disposition par le wali de Bejaïa qui l'accompagnait, avant de s'adonner à un exercice d'escalade périlleux pour l'amour-propre du ministre qu'il est, sorti sauf bien heureusement. Situé sur un pic rocheux, la grotte de Gualdaman méritait toutefois le déplacement. Cette caverne, découverte au début des années 1920 puis complètement oubliée, a été localisée en 2010 grâce à l'opiniâtreté de quelques chercheurs algériens qui ont vite compris son importance archéologique après avoir mené des fouilles. Le Centre national de recherche préhistorique, anthropologique et historique (CNRPAH) s'implique et des équipes de recherches se relaient sur le site qui, au bout de ces dernières années, a déjà livré d'importantes données archéologiques sur l'histoire antique de la région et qui s'est d'ailleurs révélé bien plus important avec la découverte d'un réseau d'une dizaine de grottes habitées, comme l'a exposé au ministre le chercheur Farid Khebouche, qui date son occupation humaine à 7.000 avant J.-C. pour les strates étudiées. Détaillant son exposé, le chercheur a indiqué qu'outre les restes humains, ont été trouvés des restes de gibier, des tessons de poterie, parures en ivoire ou coquillages marins, des outils et des végétaux. Les travaux ont montré que les hommes préhistoriques qui occupaient ces grottes étaient des éleveurs de caprins et d'ovins, chasseurs à l'occasion, et qu'ils connaissaient déjà la céréaliculture, démentant l'hypothèse selon laquelle cette culture a été importée du temps de la Numidie. Les poteries, où l'on a retrouvé des traces de lait, de viande et de miel, ont montré également que cette industrie était influencée par des techniques ayant cours au Sahara. Un des tessons portait même des ornements peints. Grâce aux stalagmites, les chercheurs ont, par ailleurs, réussi à reconstituer le climat des différentes époques qui se sont succédé. Cette grotte, dont il dit qu'elle est la plus importante d'Afrique du Nord, peut encore réserver bien des surprises en fouillant plus profondément le sol, selon le chercheur qui n'a pas manqué de faire part de quelques doléances au ministre de la Culture. Azzedine Mihoubi s'est d'ailleurs montré sensible à leurs préoccupations en soulignant l'importance du travail scientifique accompli sur ce site préhistorique exceptionnel dont il dira qu'il faudra désormais s'appliquer à promouvoir sur le plan culturel et touristique, tandis qu'il rassurera ses interlocuteurs quant à une sécurisation rapide du site, contre d'éventuels déprédations, et d'aides pour faciliter le travail des chercheurs par l'aménagement du sentier qui mène à la grotte, l'installation d'un éclairage adéquat et, peut-être, la construction d'un centre d'interprétation, un petit musée en quelque sorte, pour exposer aux visiteurs les objets trouvés et, bien entendu, les préserver au mieux. Le ministre de la Culture a enfin visité la cinémathèque de la ville de Bejaïa et inauguré la salle de cinéma de Kherrata, rénovée et dotée d'équipements de projection de dernier cri. Cette salle de quelque 500 places pourra recevoir différents évènements culturels d'envergure qu'abritera à l'avenir Kherrata.