La côte de contamination radioactive soulève de très grandes inquiétudes parmi la nation nippone. L'empereur du Japon vient d'adresser un important discours sur le danger qu'encourt le Japon, un remake des terribles contaminations radioactives d'Hiroshima et Nagasaki. Le pire des scénarios envisagés serait celui d'un impact supérieur à Tchernobyl. Située dans un stade critique de pollution atomique, la gestion de cette crise nucléaire par les Japonais reste néanmoins peu convaincante vu le volume de radiations fusant des silos. Le souverain du Japon s'est solennellement adressé à son peuple, confronté à une aggravation de la crise nucléaire et à l'immense tâche de porter secours aux 500.000 sinistrés du séisme et du tsunami. C'est la première fois qu'Akihito, sur le trône depuis 1989, intervient ainsi dans une situation de crise. Il s'est déclaré «profondément préoccupé par la situation dans la centrale de Fukushima», où s'est poursuivi l'enchaînement alarmant des accidents pour le cinquième jour depuis le séisme le plus fort de l'histoire de l'archipel. Après deux nouveaux incendies dans les réacteurs 3 et 4, la radioactivité mesurée à l'entrée du site a augmenté fortement, hier, a annoncé le porte-parole du gouvernement, Yukio Edano. Le calme régnait mercredi à Tokyo, où l'activité s'est fortement réduite. Les vents étaient favorables en poussant vers l'océan Pacifique les rejets radioactifs de la centrale, et cette situation devrait se prolonger au moins aujourd'hui jeudi, selon la météo. Les vents sont également scrutés avec une extrême attention par les voisins du Japon, en Chine, en Russie et jusqu'en Californie, au-delà du Pacifique. La peur est palpable jusqu'en Europe occidentale, pourtant située à près de 1000 km. Des pharmaciens en Allemagne et en France ont fait état d'une hausse des achats de pastilles d'iode. Dans ces pays, certains responsables politiques font preuve d'un pessimisme extrême, bien supérieur à celui des autorités japonaises. Le commissaire européen à l'Energie, Günther Oettinger, a ainsi parlé d'«apocalypse» en estimant que «pratiquement tout» était «hors de contrôle» à Fukushima. Le président américain Barack Obama s'est déclaré «profondément inquiet» pour les Japonais. «Il existe un risque que les radiations puissent affecter le voisinage immédiat des centrales nucléaires et planent au-dessus d'autres régions que le Japon», a-t-il déclaré. Tour à tour, l'Espagne et la France ont donné le ton à une inspection générale de leurs centrales nucléaires. Une mesure qui s'installe dans le temps avec une nouvelle redéfinition sécuritaire sur le nucléaire. La Chine a ordonné une inspection générale de ses centrales nucléaires, parmi d'autres mesures d'urgence censées répondre à l'inquiétude croissante de la population face aux rejets radioactifs de la centrale japonaise de Fukushima. Mais, pour la population chinoise habituée au manque de transparence en cas de catastrophe environnementale, les craintes d'être touchée par un nuage contaminant sont fortes, véhiculées par le Net et les SMS.