La côte d'alerte nucléaire au Japon vient d'atteindre un degré de gravité qui dépasse le seuil minimum de tolérance sur l'échelle internationale des évènements radioactifs qui en compte 7. La toute dernière explosion du réacteur numéro 2 de Fukushima est venue confirmer les grandes craintes d'éventuelles fuites menant à un désastre humanitaire et écologique sans pareil. Deux explosions successives ont entraîné, hier soir, une dégradation de l'enceinte de confinement à l'origine de l'augmentation significative des rejets radioactifs détectés. Le jour de la première explosion à Fukushima-1, les autorités japonaises avaient annoncé que l'accident avait atteint le niveau 4 de l'échelle des événements nucléaires et radiologiques (Ines). Sur cette échelle, la catastrophe nucléaire de Tchernobyl, survenue en avril 1986 en Ukraine, avait été évaluée au niveau 7. La France qui possède le deuxième parc de centrales nucléaires au monde, dépend de cette filière pour 75% de son électricité et elle dispose d'une filière industrielle et scientifique très performante dans ce domaine. Cette crise nucléaire suscite des inquiétudes quant à l'impact qu'elle pourrait avoir sur le devenir de la gestion atomique dans le monde. Des dizaines de milliers de personnes ont été évacuées dans un rayon de 20 à 30 km autour de la centrale de Fukushima et les habitants situés dans la zone ont reçu pour consigne de se calfeutrer chez eux. Sur le plan sécuritaire, les experts japonais en radiologie ont relevé autour des réacteurs des niveaux entre 30 et 400 millisieverts. A partir d'une dose de 100 millisieverts reçue par le corps humain, les observations médicales font état d'une augmentation du nombre de cancers. Selon l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire français (IRSN), il s'agit de «débits de doses très élevés» qui risquent de rendre très difficiles les conditions d'intervention des équipes de secours sur place. Cet enchaînement d'avaries nourrit les vives craintes d'une contamination radioactive dans l'archipel ainsi que dans les pays voisins comme la Russie ou la Chine. Mais, les autorités japonaises ont affirmé hier dans le dernier communiqué sécuritaire que la radioactivité n'atteignait un niveau dangereux pour la santé que sur le site même de la centrale, autour des quatre réacteurs endommagés. La tension est cependant montée dans la capitale lorsque le taux de radioactivité a légèrement dépassé la normale à la mi-journée, avant de redescendre dans l'après-midi. Poussés par le vent, ces rejets radioactifs sont consécutifs à l'explosion d'hydrogène qui s'est produite à l'aube dans le bâtiment qui abrite le réacteur. Le Japon a demandé l'aide des Etats-Unis et de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), qui pourrait convoquer une réunion extraordinaire la semaine prochaine à la demande de la Commission européenne. De nombreux pays étrangers ont déconseillé les voyages au Japon et recommandé à leurs ressortissants expatriés à Tokyo de partir vers le sud de l'archipel ou à l'étranger. Outre le nucléaire, l'autre priorité des autorités japonaises est de porter secours aux plus de 500.000 sinistrés accueillis dans des écoles ou des salles municipales. En dépit des assurances officielles sur le niveau de radiation qui reste pour le moment dans les normes, l'armée russe a prévu de mobiliser dans la région les navires de la flotte du Pacifique et des avions militaires pour évacuer la population des îles Kouriles et de Sakhaline, qui disposent de moyens de transport limités. «Les militaires sont prêts à assurer si besoin est l'évacuation des militaires, de leurs familles et des civils des Kouriles et de Sakhaline», a indiqué le service de presse de la région militaire de l'Extrême-Orient. Par ailleurs, la vente de produits contenant de l'iode qui contribuent à éliminer les radiations, a explosé ces derniers jours en Extrême-Orient, dont la ville principale, Vladivostok, se trouve à 1.000 km de la centrale japonaise accidentée, rapporte l'agence Ria Novosti, citant une société régionale qui gère des pharmacies.