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Le rail au secours de la route
Ligne ferroviaire Alger-Zéralda
Publié dans Horizons le 14 - 12 - 2016

Les habitants de la côte ouest de la capitale découvrent enfin le train, qui a sifflé en ce début de cette semaine. Ils étaient plus de 1.500 voyageurs à avoir emprunté le train reliant Alger à Zéralda, le premier jour de la mise en service de cette nouvelle ligne ferroviaire. Une découverte pour certains, mais « fin de cauchemar » pour plusieurs, notamment les fonctionnaires et les étudiants. Ici reportage.
Mardi 14 décembre. 10h. Gare d'Agha
A l'entrée, deux agents ne cessent d'orienter les voyageurs vers Zéralda. « Veuillez emprunter la voie 4 », précisent-ils. Des jeunes et des moins jeunes, des couples et d'autres en famille attendent le nouveau train. Ils étaient nombreux en cette matinée. 10h11, le train est à quai. A bord, des centaines de voyageurs venus notamment de Zéralda, nous a expliqué le chef de gare. 10h 15, le train reprend le chemin du retour vers Zéralda. Un jeune barbu vient en courant, mais en vain. Le dernier wagon a déjà quitté la voie. « J'étais au terminus à la place des Martyrs avant qu'un agent m'informe que le départ se fait à partir de la gare d'Agha », avant de lancer essoufflé : « Il est parti à l'heure, c'est bien ! » Le départ suivant est prévu à 11h55. Une famille accompagnée d'un bébé s'est interrogée sur ce décalage d'horaire. « On doit attendre tout ce temps pour le prochain train vers Zéralda ? C'est trop », s'est plaint le chef de famille. Un vieux présent sur les lieux lui a expliqué que la ligne est fraîchement opérationnelle, mais l'homme un peu énervé a répliqué : « Il y a une forte demande. Il faut renforcer les navettes. »
Le décalage d'une heure, point noir
Il était midi, mais le train vert, rouge et blanc repéré comme « le train de Zéralda » n'est pas apparu à la gare d'Agha, ce qui a agacé les voyageurs. « Voilà, bonjour les retards. Nous ne sommes qu'au début et ils reviennent à leurs mauvaises habitudes », martelaient-ils. 12h15, le train rentre en quai, plein de voyageurs. Les agents ont expliqué aux voyageurs impatients que des incidents de Sidi Abdellah sont à l'origine de ce retard. « Des jeunes ont coupé la voie ferroviaire pour réclamer leur recrutement comme agents de sécurité dans les nouvelles gares », ont-ils dit. Les esprits apaisés, les voyageurs prennent place dans les wagons. La durée du voyage est de 45 minutes, passant par plusieurs arrêts : les Ateliers, Hussein Dey, Caroubier, El Harrach, Gué de Constantine, Aïn Nâadja, Baba Ali, Birtouta et les nouvelles dessertes de Tessala El Merdja, Sidi Abdellah, Sidi Abdellah-Université et enfin Zéralda. Une ambiance particulière régnait dans les wagons. Des jeunes n'ont cessé de prendre des selfies à l'intérieur, d'autres discutaient sur ce « cadeau » de fin d'année, en l'occurrence une nouvelle ligne ferroviaire vers Zéralda. Imène, résidant à Bouzaréah, suit une formation au cyberparc de Sidi Abdellah. « C'est une ligne très avantageuse. Je peux suivre ma formation en toute quiétude. Le transport posait problème notamment le soir pour rentrer à Alger. Le train est disponible jusqu'à 20h. Je termine mes cours à 17h30 et je peux très à l'aise prendre celui de 18h, après je me déplace jusqu'à Triolet pour prendre le téléphérique. On constate qu'il y a une amélioration dans le secteur des transports en Algérie et cette ligne est une bonne chose », a-t-elle indiqué. Le nombre de voyageurs a dépassé les 1.600 le premier jour de la mise en service de la ligne alors que mardi, ils étaient plus de 600 pour les navettes de 6h15 à 10h30.
Satisfaction...
Un avis largement partagé par un employé dans une entreprise à Sidi M'Hamed à Alger, résidant à Zéralda. « Adieu le véhicule, les embouteillages et le stress et même les dépenses du parking qui constituaient un salaire pour moi. L'autoroute Zéralda-Alger est un vrai cauchemar pour les automobilistes. Avec cette nouvelle ligne ferroviaire, on peut dire que les habitants de la côte ouest d'Alger ont eu leur indépendance des véhicules et des bus. Franchement, nous nous sommes libérés des bouchons notamment des heures de pointe. En 45 minutes, je suis chez moi ou dans mon bureau alors qu'avant, je faisais plus de 90 minutes par route à bord de mon véhicule. » Une femme âgée, qui suivait notre discussion, a soutenu que cette ligne a mis fin à la souffrance des passagers dans les bus qui « ne sont pas confortables ». « Ils marquent tous les arrêts et font le plein sans se soucier de la sécurité des voyageurs. Ils font même de la vitesse et des manœuvres dangereuses. Je vais rendre visite à ma fille résidant à Tessala El Merdja mais je veux également profiter de l'occasion pour découvrir cette nouvelle ligne et aller jusqu'à Zéralda », a-t-elle confié souriante. D'autres ont décidé de profiter de cette journée ensoleillée à bord du train, à l'exemple de ce vieux retraité de l'armée. « C'est une opportunité pour moi, pour sortir un peu de la capitale et rencontrer des anciens collègues. C'est la paix, alors vaut mieux profiter de la belle nature en regardant par la fenêtre », a-t-il soutenu.
Adieu voiture, carburant et parking
Les wagons ne désemplissent pas en ce jour de semaine. Les dessertes vers Birtouta, Tessala El Merdja, Sidi Abdellah ont été prises d'assaut. Les agents de la sécurité interne, des jeunes en gilet vert, étaient déployés dans le train, depuis la gare d'Agha, pour veiller à la sécurité des voyageurs. Leur présence a été renforcée à partir de Birtouta pour maîtriser la grande foule. Le contrôleur en costume et en képi était également là. Plusieurs voyageurs n'ont pas de ticket. « J'étais pressé », un argument avancé par la majorité. Le contrôleur a été clément et leur a demandé juste de payer. Des voyageurs ont emprunté le train à partir d'Alger mais ont annoncé au contrôleur qu'ils sont montés à Baba Ali ou Bitouta, a chuchoté une dame âgée. De Tessala El Merdja à Zéralda, en passant par Sidi Abdellah-Université et Sidi Abdellah, un beau paysage s'offre au voyageur. Des prairies, des champs et des vergers et du cheptel où on peut admirer la nature vierge. « Ça donne envie de passer la journée dans ces champs au milieu du cheptel, manger des oranges et du pain traditionnel et respirer l'air frais », a ironisé un vieux. A quelques kilomètres, c'est un grand chantier qui renseigne sur la nouvelle ville de Sidi Abdellah avant l'arrivée à la gare de Zéralda, « le terminus », annonce l'agent. Le prochain départ est prévu à 14h. La gare grouillait de monde à cette heure. Une file se forme devant les deux guichets. La salle d'attente est équipée de bancs et d'une cafétéria qui sera ouverte très bientôt, nous a-t-on expliqué sur place.
La gare de Zéralda, la seule équipée du PCC
L'opérateur national Mobilis s'est installé également dans cette gare. A l'extérieur, l'espace a été bien aménagé en petits jardins et espaces verts. Un jet d'eau a attiré les visiteurs notamment les couples et les jeunes qui ont mémorisé leur passage par des selfies. Une station de bus à l'intérieur de cette gare a été également aménagée pour assurer des dessertes vers la station de bus de Zéralda. Une femme accompagnée de sa fille rencontrée sous un abribus dira qu'elle réside à Birtouta et qu'elle est venue à Zéralda pour visiter sa belle-fille, qui vient d'accoucher. « Rahmet Rabbi, d'habitude, on prend le bus, c'est vraiment un calvaire et on a plusieurs fois raté la visite. C'est une bonne chose, j'espère seulement qu'on préservera cet acquis. » Le chef de la gare de Zéralda est une femme. Expérimentée dans la gestion des gares d'Alger, Wassila Haffar a pris en charge l'orientation et l'information des voyageurs notamment sur les horaires et les dessertes. Elle a saisi l'occasion pour appeler les citoyens à préserver le patrimoine. « C'est un acquis pour la population, il faut juste faire preuve de civisme », a lancé la responsable aux groupes de jeunes, présents sur les lieux. La chef, en tenue bleue, képi à la tête, s'est lancée dans la sensibilisation des voyageurs qui étaient sur le trottoir de la voie. « Je les appelle à la vigilance pour éviter de chuter sur les rails. Vous savez, le train est nouveau pour les habitants de cette banlieue. Nous avons déjà lancé une campagne de sensibilisation sur les dangers de la ligne ferroviaire électrifiée et les mesures de prévention », a-t-elle dit. Et d'expliquer que les horaires d'une navette à une autre défilent sur un téléaffichage, à raison de trois minutes d'arrêt à chaque station. « Vous avez un quart d'heure pour effectuer la desserte Zéralda-Tassala El Merdja. Si vous voulez aller vers Blida, vous allez faire une correspondance à la gare de Birtouta. » Le trajet de Zéralda vers Alger par la ligne ferroviaire s'effectue en 45 minutes à raison de 70 DA l'aller. Selon la responsable, il y a 12 rames par un jour avec un décalage d'une heure. « De nouvelles rames vont venir renforcer le trafic d'ici deux à trois mois pour répondre à la forte demande des passagers qui seront, sans aucun doute, trop nombreux notamment à l'approche de l'été », a-t-elle dit. Cette gare, inaugurée par le président de la République Abdelaziz Bouteflika, est équipée d'un système ultramoderne pour la gestion numérique de la circulation des trains. « Il s'agit d'un PCC (Programme de circulation centralisé). La gare de Zéralda est la seule dotée de ce système Bombardier, qui gère la circulation des trains jusqu'à Birtouta et permet de renforcer la sécurité de la circulation de plusieurs trains à la fois. Ce système est suivi par des opérateurs formés et encadrés par des inspecteurs et des ingénieurs en informatique », a expliqué la chef de la gare.
Au grand bonheur des familles relogées
Il est 13h54. Le départ vers la gare d'Agha est prévu vers 14h mais les wagons étaient pleins. Les enfants étaient plus nombreux, sans accompagnement. « Nous allons à Alger tehwissa (en balade). Je ne suis jamais monté dans un train et voilà que le train est venu chez nous », dira Oussama, 11 ans, accompagné de ses copains de classe. L'agent de sécurité a précisé qu'il est permis à ces enfants de monter dans le train. « Ils ont un ticket alors ils sont considérés comme des clients. Nous les surveillons de près parce qu'ils sont là pour découvrir le train pour la première fois pour la majorité d'entre eux, notamment ceux qui habitent les haouchs. » Le train démarre à l'heure mais finit par s'arrêter brusquement avant d'arriver au prochain arrêt à Sidi Abdellah-Université. « Il s'agit d'une coupure d'électricité », a fait savoir l'un des mécaniciens à bord du train. Le problème a été réglé en six minutes, en présence des agents de Sonelgaz, mobilisés dans le dispositif mis en place et renforcé depuis la mise en service de cette nouvelle ligne suite à plusieurs essais, a fait savoir Abbès, le conducteur du train. A la gare de Sidi Abdellah, les wagons ont été pris d'assaut par des familles et des couples « en visite des sites AADL et LPP de la nouvelle ville de Sidi Abdellah », en prévision de la distribution de logements très bientôt. Akila, mère de famille, bénéficiaire d'un logement AAD, dira : « Je suis véhiculée mais je suis rassurée par l'ouverture de cette nouvelle ligne ferroviaire. On ne se sent plus isolés. Je suis venue pour examiner la situation et je suis très contente parce que je travaille à El Harrach et mon mari à Alger-Centre, cela nous arrange et c'est une bonne chose. Adieu la circulation », a-t-elle dit, souriante. De même pour les nouveaux relogés à Tessala El Merdja et Birtouta notamment les anciens résidents des quartiers d'Alger-Centre, Sidi M'Hamed et Belouizad. « Le déplacement est plus facile à Marché 12 et place des Martyrs », a confié Lamia, ancienne habitante à Chaâba.
A l'intérieur de la cabine du conducteur, la vigilance est de mise. La vitesse est limitée dans les nouveaux rails à 40 km/h en raison du rodage. On veille surtout à la voie, les portes et les signaux. L'occasion également pour découvrir de près la nature de la mission des cheminots. Le mécanicien, l'aiguilleur, le chauffeur, chacun a sa mission mais la coordination est essentielle pour la sécurité des voyageurs et de la circulation. « Conduire un train est stressant, pénible par le fait d'être constamment vigilant, par l'observation des signaux et le franchissement des passagers, heurts des personnes, suicides, jets de pierres », ont-ils fait savoir. Deux enfants saluaient le train, le chauffeur leur sourit en déclarant : « évitez seulement de nous agresser », et « taf » avant de finir sa phrase, il est surpris par un jet de pierres à quelques mètres de l'arrêt de Birtouta. « C'est notre plus grand souci. Vous savez que la réparation d'une vitre cassée coûte 143 millions de centimes et 17 heutres de mobilisation de la rame », a confié l'un des mécaniciens, expérimenté dans le domaine. L'autre souci est le non-respect du code de la route. Des jeunes et des moins jeunes traversaient les railssans se soucier du danger. Le train ne cessait de siffler, pour les avertir. Nous arrivons à la gare d'Agha vers 15h05. Le quai était bondé de monde alors que le premier départ vers Zéralda est prévu à 5h10 et le dernier départ à partir de Zéralda à 20h. Le train circule tous les jours même les vendredis et les jours fériés.


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