Discrédité par certains membres du bureau national après avoir fait l'objet de retrait d'agrément suite à l'effondrement spectaculaire d'un immeuble dont il était le promoteur, M'hamed Sahraoui a été, quand même, réélu à la tête de l'Organisation nationale des promoteurs immobiliers (ONPI). Il restera donc le président de cette organisation conformément à la décision du conseil national qui s'est réuni jeudi dernier à Alger. Le conseil a également décidé une restructuration organique et l'élargissement de ses membres qui passent de six à quinze personnes. Seulement deux des anciens membres ont été retenus, dont le président de l'ONPI. Les dissidents, qui voulaient la tête de leur promoteur en chef, en ont été écartés. « Le conseil national est souverain », a-t-on relevé. A cette occasion, Sahraoui a expliqué aux membres du conseil national les circonstances et les motifs ayant engendré le retrait de son agrément. Mais il a aussi fortement déploré l'attitude de certains membres du bureau national « qui, en mon absence, a-t-il dit, ont cru devoir me substituer un président par intérim alors que rien ne le justifie ». Il a enchaîné en disant que son agrément reste « valide jusqu'à épuisement des voies de recours pour un dossier qui est en cours d'instruction au niveau du ministère de l'Habitat ». De son point de vue, il a été « lâché » au moment « où il aurait fallu afficher un soutien et une solidarité, car ce qui arrive aujourd'hui à l'un d'entre nous peut demain affecter tout autre promoteur ». Sinon, à quoi sert l'ONPI ? s'est-il interrogé. Et d'ajouter que cette attitude « donne un blanc-seing à l'administration qui, sans discernement, pourra à l'avenir sanctionner des promoteurs sans la moindre retenue ». Pour mettre au clair cette affaire, le conseil national a constitué une commission mixte composée de membres du bureau national et des représentants de délégations de wilaya. Celle-ci a pour mission de se rapprocher du ministère de tutelle pour demander des explications concernant l'affaire M'hamed Sahraoui, mais aussi sur les raisons du retrait d'agrément aux 65 promoteurs et de la présentation des dossiers de 27 d'entre eux à la justice. Sahraoui a souligné, dans ce contexte, que ces décisions ont été prises « unilatéralement, sans la concertation ni du Fonds de garantie, encore moins de l'ONPI ». L'ONPI aurait souhaité qu'il y ait un délai supplémentaire pour la régularisation des promoteurs mis en cause au lieu de ne réserver que « des sanctions ». Par ailleurs, le conseil national a abordé des problèmes rencontrés par les promoteurs. L'ONPI a de nouveau plaidé pour la révision de la loi 11-04 régissant la profession de promoteur immobilier, jugée caduque. Celle-ci devra être adaptée à la nouvelle donne économique. Les professionnels devront y être associés. Le principal souci de ces derniers réside dans les surcoûts qui sont imprévisibles du fait de la crise économique actuelle accentuée par la dépréciation du dinar. Ces surcoûts, a fait observer un promoteur d'Alger, dépassent parfois la réglementation qui prévoit 20% d'augmentation du prix des logements. « A défaut de main-d'œuvre qualifiée, nous faisons appel à des étrangers qui ont du mal à comprendre cette variation des coûts et ils le font répercuter dans le domaine de la construction. Au final, c'est le consommateur qui est le plus pénalisé », a-t-il déploré en ajoutant que le problème financier est à l'origine des retards accusés dans la réalisation des projets.