L'adoption d'une nouvelle démarche financière dans le cadre du nouveau modèle de croissance économique en passant par une politique budgétaire rénovée, ainsi que le lancement du e-paiement constituent les faits les plus marquants de l'année 2016 dans le domaine financier. La trajectoire budgétaire pour 2017-2019, prévue par ce nouveau modèle économique, vise un double objectif : plafonner les dépenses annuelles autour de 7.000 milliards de dinars (mds DA) et augmenter la fiscalité ordinaire d'au moins 11% par an. Une démarche qui devrait permettre une visibilité de la politique budgétaire à moyen terme et une rationalisation des dépenses pour faire face à la baisse des cours du brut. En attendant les résultats de cette nouvelle approche budgétaire, une autre initiative a été engagée par le lancement de l'emprunt obligataire pour la croissance économique. Cet emprunt d'Etat a permis au Trésor public d'encaisser, auprès des banques publiques essentiellement, près de 570 mds DA qui ont servi à couvrir une partie du déficit budgétaire de 2016. Dirigée depuis juin dernier par un nouveau gouverneur, Mohamed Loukal, la Banque d'Algérie est revenue au refinancement des banques commerciales pour parer au manque de liquidités engendré par la chute des dépôts bancaires provenant du secteur pétrolier, tout en abaissant le taux des réserves obligatoires des banques, passé de 12% à 8%. Afin de moderniser le secteur des finances, le ministère des Finances a été doté d'un ministère délégué chargé de l'Economie numérique et de la Modernisation des systèmes financiers. Ce qui s'est déjà traduit par le lancement effectif du paiement électronique (e-paiement) au niveau de plusieurs banques publiques et privées et d'entreprises, ainsi que par la mise en place de la télédéclaration et du télépaiement des impôts pour les grandes entreprises. Le FRR s'épuise, l'endettement extérieur comme option La multiplication des actions de réformes, engagées par le gouvernement et la Banque centrale, se présente comme une solution urgente face à la détérioration de la situation des finances publiques en 2016, une année qui aura sans doute enregistré les contre-performances financières les plus marquantes : chute des réserves de change qui devraient clôturer à 117 milliards de dollars à fin 2016 (contre près de 180 milliards de dollars à fin 2014), une inflation autour de 6%, une monnaie dépréciée, un déficit du Trésor de 1.770 mds DA au premier semestre, mais surtout un Fonds de régulation des recettes (FRR) en voie d'épuisement. Ce fonds d'épargne publique a atteint en 2016, et pour la première fois depuis sa création, le solde minimum légal autorisé par la loi, soit 740 mds de DA, suite aux prélèvements destinés à couvrir le déficit budgétaire du premier semestre de l'année. Mais pour permettre de couvrir le reste du déficit budgétaire, évalué à plus de 2.450 mds de DA pour toute l'année 2016, la loi de finances de 2017 a supprimé le seuil minimum du FRR afin de permettre de puiser sur toutes ses disponibilités. Et pour financer le reste du déficit ? Le recours à l'endettement extérieur est évoqué par les hautes autorités du pays comme l'une des options. En 2016, l'Algérie a effectivement eu recours à un endettement extérieur en sollicitant un prêt auprès de la Banque africaine de développement (BAD) pour le financement du Programme d'appui à la compétitivité industrielle et énergétique pour un montant de 900 millions d'euros.