Le procès de l'affaire dite Sonatrach-Safir s'est ouvert, hier, à la salle d'audience du pôle pénal spécialisé d'Oran. Dans le box des accusés, l'ex-DG par intérim de Sonatrach et ex-vice-président de l'activité Aval, un cadre du groupe Sonatrach, un ancien cadre de Cogiz, une filiale de Sonatrach, et le directeur général de Safir SPA, les quatre prévenus étant en détention préventive depuis le 20 décembre dernier. L'ex-PDG de Sonatrach comparaissait, quant à lui, libre puisqu'il n'était que sous contrôle judiciaire. Ils ont comparu, hier, pour répondre des chefs d'accusation de passation de marché contraire à la réglementation et dilapidation de deniers publics. A peine l'audience entamée, que le report du procès est prononcé pour le 27 avril en l'absence de la majorité des témoins. Sur les dix convoqués, deux seulement étaient présents. Les avocats de la défense des quatre prévenus ont demandé alors à ce que leurs clients bénéficient de la liberté provisoire jusqu'à la tenue du procès, ce qui leur sera refusé. Cette affaire, rappelons-le, concerne un contrat signé le 3 octobre 2007 avec la société algéro-française Safir SPA (détenue à 51% par Sonatrach et Sonelgaz et à 49% par l'entreprise française Marais Connecting), pour la réalisation d'un centre de stockage et de conditionnement d'azote au niveau de la plate-forme industrielle d'Arzew. Objectif : sécuriser les installations implantées dans la zone et celles en cours de réalisation, et permettre l'accroissement des capacités de stockage de l'azote de Cogiz grâce à la construction de 10 bacs de stockage, pour un montant de 10 millions d'euros. Pour les officiers de la police judiciaire du DRS, il y a eu «malversation, dilapidation de deniers publics et violation de la réglementation des marchés publics». Pour eux, «il n'y avait pas urgence» pour justifier la procédure de gré à gré afin que le maître d'œuvre, qui est Safir SPA, donne le marché à Cogiz «sans passer par un avis d'appel d'offres, d'autant qu'il existe des sociétés et filiales de Sonatrach qui maîtrisent le domaine». De plus, il y a eu non-respect du délai de réalisation, prévu pour 24 mois, pour 10 bacs de stockage, avec livraison ferme pour septembre 2009. «Or, ce délai n'a pas été respecté. Seuls deux bacs ont été réalisés, avec de graves anomalies, mais aussi des capacités ne dépassant pas les 6% de celles prévues». Pour la défense, cette affaire est jugée très «grave», dans la mesure où c'est pour la première fois que dans un dossier de passation de marché, c'est le partenaire cocontractant qui est inculpé.