Ce message solennel ainsi émis, le chef de l'Etat n'en a pas moins préconisé pour l'Algérie «l'approfondissement du processus démocratique, le renforcement des bases de l'Etat de droit, la réduction des disparités et l'accélération du développement socio-économique.» Très Algériens, le discours du Président Abdelaziz Bouteflika, qui intervient dans une conjoncture internationale et régionale particulièrement mouvementée, et dans un contexte national globalement prédisposé à opérer des transitions qualitatives sur les plans politique, économique et social, est un texte programmatique pour une série de réformes qui devraient conforter les attentes sociales de la majorité, asseoir les bases d'une économie à fondement entrepreneurial, et conforter l'édifice démocratique. La démarche explicative du chef de l'Etat ne pouvait faire l'économie, dès l'abord, d'un rappel de ce qui a été fait et réalisé au moment où tout était encore à faire et à reconstruire. Car au début était la fitna, dont il fallait éteindre le feu ravageur, et qui fut effectivement vaincue grâce aux lois successives de la Concorde civile et de la Réconciliation nationale. Cette étape ayant été selon un processus dont les résultats ont été capitalisés et continuent de faire encore l'objet d'un suivi et d'une attention particulière, il y avait parallèlement à cela cet effort de construction et ce retard à rattraper en matière de développement et de réhabilitation de la place de l'Algérie dans le concert des nations. D'où une décennie caractérisée par des programmes très intenses, avec des projets d'infrastructures d'envergure nationale, à tous les niveaux et touchant tous les secteurs des activités humaines, y compris sur le plan social, dont le lancinant dossier du logement, objet d'une mobilisation sans pareille depuis l'indépendance de l'Algérie. DES PREALABLES NECESSAIRES Des réserves dans le discours du Président, il y en a eu, qui tendent à baliser le terrain pour toutes les initiatives et les décisions prises par l'Etat, en élaguant de l'espace de ce dialogue tous les effets politiques indésirables, les acteurs, eux, n'étant pas exclus ou du moins invités, de manière subtile, à se soustraire aux conditions qui pourraient susciter leur évincement. Il s'agit simplement de la question de la position internationale des courants politiques qui sont censés s'aligner sur le principe de souveraineté nationale et des peuples, et rejeter toute ingérence étrangère. Le message est on ne peut plus clair qui exprime une préférence du Président pour les «forces politiques imprégnées du sens nationaliste qui bannissent toute ingérence dans les affaires des autres et rejettent, en contrepartie, toute ingérence étrangère dans les leurs. C'est là la position de la majorité écrasante de notre peuple qui suit avec intérêt les différentes initiatives et qui est en droit de s'exprimer quand la stabilité du pays est menacée.» DES REFORMES SOCIO-ECONOMIQUES Les mesures de soutien aux catégories sociales touchées par les mutations économiques et les crises successives, la politique de logement, de création d'emplois socialement soutenus et autres n'ont jamais cessé, depuis le début de la décennie écoulée, de peser de tout leur poids dans les différents programmes de développement. Une politique qui a toujours reflété le souci constant de l'Etat de préserver la cohésion sociale, refusant de sacrifier celle-ci sur l'autel des priorités et des contraintes économiques, dont celles liées à l'ouverture aux ensembles économiques. Aujourd'hui, cette politique ne connaît pas un bouleversement majeur dans le sens de ses orientations, mais plutôt par son intensité, son volume et son étendue au sens du nombre de personnes qu'elle devrait toucher et des régions qu'elle devrait avoir déjà impliquées. Evoquant cet ensemble de mesures qui vont du renforcement du soutien aux prix des produits alimentaires, passant par celui des différents dispositifs de soutien destinés aux jeunes et aux sans-emploi désirant créer leurs propres micro-entreprises, jusqu'à l'amélioration qualitative et quantitative des mécanismes d'emploi de jeunes diplômés, le chef de l'Etat, qui a particulièrement plus longuement abordé la question du logement, ses bilans antérieurs et ceux à venir, ses réalisations et les défis qui s'annoncent dans ce domaine, s'est refusé au satisfecit, malgré la reconnaissance que tous les efforts consentis l'ont été au profit de la collectivité nationale, prouvant, encore une fois, qu'il n'était pas homme à faire des bilans positifs, et pour cause. «Des fléaux sociaux tels la corruption, le népotisme et le gaspillage sévissent et l'Etat s'emploie à les combattre avec vigueur et détermination.» DE LA BONNE GOUVERNANCE D'où des mesures prochaines annoncées, dans cette lancée, par le président de la République, dont il est dit qu'elles auront vocation à insuffler une dynamique autrement plus intense aux programmes de développement et à stimuler davantage l'appareil de l'Etat dans le sens d'une lutte contre la bureaucratie, les dysfonctionnements de l'Administration et autres atteintes aux deniers publics. Une approche similaire prévaudra au niveau local, qui devrait favoriser une concertation, la plus large possible, afin de définir des objectifs qui soient très proches des attentes citoyennes. La gouvernance économique n'est pas en reste, elle a partie liée, selon le chef de l'Etat, avec l'entreprise, qu'elle soit privée ou publique, reconnue comme étant la source génératrice de richesse et d'emploi, qui doit faire l'objet d'une politique rénovée de promotion et de mise à niveau, mais aussi qui doit bénéficier d'une amélioration de l'environnement des affaires et de l'investissement. DE L'EDIFICE DEMOCRATIQUE Tout en rappelant les acquis de l'Algérie en matière de pluralisme politique et médiatique et le tribut très lourd que l'Algérie a consenti pour que ces acquis adviennent, et tout en invitant les Algériens à en tirer de la fierté, le Président Bouteflika a dénigré à quiconque le droit «de réinstaller (…) la peur dans les familles algériennes, inquiètes pour la sécurité de leurs enfants ou de leurs biens ou plus grave encore, l'inquiétude de toute la nation pour l'avenir de l'Algérie, son unité, son indépendance et sa souveraineté nationale.» Ce message solennel ainsi émis, le chef de l'Etat n'en a pas moins préconisé pour l'Algérie «l'approfondissement du processus démocratique, le renforcement des bases de l'Etat de droit, la réduction des disparités et l'accélération du développement socio-économique.» Les conditions de succès d'une telle entreprise sont pour le chef de l'Etat : une implication de tous, populations, partis politiques, société civile et compétences nationales confondus, un Etat fort investi de la confiance citoyenne, une Administration compétente et crédible et une justice indépendante. Liant ces enjeux et ces défis à une plus grande légitimité et représentativité des instances élues, le chef de l'Etat, pour ce faire, a préconisé des amendements législatifs et constitutionnels. Codes et lois, qu'il s'agisse de ceux et celles organisant les élections et les partis politiques connaîtront des modifications dans le sens d'un meilleur exercice de la démocratie. Ce qui va pour les instances nationales, va également pour les instances élues locales dont il est prévu le renforcement de leurs prérogatives avec de plus grands moyens humains et matériels pour l'accomplissement de leur mission. Si les préconisations économiques et sociales, elles, sont déjà lancées, celles politiques qui portent sur la révision de la Constitution et de l'arsenal législatif devraient prendre une année, tel que le Président semble en avoir lui-même fixé l'échéance raisonnable. Ce qui nous situe en 2012, à l'orée d'élections nationales importantes.