L'Algérie passe pour un pays impossible à réformer. Son incapacité à négocier, son absence d'un réel choix de régime politique, son hésitation entre régime parlementaire et régime présidentiel, sont montrés du doigt par toutes les obédiences politiques du pays, comme par les principaux responsables de la résistance à la réforme. La solution passerait-elle par l'avènement d'une IIème République, comme le laisse entendre le dernier discours de Abdelaziz Bouteflika ? Dans son discours à la Nation de ce vendredi, le Président de la république, Abdelaziz Bouteflika, a en effet esquissé les bases d'une IIème République », en rédigeant une nouvelle Constitution rompant avec les institutions «centralisantes» de la Ière République. Les annonces du Président de la république se sont focalisées sur la révision de la Constitution, la loi sur les partis politiques et le code électoral ainsi que le code de l'information. L'objectif affirmé: «renforcer la démocratie» dans tous ses cas de figure. Pour accompagner ce «vent de changements», le Président a préconisé la mise en place d'une commission constitutionnelle qui regroupera les «courants politiques agissants et des experts en droit constitutionnel». Cette commission est appelée à proposer des amendements à la Constitution en réponse aux attentes de la classe politique. Dans la foulée de ces réformes qui se veulent radicales, le président a souligné que cette mission, «ambitieuse et décisive pour l'avenir de notre pays, exige l'adhésion de la majorité, la participation de toutes les forces politiques et sociales et la contribution des compétences nationales». «Cette mission requiert aussi un Etat fort capable d'instaurer une plus grande confiance entre l'Administration et les citoyens. Un Etat reposant sur une Administration compétente et crédible et un système judiciaire placé sous la seule autorité de la loi», a ajouté le président de la République. Cette mission nécessite surtout, a-t-il dit, que «nos instances élues puissent jouir d'une légitimité incontestable». Plus de démocratie et plus de libertés Plus de démocratie et plus de libertés, tel était le leitmotiv du président, réitérant à maintes reprises sa conviction quant à la nécessité d'un changement radical des institutions. Après le retour de la paix et la mise d'une assise économique solide, il est temps désormais à réformer radicalement les institutions et les pratiques de la politique. Ainsi, il est devenu nécessaire d'aller de l'avant dans l'approfondissement du processus démocratique, le renforcement des bases de l'Etat de droit, la réduction des disparités et l'accélération du développement socioéconomique, a déclaré le premier magistrat du pays. En outre, la levée de l'Etat d'urgence. «J'ai décidé de parachever cette démarche par un programme de réformes politiques visant à approfondir le processus démocratique et à permettre aux citoyens de contribuer davantage aux décisions dont dépendent leur avenir et celui de leurs enfants». Le président de la République a affirmé que le rôle des différentes assemblées élues est un rôle vital «qui sera renforcé car ce sont les élus qui sont en contact direct avec les citoyens et la réalité vécue». Une assise juridique pour accompagner les changements Pour instaurer une assise juridique à ces changements, le président a affirmé qu'il demandera au parlement de réviser une série de textes législatifs relatifs à l'exercice démocratique afin de permettre le libre choix des citoyens. Abdelaziz Bouteflika a dit : «m'appuyant sur la Constitution, j'userai du droit qu'elle me confère pour demander au parlement de réviser l'ensemble de l'arsenal législatif sur lequel reposent les règles de l'exercice démocratique et le libre choix des citoyens (…) conscient de la responsabilité qui m'incombe, fort de votre soutien et soucieux de préserver l'équilibre des pouvoirs, j'œuvrerai à introduire des amendements législatifs et constitutionnels en vue de renforcer la démocratie représentative dans notre pays », a-t-il ajouté.