Les réformes semblent aussi importantes que la célérité avec laquelle elles devront être conduites, car l'échéance législative est toute proche et l'enjeu consiste à aller vers ce rendez-vous avec des lois déjà finalisées. Dans sa complexité, le programme de réformes politiques tel que le chef de l'Etat en a donné les éléments constitutifs, semble répondre à une finalité : rétablir la confiance. Cela, en recouvrant des objectifs concrets qui ont trait à la réalisation d'une meilleure gouvernance, à la consolidation de l'Etat de droit et de la démocratie, à la promotion d'une meilleure représentativité des institutions élues et à la neutralisation de la bureaucratie. L'importance primordiale du propos, et qui faisait suite à des questionnements nombreux suscités, au sein de la classe politique et de l'opinion publique, par l'annonce de la révision de la Constitution faite antérieurement, devait forcément remettre en seconde position l'ordre du jour du Conseil des ministres, et c'est par l'annonce de réformes profondes que le chef de l'Etat a entamé son explicitation du programme de réformes politiques, dont la révision de la loi fondamentale qui promet d'être conséquente. Préconisées et envisagées comme profondes, les réformes politiques ne peuvent, en tout cas, se faire sans respecter les principes fondateurs de l'identité nationale et sans préserver ce qui fonde l'essence même de l'Etat républicain. Il s'agit respectivement, d'une part, de l'islam, de l'arabité et de l'amazighité, et d'autre part, de l'ordre démocratique basé sur le multipartisme, de l'Islam en tant que religion de l'Etat, de l'arabe en tant que langue nationale et officielle, des libertés fondamentales, des droits de l'homme et du citoyen, de l'intégrité et de l'unité du territoire national, ainsi enfin que de l'emblème et de l'hymne nationaux, symboles de la Révolution et de la République algérienne démocratique et populaire. En somme, il s'est agit, dès l'abord, pour le président de la République de donner à apprécier à tous les Algériens ce que sera le smig consensuel immuable sur lequel il faut capitaliser et dont les éléments qui le composent définissent un fonds commun inchangeable à partir duquel tout ce qui n'est pas cela est susceptible de révision. ASSEOIR DEMOCRATIQUEMENT LA DEMOCRATIE Il semblait logique, dès lors que la finalité est de promouvoir les conditions d'une démocratie plus profondément ancrée, que cette démarche de réformes se fasse démocratiquement. C'est en tout cas de cette façon que semble l'entendre le Président qui estime que les lois qui seront touchées par les révisions, de même que les textes de la loi fondamentale seront le fait de la majorité et feront l'objet d'une large consultation avec les partis politiques et les personnalités nationales. D'où des consultations qui devront commencer rapidement et qui auront pour finalité de recueillir, en vue de les confronter, les différentes propositions qui émaneront des formations politiques et d'autres acteurs de la vie publique nationale qui seront associés à cette démarche. A l'issue de ces consultations que mènera une personnalité désignée par le Président, celui-ci disposera du projet de révision constitutionnelle ainsi formulé qu'il soumettra au Parlement, voire même au peuple qui aura à se prononcer dessus par voie référendaire, après l'instance parlementaire, si la profondeur des révisions le justifie. MODERNISER L'ESPACE MEDIATIQUE NATIONAL S'il s'agit, dans le cadre de ces réformes, de dépennaliser le délit de presse, il s'agit également d'une mesure plus profonde, notamment celle devant être préconisée dans un cadre concerté entre le gouvernement et la famille de la presse, à savoir la confection d'une loi relative à l'information. Une loi qui aura pour vocations plurielles de porter les principes juridiques de liberté de la presse ainsi que les bases professionnelles, éthiques et déontologiques qui reflètent les principes de pluralisme démocratique et les aspirations démocratiques et citoyennes des Algériens. Ainsi, non seulement le monde des médias audiovisuels, de la communication et de l'information aura droit à sa commission d'experts nationaux qui plancheront sur les voies et moyens de moderniser le paysage, de promouvoir la communication et de préconiser des canaux efficaces de conduite de l'aide publique en direction de la presse écrite, mais ce monde aura, également, et de manière permanente, son autorité de régulation qui aura, entre autres missions, celle de veiller au respect des principes consacrés par la liberté d'expression et de garantir un accès équitable des partis politiques aux médias audiovisuels. Dans l'esprit de cette démarche, les réformes semblent aussi importantes que la célérité avec laquelle elles devront être conduites, car l'échéance législative est toute proche et l'enjeu consiste à aller vers ce rendez-vous avec des lois déjà finalisées. D'où l'insistance du chef de l'Etat sur un mode de traitement optimum de ce dossier, qui a recommandé que sa prise en charge se fasse de telle sorte que ces lois soient présentées au Parlement au fur et à mesure de leur finalisation. D'où également la fixation d'un calendrier à travers lequel le début de la session automnale du Parlement apparaît, à ce titre, comme une date-butoir. DES REFORMES PROFONDES ET URGENTES La lutte contre le fléau de la corruption qui mobilise tout un arsenal législatif mérite d'être appuyée, selon le chef de l'Etat, par des révisions de lois portant protection des cadres et gestionnaires dans l'exécutrion de leurs missions et face au risque de gestion. Pour ce qui est de la très problématique question de la relation entre le citoyen et l'Administration, elle devra faire l'objet d'une prise en charge consistant à faire reculer la bureaucratie, à faciliter la possibilité de recours en cas de contestation de toute décision administrative jugée injuste, abusive ou inéquitable et à mobiliser l'institution judiciaire de manière plus efficace.Autre préoccupation et pas des moindres, celle portant sur la place future que devront occuper les instances locales élues qui auront à assumer leur rôle de gouvernance et d'intermédiation vis-à-vis de leurs électeurs qui les auront choisis en toute transparence. Une perspective que l'Etat entend promouvoir à un horizon prochain en apportant pour ce faire tous les moyens financiers et humains. Une approche qui ne contraste nullement avec des objectifs de développement local dont il faut veiller à adapter les articulations aux attentes des populations. Si on ajoute à ces préconisations, celles qui portent sur le développement économique et social, on se retrouve en face d'un programme de réformes et de développement, dont les éléments semblent se compléter, qui est doté d'une vision panoptique. Par ailleurs, et si les objectifs de promotion sociale et de développement économique semblent requérir, par leur nature, une prise en charge de longue haleine, les réformes politiques et administratives, elles, sont frappées du sceau de l'urgence, car c'est par elles que se donne le gage solennel de la volonté de changement et c'est par elles que l'Etat peut acquérir la force d'agir et de mobiliser tous les Algériens qui auront adhéré aux principes qui inspirent ces réformes. La modernité et le développement sont à ce prix.