Quand le jeu produit tourne à la démonstration et débouche sur une kyrielle de titres dans un laps de temps assez court, l'évidence s'installe: la «Pep Team» du FC Barcelone dirigée par Josep «Pep» Guardiola et Messi fait partie des toutes meilleures équipes de l'histoire. «C'est la manière qui nous rend le plus fiers», a avancé l'entraîneur catalan après la nette victoire des siens en finale de la Ligue des champions samedi contre Manchester United (3-1). Mais l'histoire ne retient que les vainqueurs, et oublie les perdants fussent-ils romantiques. Alors on fait les comptes: depuis l'arrivée du jeune entraîneur (40 ans) aux commandes de l'équipe première du Barça, en 2008, après une seule année d'expérience (montée en 2e division de l'équipe réserve), les Blaugranas ont empilé dix trophées. En trois ans : trois championnats d'Espagne, deux Ligues des champions, une Coupe du Roi, un Mondial des clubs, deux Supercoupes d'Espagne et une d'Europe ! La «Pep Team» surpasse déjà la «Dream Team» de Johan Cruyff, sous la houlette duquel Guardiola avait remporté comme joueur la première C1 de l'histoire du club, en 1992, déjà à Wembley. Le technicien néerlandais avait ensuite reçu une claque mémorable face à l'AC Milan de Fabio Capello (4-0), deux ans après. En 2006, sous la direction de Frank Rijkaard, le club a remporté sa deuxième C1, avec la colonne vertébrale Valdés-Puyol-Xavi-Iniesta-Messi qui se dégageait déjà, cinq joueurs formés au club.C'est donc actuellement sans conteste le meilleur Barça de tous les temps. La meilleure équipe de l'histoire ? Guardiola se veut humble: «Je ne sais pas, impossible de le dire, je n'ai pas vu les autres équipes, le Real Madrid de Di Stefano qui a gagné cinq C1 d'affilée, l'Ajax de Cruyff... On essaie de jouer le mieux possible, et on aimerait que dans dix, quinze ans, on se souvienne de nous comme une des meilleures équipes, ou au moins que les joueurs se souviennent ce qu'ils ont savouré». ELOGE SIGNE FERGUSON Vendredi, il avait souligné que «l'esprit et l'époque étaient différents». «C'est comme les films: seul le temps dit si ce sont de grands films», avait-il ajouté. Messi, le double Ballon d'Or (2009 et 2010), reconnaît à demi-mots un certain vertige historique: «Je crois que nous ne sommes pas conscients de ce que nous arrivons à faire». Alex Ferguson, comme tout Manchester United, a élégamment reconnu la supériorité du Barça. «Les grandes équipes ont des cycles, le leur est le meilleur en Europe actuellement, il n'y a pas de doute, a admis l'entraîneur mancunien. C'est la meilleure équipe que j'aie vue». Comment entre-t-on dans la légende ? C'est une alchimie d'ingrédients comme les trophées, la présence au plus haut niveau (demi-finales, finales de C1), l'identité de jeu, un joueur hors-norme ou une finale mémorable. Le Barça d'aujourd'hui a tout cela, avec sa possession de balle élevée en art (70% en moyenne), son divin Messi, son cerveau Xavi et ses deux leçons de football (2009, 2011). Il rejoint sur le toit de l'Europe: le Real Madrid de Di Stefano, Puskas et Kopa (quintuplé 1956-1960), et à un degré moindre celui de Zidane, pour son but magique (2002); le Benfica (1961-1962) avec le doublé de la victoire d'Eusebio contre le Real en 1962 (5-3); l'Inter Milan et le «catenaccio» (verrou) d'Helenio Herrera (1964-1965); l'Ajax Amsterdam de Johan Cruyff et son «football total» (triplé 1971-1973); le Bayern Munich de Beckenbauer, combativité et réalisme (triplé 1974-1976); le Liverpool de Bob Paisley et le «kick and rush» anglais (1977, 1978, 1981) et, enfin, l'AC Milan hyper-tactique d'Arrigo Sacchi et son trio néerlandais Rijkaard-Gullit-Van Basten (1989-1990), prolongé par Capello en 1994. N'en jetez plus !