Au terme d'un match marqué par de nombreux accrochages, le FC Barcelone est parvenu à s'imposer 2-0 face au Real Madrid en demi-finale aller de la Ligue des Champions. Les Blaugrana étaient les premiers à se montrer dangereux. Xavi voyait sa frappe en pivot être repoussée par un Casillas vigilant. Juste avant la pause, le ton montait entre les deux équipes, avec quelques coups échangés. En toute fin de première période, Cristiano Ronaldo, de loin, obligeait toutefois Valdes à repousser en catastrophe. La rentrée aux vestiaires était particulièrement tendue. Le remplaçant de Valdes, Pinto, était d'ailleurs exclu. José Mourinho profitait de la pause pour remplacer Özil, décevant, par Adebayor. Après le repos, les débats étaient toujours aussi houleux. A l'heure de jeu, pour une grosse semelle sur Alves, Pepe était renvoyé aux vestiaires. Mourinho, pour avoir applaudi ironiquement l'arbitre, était, lui, prié d'aller s'asseoir dans les tribunes... Le football reprenait ensuite (enfin) ses droits. Sur une frappe enroulée de Villa, Casillas, dans une forme étincelante actuellement, sortait un arrêt magistral. Mais le portier madrilène devait ensuite s'incliner sur une reprise à bout portant de Messi (76'). En fin de rencontre, Messi passait en revue la défense madrilène avant de battre Casillas (87'). Le Barça a pris un sérieux avantage sur le Real avec cette victoire 2-0 à Bernabeu. Mourinho : «Guardiola a gagné une LDC que j'aurais eu honte de gagner» L'entraîneur du Real Madrid José Mourinho n'a pas hésité à critiquer l'arbitrage après la défaite du Real face au Barça. «Je ne lui ai rien dit. J'ai ri et j'ai applaudi avec mes doigts sa décision. Si je lui dis, à lui et à l'UEFA, ce que je pense, ma carrière s'arrête aujourd'hui. Pourquoi ? Pourquoi il arrive toujours la même chose à chaque demi-finale (de Ligue des champions, avec les équipes qu'il entraîne, ndlr) ? Nous sommes en train de parler d'une équipe fantastique (le Barça). Je ne sais pas si c'est pour l'Unicef (le sponsor maillot du Barça), je ne sais pas si c'est le pouvoir de M. Villar (président de la Fédération espagnole de football) à l'UEFA. Je ne comprends pas. Bravo, parce que c'est une équipe de foot fantastique. Cette équipe n'a pas besoin de quelque chose qui est évident (l'aide de l'arbitre, ndlr). Le football doit se jouer avec les mêmes règles pour tout le monde. L'année dernière (avec l'Inter Milan) nous avions accompli un miracle. Il n'y a pas eu de miracle cette fois. A la question de savoir si le Real Madrid est déjà éliminé, il a répondu : «Oui. Nous irons à Barcelone avec tout l'orgueil du monde, par respect pour notre monde qui est le football. Même si parfois ce monde me dégoûte un peu. Pourquoi on ne nous laisse pas jouer contre eux ? Je ne comprends pas. Tu mets en place un système, mais l'arbitre ne te laisse pas le mettre en place. Pourquoi exclut-il Pepe ?» Mourinho n'a pas hésité à égratigner Guardiola. «J'ai gagné deux Ligues des champions et je les ai gagnées sur le terrain, avec Porto, club d'un pays qui normalement ne gagne pas la Ligue des champions, et avec l'Inter Milan, qui ne l'avait pas gagnée depuis 50 ans. Guardiola est un entraîneur fantastique, mais il a gagné une Ligue des champions (en 2009) que j'aurais eu honte de gagner, avec le scandale de Stamford Bridge (contre Chelsea). Et s'il gagne cette année, ce sera avec le scandale du Bernabeu. J'espère qu'il gagnera un jour une Ligue des champions propre, sans scandale.» Casillas : «Ce n'est pas normal qu'on termine tous nos matches importants à dix» Le Real a perdu contre le Barça (0-2), hier en demi-finale de la Ligue des Champions, et pour Casillas le résultat aurait été tout autre si Pepe n'avait pas été expulsé. Alors qu'ils tenaient tête aux Blaugrana pendant plus d'heure de jeu, les Merengue ont presque abandonné tout espoir de se qualifier en finale de la C1 après avoir pris deux buts de Lionel Messi vers la fin. Un scénario dont Casillas, le capitaine, a eu du mal à se remettre. «On contrôlait tout avant la sortie de Pepe, a-t-il déclaré. C'est clair que la sortie d'un joueur aussi important que Pepe à ce moment de la partie, ça change tout. Mais bon, on n'a pas le temps de se lamenter. Il faut rester solidaires. Ce n'est pas normal qu'on finisse tous nos matches importants à dix.» Ronaldo : «Le Barça a beaucoup de pouvoir» Cristiano Ronaldo n'a pas caché sa déception après la défaite et regrette l'arbitrage. «C'est toujours la même chose, ces quatre dernières années. Mourinho a raison. On l'a vu face à Arsenal, Chelsea, l'Inter... Le Barça est une équipe fantastique, mais il a aussi beaucoup de pouvoir à l'intérieur et à l'extérieur. Si nous ne jouons pas bien, d'accord. A onze contre onze et à 0-0, marquer était encore possible, mais après... C'était très difficile. J'aime beaucoup le football, je vis pour cela, mais des coups comme ceux-là, ça enlève le plaisir.» Xabi Alonso : «Le vestiaire est touché» «L'expulsion (de Pepe) a changé radicalement le match parce que jusqu'ici tout se passait comme nous l'avions prévu. Pepe met les crampons mais ce n'est pas rouge. Cela a tout changé et maintenant ce sera très dur de remonter. Le vestiaire est touché. Après avoir un peu respiré, il faudra préparer le match retour avec le même sérieux. C'est compliqué mais dans le football on voit des choses plus surprenantes.» Albiol : «Le rouge ? Une folie !» Comme ses coéquipiers, le défenseur madrilène, Raul Albiol, ne comprend pas l'expulsion de Pepe qui a changé la physionomie du match. «Je suis dégoûté. Je crois qu'on a changé le match. Nous avons tous vu que la rencontre a été cassée par une décision que lui seul (l'arbitre, ndlr) a vu. Ce genre de décision est une clé en demi-finale de la Ligue des champions. Nous nous en allons avec un résultat très mauvais. Pour rien au monde, je ne pensais que l'action valait le rouge. Nous avons vu des choses pires qui n'ont fini qu'avec un jaune. Le rouge est une folie. Un 0-2 à domicile, avant un retour à l'extérieur, est un résultat difficile.» Guardiola : «C'est énorme» Après la victoire de ses hommes, le coach du FC Barcelone Josep Guardiola n'a pas caché sa joie. Il a rendu hommage à Léo Messi, auteur du doublé victorieux. Il a, néanmoins, refusé de commenter les déclarations faites après le match par José Mourinho : «Nous avons fait un très bon match. Nous avons contrôlé la dangerosité de leurs contres. C'est un très bon résultat, il faut féliciter les joueurs. C'est une chance que nous avons (d'avoir un joueur comme Messi). Il n'a que 23 ans et il est déjà le troisième meilleur marqueur de l'histoire du Barça. C'est énorme.» Piqué : «Ils se sont brûlés» Dans un match gangrené par les fautes et les altercations, le point d'orgue a été l'expulsion de Pepe. Lorsqu'ils sont passés devant les journalistes, les Barcelonais étaient convaincus que la bonne décision avait été prise. «Le carton rouge est évident. «On ne peut pas autoriser ce genre de chose», disait Gerard Piqué. Il a estimé que cette infériorité numérique madrilène est la conséquence de leur façon d'aborder le match. «Ils ont joué à la limite de la violence. Si tu joues avec le feu à un moment tu te brûles.» Pas question en revanche de parler de tournant du match. «Pendant les 60 minutes précédentes, ils n'ont pas essayé de jouer au foot et ça dans leur propre stade», insiste le défenseur central. Villa : «Nous ne sommes pas encore qualifiés» «Je crois que nous avons été supérieurs pendant tout le match. Le fait d'avoir été réduits à dix a été décisif, mais le rouge est juste. C'est un rouge direct, quand tu fais une erreur, il faut la payer. Nous avons un match très dur qui nous attend à la maison, nous devons penser à la Liga désormais et ensuite nous souvenir que 90 minutes très dures nous attendent. Sur Mourinho, je ne peux pas juger. Nous avons gagné la demi-finale aller, nous ne pouvons pas dire que nous sommes faibles. Nous sommes heureux.» Messi plus fort que Gerd Müller ! Messi a marqué un peu plus l'histoire du Barça et du football tout court. Deux éclairs pour sortir un clasico de la pénombre. A Bernabeu, Lionel Messi fut le génie. Oui, «la Pulga» descend d'une autre planète. «Il n'a que 23 ans et il est déjà le troisième meilleur marqueur de l'histoire du Barça, soulignait l'entraîneur catalan en conférence de presse. «C'est énorme», disait de lui son entraîneur. Ses statistiques le sont, effectivement. Hier, Messi a signé ses 10e et 11e buts de la saison en Ligue des champions. Il n'est plus qu'à une unité du record de Ruud van Nistelrooy, réalisé en 2002-2003, sous le maillot de Manchester United. Hier, Messi a inscrit son 36e but en 55 matches de C1. Effaçant ainsi des tablettes Gerd Müller, le canonnier allemand du Bayern. Depuis, hier, mercredi, Messi a marqué 52 buts cette saison. Record absolu en Espagne. Messi pèse désormais 178 buts sous le maillot du Barça. Voilà pour les chiffres.