Le scepticisme prévaut dans le camp du vice-président Joe Biden. Le grand absent de Pittsburgh est revenu cette semaine hanter l'administration démocrate qui ne sait plus à quelle démarche se vouer. Erigée en priorité absolue, la question afghane interpelle le président américain pour arbitrer le débat épineux sur les choix stratégiques. Des consultations sont entamées par son équipe de conseillers à la sécurité nationale pour départager les avis divergents opposant les «militaires» aux «civils». Les différences d'appréciation sont apparues nettement, à la faveur du rapport émis par le commandant en chef de l'ISAF et de l'Otan, le général Stanley McCrystal, reproduit dans les colonnes du Washington Post sous la plume de son journaliste vedette, Bob Woodward, réputé proche de Bush. Le général McChrystal a plaidé pour l'envoi de renforts (de 10.000 à 30.000 s'ajoutant aux 21.000 déjà envoyés), sous peine de perdre la guerre contre les Talibans. Il souhaite aussi réorienter la mission vers la protection de la population. Cette analyse est partagée par le secrétaire général de l'Otan, Anders Fogh Rasmussen, le général David Petreaus et l'amiral Michael Mullen. Mais, le scepticisme prévaut dans le camp du vice-président Joe Biden plaidant la nécessité d'une modification de la mission des troupes appelées à se concentrer sur les objectifs d'al Qaïda au Pakistan en recourant au drone. La démarche vise également à privilégier la formation des troupes afghanes. Le niet de Biden au renfort exigé par le commandant en chef McCrystal trouve un large écho dans les milieux politiques au sein de l'opinion américaine de plus en plus réticente à un engagement militaire. «Il est évident qu'il y a certaines personnalités à la Maison-Blanche qui penchent plutôt pour ça», estime Stephen Biddle, spécialiste de l'Afghanistan au conseil des relations extérieures. Au milieu du gué, le président Obama est dans de sales draps. Saura-t-il éviter le piège afghan ?