Les Français semblent conscients de l'importance des relations avec notre pays qui est un marché prometteur. La visite de M. Alain Juppé dans notre pays, à l'invitation de son homologue algérien, « vient consacrer l'approfondissement des relations politiques entre les deux pays », a indiqué mardi le Quai d'Orsay. «Elle permettrait de progresser sur des dossiers régionaux stratégiques», a-t-il ajouté. Visiblement, d'un côté comme de l'autre, la page Kouchner qui, quelques mois avant son départ, avait irrité par des déclarations intempestives, est tournée. Depuis un an, un net réchauffement est perceptible. Sur le plan économique, la mission confiée par Sarkozy à Jean-Pierre Raffarin a commencé à porter ses fruits. De nombreux projets d'investissement ou de partenariat, comme celui de Total ou du constructeur automobile Renault, ont été relancés ou débloqués. Fin mai, un forum économique, avec plus de 700 entreprises, s'était tenu à Alger au cours duquel des accords notamment sur le rachat par Saint-Gobain du leader de la verrerie nationale Alver et un autre sur l'entrée d'Axa sur le marché algérien avaient été signés. Nombre d'entrepreneurs nouent des relations même à l'échelle des villes ou des régions. Les deux capitales ont désormais pour ambition affichée de dissiper les malentendus. Le porte-parole du ministère des AE, Amar Belani, avait évoqué lundi «une volonté commune d'édifier un partenariat d'exception». RAPPROCHER LES PERCEPTIONS Depuis l'arrivée de Juppé, rien n'est venu altérer les relations bilatérales. Les Français semblent conscients de l'importance des relations avec notre pays qui est un marché prometteur. La France est le premier investisseur étranger hors hydrocarbures en Algérie et le deuxième, tous secteurs confondus, derrière les USA. L'Algérie est également un partenaire dans la gestion de nombreux dossiers de politique internationale. La situation au Proche-Orient où la diplomatie française tente laborieusement de relancer le processus de paix mais surtout la dégradation de la situation sécuritaire en Libye imposent un dialogue. Ce dernier est d'autant plus nécessaire que la crise libyenne a des incidences directes au Sahel où les deux pays sont impliqués dans la lutte contre la menace terroriste. L'occasion sera saisie pour tenter de rapprocher les deux perceptions différentes que les deux pays développent. Le dialogue permettra, vraisemblablement, d'aplanir la différence d'approche sur le dossier du Sahara Occidental et de l'Union pour la Méditerranée, un projet qui a besoin d'une relance. Longtemps, des questions liées à l'histoire ont perturbé les liens entre les deux pays suscitant régulièrement des crispations. La perception de celle-ci reste prégnante. Si au niveau officiel on ne met plus en avant la revendication de la repentance, des partis politiques et des associations n'ont pas renoncé à celle-ci. Le ministre français se rendra, aujourd'hui à Oran, jumelée avec Bordeaux, dont il est le maire, pour y rencontrer les autorités et de jeunes Algériens. Une cérémonie aura lieu au CCF de la ville comme pour rappeler que la dimension culturelle ne reste pas absente de ce programme de visiste.