Les réformes politiques au pays ont constitué le gros des débats d'une table ronde organisée, hier, à Alger, par le Centre de recherches stratégiques et sécuritaires (CRSS) sous le thème «Approche systémique des réformes politiques en Algérie». La rencontre a été animée par MM. Abdelkader Mahmoudi et Mokhtar Mezrag, universitaires, spécialistes en relations politiques. Dr Mahmoudi, arguments à l'appui, est convaincu qu'un dysfonctionnement total caractérise le système actuel. Il entame sa communication en estimant que «de par le monde, s'il y a un dysfonctionnement, c'est que le système suivi ne s'adapte plus à son présent et nécessite des corrections». Au plan politique, il constate que le processus entamé depuis l'indépendance nécessite, poursuit-il, une nouvelle approche. «La situation appelle à un redressement. Nous sommes arrivés à une impasse, on ne peut ni reculer ni continuer avec le système actuel», observe-t-il. L'orateur déplore dans son analyse le fait d'avoir malmené «la valeur nationaliste dans le parcours démocratique». Ainsi, il admet que le système de gouvernance en Algérie obéit plus aux évènements internationaux. Exemple éloquent est avancé pour étayer ses dires : «On parle ailleurs de la mondialisation, nous en parlons nous aussi, idem pour les droits de l'homme, la famille… ».Le Docteur commente cet état de fait en soulignant que «l'Algérie est atteinte d'un Sida conceptuel».La démocratie regroupe, de son point de vue, le volet structurel et fonctionnel à la fois. Pour lui, «justement, un des dysfonctionnements du système politique en Algérie c'est que la démocratie n'y est pas fonctionnelle». Un autre exemple est étalé à cet effet. Le conférencier indique que la pratique démocratique n'est pas idoine au pays en constatant que les élus ne sont pas désignés par voie libre puisque «les premiers candidats figurant dans les listes électorales sont élus d'office alors que c'est les directions de parti qui les ont mis et non les votants». En ce sens, et en guise de proposition pour une sortie de crise, Abdelkader Mahmoudi préconise que «la science doit être le support de toute action politique». Dans le même sillage de propositions, il renvoie les décideurs à s'inspirer de la pensée politique de Malek Bennabi qui, dans l'un de ses chapitres, admet que «la démocratie n'est ni esclavagisme ni despotisme». Le dysfonctionnement au pays est présent également au plan culturel, poursuit encore le Dr Mahmoudi. Il soulève, à cet égard, l'absence, au pays, de complémentarité entre les deux composantes de la culture qui sont l'inné et l'acquis. Soutenant le point de vue de son prédécesseur, le Docteur Mezrag a estimé que «la démocratie ne peut se promouvoir dans un climat où les libertés sont absentes».Les réformes politiques escomptées en Algérie sont-elles une exigence ou un choix ? s'est-il interrogé. Sans ambages, il convient que «la situation prévalant actuellement au plan régional est à l'origine de l'idée d'aller vers des réformes». Ce qui n'est pas chose aisée, estime encore ce politologue.