Photo : Horizons. Perchée à plus de 1.400 m d'altitude, Tikjda, station climatique, située à une vingtaine de kilomètre au nord d'El Asnam (à l'Est de la ville de Bouira), a perdu quelque peu de son éclat. En ce mois de juillet, où les vacanciers savourent déjà le repos, un silence de cathédrale y règne. Malgré tout, Tikjda, reste toujours cette femme légendaire, qui garde toujours sa splendeur quel que soit le poids de l'âge et les vicissitudes du temps affichant ce naturel qui lui sied tant avec un air plein de charme destiné à séduire. Que représente Tikjda pour celui qui visite l'endroit pour la première fois ? C'est tout simplement un site naturel recouvert de cèdres en haut du Djurdjura et dont les quelques infrastructures marquent l'abandon, la déchéance. «Les choses ont changé. Tikjda d'hier n'est plus celle d'aujourd'hui», déclarent les fidèles de la transhumance. Da Mohand, originaire d'El Asnam, évoque avec enthousiasme la Tikjda d'antan. Il se remémore sa beauté d'avant la décennie noire, lorsque elle était la destination privilégiée de la majorité des Algériens amateurs d'air frais et d'eau limpide ruisselant des tréfonds de la montagne. «Dans les années 70 et 80 cette station était un petit paradis sur terre», se souvient Da Mohand avec beaucoup d'amertume. Et d'ajouter : «A cette époque-là, les gens qui s'y rendaient étaient charitables faisant preuve d'altruisme, chacun faisait ce qu'il pouvait pour rendre service à autrui. C'était le bénévolat dans tous les domaines». Mais le temps et le terrorisme chacun de son côté ont laissé leurs empreinte. D'ailleurs, un coup d'œil sur le Centre national des sports et loisirs (CNSL) de la station réalisé en octobre 1993, par le Ministère de la Jeunesse et des Sports, où son état de dégradation vous donne un aperçu. Les deux bâtiments abritant des chambres personnalisées sont à l'abandon : vitres brisées, véhicules de services aux pneus crevés et places de repos saccagées. Et pour courronner le tout, le personnel observe une grève depuis plus de 04 mois. Aux alentours du complexe tout n'est que vide et silence. La cité érigée par le ministère de la Jeunesse et des Sports a été également abandonnée. L'engouement qu'inspirait jadis le site n'est plus qu'un vague souvenir qu'on tente toutefois de revivifier. « Avec l'ouverture de l'unité de grimpe de la Protection civile, ce véritable joyau touristique, commence à retrouver vie », indique M. Hamani, responsable en transmission. Un particulier a contribuer a redonner vie à cette contrée en construisant une mosquée. Et un musée pour le parc national de Djurdjura a vu le jour. De même qu'à quelques encablures du centre de Tikjda, le chalet du Kef, récemment rénové par la direction de la jeunesse et des sports, est prêt à recevoir les visiteurs. Il sera réouvert au public prochainement pour le grand bonheur des amoureux de cet endroit paradisiaque perché sur les hauteurs du majestueux Djurdjura. Le bâtiment, géré auparavant par la Fédération algérienne de ski et des sports de montagne (FASSM), mais livré à l'abandon depuis les années noires, a finalement été transféré aux bons soins du Centre national des sports et loisirs de Tikjda (CNSLT). A 6 km en allant vers Tizi Ouzou, se trouve le plateau d'Aswel. En fait l'endroit se termine par un gouffre d'une profondeur abyssale d'une profondeur de plus de 800 m. Le lieu est féerique mais malheureusement encore une fois laissé à l'abandon. Des éléments du Groupement de reconnaissance et d'intervention en milieu périlleux de la Protection civile de la wilaya de Bouira (GRIMP-10), l'ont exploré à plusieurs reprises descendant jusqu'au fond de ses entrailles. Il s'agit d'une opération d'entraînement, de mise à niveau des participants et d'exploration», indique Moulaï Khelifa, directeur général de la Protection civile de Bouira. Sur ce même plateau, existe une autre infrastructure, elle aussi délaissé : un stade qui a coûté 12 milliards de centimes. Ici à Bouira on espère de tout cœur que Tikjda retrouve son aura d'antan, qu'elle retrouve aussi l'époque où des centaines de personnes affluaient de toutes les wilayas du centre pour admirer le temps d'un week-end le majestueux massif et sa nature vierge.