Le théâtre de verdure Hasni-Chekroune d'Oran a vibré, sept jours durant, au rythme des sons endiablés de la musique raï. Ces journées, organisées par l'Office communal de la culture et des arts, ont connu leur apogée lors des soirées animées par Khaled et Bilal. Le concert de Khaled, en duo avec Blaoui El Houari, organisé la veille de la commémoration du 49e anniversaire de l'Indépendance, aura été exceptionnel à tous points de vue : feux d'artifice, présence des autorités civiles et militaires de la wilaya, assistance record… Excepté Mami, qui était absent «à cause de son agenda chargé», nous dit-on à l'Office, mais, en vérité, parce que les finances de cet organisme ne pouvaient permettre la prise en charge simultanée des deux monstres budgétivores (Khaled et Mami) de la chanson raï , presque tous les chebs et chabates de la place d'Oran ont été appelés à la rescousse pour défiler sur les planches de Hasni-Chekroune et animéer les soirées estivales des Oranais. Certains se sont produits avec joie, comme cheb Bilal, Houari Benchennat, El Hindi ou encore Redouane. D'autres, des chabates, surtout, ont laissé des plumes sur l'estrade. A l'image de Djamila Rziwiya ou encore de Dalila qui, ont été huées par le public à cause de leurs textes «trop osés» et ont dû quitter la scène, les larmes aux yeux et le cœur gros. D'autres, à l'image de Zehouania et Abdou..., eux, n'ont tout simplement pas été invités. Avant hier, le Théâtre de verdure devait vibrer sous le martèlement des mots que sait trouver Lotfi Double Kanon pour raconter les maux de la vie et du pays. La dernière soirée, hier, a été consacrée à des chanteurs plus variés, allant de Réda Doumaz à Naïma Ababsa, en passant par Chaou et Khaldi Abdelkader… Des noms du châabi, du raï a'roubi et d'autres de la chanson moderne ont, donc, été conviés à clôturer la soirée. Sans doute pour justifier l'intitulé de ces journées musicales que les organisateurs ont appelé «chanson moderne». Une subtile feinte de corps pour, en fait, remplacer le Festival du raï qui, depuis quelques années, a été délocalisé à Sidi Bel Abbès. Plus généralement, si le Théâtre de verdure a vu défiler des jeunes, des vieux et des familles venus respirer un bol d'air frais et de musique «autre que celle des discothèques», il reste que, selon beaucoup de présents, le côté organisationnel a fauté, lors de certaines soirées, par manque de sérieux et parfois, comme lors du concert de Khaled, par une rigidité des services chargés de maintenir l'ordre, un comportement qui n'a aucun rapport avec des soirées conçues pour la détente. Trop de vigiles zélés. Et trop de policiers. Pour interdire aux jeunes de danser et aux familles de se regrouper. De jeunes énergumènes ont, également, saisi cette inestimable opportunité pour s'adonner à leur sport favori en délestant les familles et les femmes de leurs biens, surtout de leurs portables. D'autres, saoul ou sous l'effet de psychotropes, allez savoir, ont essayé, sans succès heureusement de semer le trouble parmi l'assistance. Ce qui aura donné un travail supplémentaire aux agents de sécurité… Les responsables de l'Office communal, qui semblent satisfaits avant même d'avoir fait leur bilan, promettent de remettre ça pour le Ramadhan. Espérons cette fois qu'il y aura un peu plus de considération de la part des organisateurs et du service d'ordre.