Le peuple algérien commémore aujourd'hui le 65e anniversaire des premières explosions nucléaires menées par les autorités coloniales françaises dans le Sud algérien. C'était le samedi 13 février 1960, la France effectuait le premier d'une série d'essais atomiques, sous le nom de ''Gerboise bleue'', à une cinquantaine de kilomètres de la ville de Hamoudia (Reggane), dans le Sahara algérien, alors sous son occupation coloniale. L'Algérie ne cesse d'exiger de la France d'assumer pleinement sa responsabilité dans l'élimination des déchets de ses explosions nucléaires. On sait que cette revendication sera inscrite de manière «claire et explicite» dans la législation environnementale nationale afin de garantir les droits des générations actuelles et futures à un environnement sain et durable. C'est la ministre de l'Environnement et de la Qualité de la vie, Nadjiba Djilali, qui l'a affirmé récemment après l'adoption par le Conseil de la nation du texte de loi relatif à la gestion, au contrôle et à l'élimination des déchets. Il s'agit de garantir les droits des générations actuelles et futures à un environnement sain et durable. La ministre a précisé que cette nouvelle loi «revêt des dimensions qui dépassent les défis environnementaux actuels et porte des messages forts liés à la justice historique et environnementale», évoquant «les effets délétères des explosions nucléaires réalisées par le colonisateur dans le Sud du pays». La ministre a souligné que l'auteur de cette catastrophe environnementale doit «assumer pleinement ses responsabilités historiques, morales et juridiques dans l'élimination de ces déchets radioactifs et reconnaître l'énorme préjudice qu'il a causé à notre pays et aux populations d'Adrar, de Reggane, d'In Ekker et d'autres régions». Il faut rappeler que l'explosion a provoqué une catastrophe naturelle et humaine et environnementale, avec une puissance entre 60.000 et 70.000 tonnes d'explosifs, soit cinq fois celle de la bombe larguée par les Etats-Unis sur la ville d'Hiroshima (Japon). Les forces d'occupation françaises prétendaient que les régions de Reggane (Adrar) et In Ecker (Tamanrasset), lieux des essais, étaient des zones inhabitées et désertiques, alors qu'elles abritaient près de 20.000 civils. Entre 1960 et 1966, la France a effectué 57 essais d'explosions nucléaires : quatre explosions aériennes à Reggane, 13 explosions souterraines à In Ecker, 35 explosions supplémentaires à Hammoudia et cinq sur le plutonium à In Ecker, sur un rayon de 30 km de la montagne où ont eu lieu les explosions souterraines. Chaque année, plusieurs cas de cancer, de malformations congénitales, de handicap, de stérilité et de troubles psychologiques chroniques sont recensés. Par ailleurs, l'équilibre environnemental et territorial de ces zones reste gravement menacé. Jusqu'à présent, les autorités algériennes n'ont pas reçu de cartes ou de plans indiquant les sites d'enfouissement du matériel utilisé lors de ces explosions, malgré les nombreux appels et initiatives lancés par plusieurs associations pour la prise en charge des victimes, la décontamination des sites des déchets radioactifs et la restitution des archives sanitaires et techniques. La France officielle continue de faire la sourde oreille à cette revendication qui constitue un enjeu central dans ses relations avec l'Algérie. Dans son discours adressé à la nation devant les deux chambres du Parlement en décembre dernier, le Président Tebboune a affirmé que «les Algériens ont un droit imprescriptible et ils exigent la reconnaissance des massacres commis par le colonisateur». «Le colonisateur a laissé en Algérie des maladies résultant de ses essais nucléaires dont souffrent encore aujourd'hui nos compatriotes dans le Sud», a souligné le président de la République. Lors de son interview accordée au quotidien français L'Opinion, le président de la République a affirmé que les réparations relatives aux explosions nucléaires et à l'utilisation d'armes chimiques par la France dans le Sud de l'Algérie est un sujet indispensable pour la reprise de la coopération bilatérale, appelant à régler définitivement ces contentieux. Il a indiqué que le dossier du nettoyage des sites des explosions nucléaires est «nécessaire», et qu'il constitue «un devoir humanitaire, moral, politique et militaire», estimant que cette opération doit être menée avec les autorités françaises, qui doivent révéler «avec précision» les zones où ces explosions ont eu lieu.