La stabilité est primordiale pour garantir la relance des réformes démocratiques et économiques. La mort par balle du jeune adolescent, Thabet Belalcázar, à Sidi Bouzid, l'épicentre du soulèvement populaire qui a mis bas le régime honni de Ben Ali, relance de plus belle la question sur le devenir de la Tunisie en proie à la violence endémique et à l'instabilité. Il est la victime d'une série d'incidents qui ont éclaté dans plusieurs villes du pays où des postes de police ont été attaqués. Face au risque de dérapage, le Premier ministre, Béji Caïd Essebsi, est monté au créneau pour tenter de calmer la situation tendue à l'extrême. Il est attendu qu'il s'exprime, lors de son discours à la Nation prévu, hier, sur les récents événements pour présenter «la feuille de route du gouvernement pour les trois mois restants avant les élections d'octobre». Réussira-t-il à remettre sur les rails la transition démocratique en dérive sanglante ? Le défi de la stabilité est primordiale pour garantir la relance des réformes démocratiques et économiques dans un pays exangu. Tout en mettant en cause «certaines forces extrémistes» qui oeuvrent à la destabilisation, le porte-parole du ministère de l'Intérieur, Mohamed Hichem Moueddeb, a dénoncé la manipulation de «certains partis» tentés de «tirer profit de ces troubles» et des manifestations loin d'être «pacifiques». Dans les événements de Menzel Bourguiba, le gouvernement a pointé l'index accusateur sur un «groupe d'extrémistes religieux mêlé à des délinquants impliqué dans l'assaut du poste de police. L'ombre pesante des salafistes et la main vengeresse des partisans de Ben Ali, ceux-là fortement soupçonnés de travailler à mettre en échec le processus électoral et l'élection d'une assemblée constituante, prévue le 23 octobre, présentent une sérieuse menace pour la jeune démocratie en construction.L'été chaud tunisien s'annonce désastreux. «Il y a des dérives», a lancé le Premier ministre tunisien inquiet des retombées de la situation économique «très mauvaise» et de la poursuite des cycles de grève à répétition menant à l'arrêt des activités des plus importantes entreprises. Le niveau de récession, avec un recul de la croissance estimé à 3,3% au premier trimestre et 0% au second, le chômage endémique et l'afflux des réfugiés fuyant l'enfer libyen, fondent le pessimisme tunisien. «Il n'est pas facile de gérer le pays dans ces conditions», a affirmé, mercredi, le Premier ministre dans une intervention devant la haute instance chargée des réformes.