C'est un procès des plus intéressant qui se tient actuellement dans la capitale française. Intéressant, dans la mesure où il revient sur une période dramatique de l'Algérie, mais aussi sur les attaques infâmes qu'a eu à subir notre pays. Le procès en question met en confrontation l'un des porte-voix les plus en vue du «qui-tue-qui ?», j'ai nommé Jean Baptiste Rivoire, et la compagne du journaliste français Didier Contant, qui a enquêté sur l'assassinat des moines de Tibhirine avant d'être censuré puis poussé au « suicide » en 2004. Le drame de Contant, c'est qu'il avait décidé de tordre le cou, en France, au lobby politico-médiatique qui voulait coûte que coûte imposer le «qui-tue-qui ?». Il avait notamment mené une enquête minutieuse sur l'assassinat des moines de Tibhirine. Au moment où Rivoire, qui exerçait à Canal+, tentait maladroitement d'impliquer l'armée algérienne dans ce crime, Didier Contant battait en brèche cette thèse en s'appuyant sur le témoignage d'un ex-otage du GIA. L'enquête de Contant et surtout le témoignage du rescapé avaient sérieusement ébranlé le plan des partisans du « qui-tue-qui ? ». Contant avait, en effet, donné la priorité à l'investigation sur le terrain, au moment où dans l'autre bord on élaborait des stratégies dans d'obscures laboratoires de propagande. Le puissant lobby « bien pensant » de la scène médiatico-politique française, finira par avoir la peau du journaliste. A force de harcèlement, de pression et de calomnie, il acculera le journaliste au suicide. L'événement passera quasiment inaperçu. Les médias français, si prompts à dénoncer les « dérives » des autres, se contenteront d'un entrefilet pour annoncer l'info. De tout temps la vérité dérange. Au moment du procès, la chaîne de télé française TF1 a consacré une émission animée par Guillaume Durand et qui fait la lumière sur les manipulations médiatiques, orchestrées par des officines avec le concours intéressé de certains journalistes. Au cours de cette émission intitulée « L'objet du scandale traité », Durand et ses spécialistes d'invités s'évertueront, par un traitement sélectif, à défendre bec et ongles les thèses américaines sur les attentats du 11 septembre 2001. Tout était fait pour casser ceux, personnalités, scientifiques, journalistes…, qui considèrent que les attentats du WTC sont entourées de nombreuses zones d'ombres. Une intervention à particulièrement attiré l'attention, celle d'un invité qui considère que remettre en cause les thèse officielles américaines revient à insulter la mémoire des victimes. Acquiesçant, les présents sur le plateau soutiendront unanimement qu'il est indécent et contraire à la morale de douter de l'identité des auteurs de l'attentat. Dans ce contexte, je ne pouvais qu'avoir une pensée pour ces milliers d'Algériens victimes de la barbarie terroriste insultées régulièrement par les partisans du « qui-tue-qui ?». Est-ce leur statut de victimes algériennes qui fait qu'ils n'ont droit à aucune reconnaissance ? Le fameux lobby venait, ainsi, de prouver qu'il use et abuse de la thèse du «qui-tu-qui ?» à des fins inavouées. Plus grave, la thèse en question s'adapte bien à la… géométrie variable.