Les Quraychites ont violé la trêve conclue à Al-Hudaybiyah. Le prophète de Dieu marche avec une armée d'un peu plus de 10.000 hommes sur la Mecque. Abou Sufyan, voyant que la situation est perdue pour les Quraychites, décide de laisser la ville au prophète en signe de reddition. Les idoles de la Kaâba sont détruites et le sanctuaire sacré purifié. Le pacte d'Al-Hudaybiyah précisait clairement que toute agression sur les biens des musulmans ou des Quraychites amènerait immédiatement la rupture de ce dernier. Aussi, en apprenant qu'une des caravanes de Khuza'ah, tribu alliée alors au Prophète de Dieu (QSSSL), s'est faite agressée par une troupe de Quraychites, Mohammed (QSSSL) ordonne aux musulmans de se mobiliser, sans préciser le but de sa manœuvre générale. Pendant ce temps, apprenant que le pacte a été rompu par des membres de leurs tribus, les Quraychites attendirent avec anxiété la réaction du Prophète de Dieu. Abu Sufyan (1) part alors pour Médine, afin de tenter de calmer la situation. Il va d'abord voir sa fille Umm Habibah, une des femmes du Prophète de Dieu (QSSSL) afin de tenter de la rallier à sa future plaidoirie. Même si elle n'était pas au courant des plans de son mari, Umm Habibah connaissait bien les sentiments de Mohammed (QSSSL) vis-à-vis des Quraychites. Aussi, elle ne manqua pas de dire ce qu'elle pensait réellement de son père, qu'elle considérait comme un associant et qu'il ne pouvait rester plus longtemps dans la maison du Prophète de Dieu. Abu Sufyan sortit de la maison de Mohammed fou de rage, et alla demander audience au Prophète de Dieu qui la lui refusa. Malgré son insistance auprès des divers compagnons du Prophète de Dieu (QSSSL) et des membres de sa famille comme Ali ou Fatimah, Abu Sufyan ne put s'entretenir avec Mohammed (QSSSL). Blessé dans sa dignité et dans son orgueil, il repartit pour la Mecque, attendant lui et son peuple avec anxiété ce que le Prophète projetait d'accomplir. Le plan de Mohammed (QSSSL), en ne donnant aucune réponse aux inquiétudes des Quraychites, n'était en fait qu'une volonté de ne pas leur donner suffisamment de temps pour se préparer à l'affrontement qui aurait prochainement lieu. Pourtant, quand Mohammed (QSSSL) partit de Médine avec son armée, un musulman Muhâjir du nom d'Hatib Ibn Abu Balta'ah écrivit une lettre qu'il donna à une femme dénommée Sarah, et qui avait pour mission de prévenir Quraysh. Le Prophète fut bientôt mis au courant et envoya Ali et Al Zubayr Ibn al `Awwam (2) intercepter ce messager. Ali ordonna à Sarah qu'elle lui remette la lettre et menaça de la déshabiller complètement si elle ne voulait pas s'exécuter dans la minute. Sarah fut ramenée à Médine, et Hatib fut arrêté. Toutefois, ce dernier assura à Mohammed (QSSSL) sa sincérité dans sa foi en l'Islam et avoua qu'il craignait juste pour sa famille restée à la Mecque. Le prophète comprit et lui pardonna, surtout du fait qu'Hatib avait combattu courageusement à Badr. A cette occasion, le verset suivant descendit : 1. Ô vous qui avez cru ! Ne prenez pas pour alliés Mon ennemi et le vôtre, leur offrant l'amitié, alors qu'ils ont nié ce qui vous est parvenu de la vérité. Ils expulsent le Messager et vous-mêmes parce que vous croyez en Allah, votre Seigneur. Si vous êtes sortis pour lutter dans Mon chemin et pour rechercher Mon agrément, leur témoignerez-vous secrètement de l'amitié, alors que Je connais parfaitement ce que vous cachez et ce que vous divulguez ? Et quiconque d'entre vous le fait s'égare de la droiture du sentier. Sourate 60 : AL-Mumtahanah (L'éprouvée) Les musulmans marchèrent ensuite vers la Mecque, et à chaque halte, une nouvelle tribu venait grossir les rangs de l'armée, lui donnant une taille jamais atteinte jusqu'alors. Mohammed (QSSSL) savait que les Quraychites seraient en infériorité numérique, et il ne souhaitait pas prendre la Mecque en versant inutilement le sang, aussi décida-t-il de camper sur les hauteurs proches de la ville. Al `Abbas Ibn `Abd al Muttalib, oncle du Prophète et converti à l'Islam, retourna à la Mecque car il savait très bien que cette dernière ne tiendrait pas une journée. Il ne voulait pas que le sang jaillisse dans cette ville qu'il considérait comme sacrée de par la présence du sanctuaire sacré de la Kaâba en son sein. Une fois prévenu, Abu Sufyan se rendit au campement du Prophète de Dieu (PBSL), prêt à négocier la reddition sans concession de la Mecque. Mohammed (QSSSL) accueillit Abu Sufyan au milieu d'une assemblée composée d'anciens parmi les Muhâjirûn et les Ansâr (3). Il s'adressa à son oncle en ses termes : «N'est-il pas temps de reconnaître qu'il n'y a de Dieu que Dieu, Abou Sufyan ?» Après réflexion, et devant l'insistance d'Al Abbas qui le conseillait d'accepter l'Islam avant de risquer sa vie, Abu Sufyan fit sa déclaration de foi devant Mohammed (QSSSL) et son assemblée. Mohammed déclara alors : «Quiconque entre dans la maison d'Abu Sufyan est en sécurité, quiconque reste dans sa maison est en sécurité et quiconque entre dans la mosquée est en sécurité.» Mohammed entra alors triomphalement dans la Mecque, déclara l'inviolabilité du sang entre les habitants de la Mecque et les Médinois, et ordonna que l'on ne touche ni aux biens ni aux familles des Mecquois. Une fois arrivé devant la Kaâba, le Prophète y entra, détruisit toutes les idoles qui y étaient entreposées (4), en récitant le verset suivant : 81. Et dis : «La Vérité (l'Islam) est venue et l'Erreur a disparu. Car l'Erreur est destinée à disparaître». Sourate 17 : Al-Isra (Le Voyage nocturne) Ensuite, Bilal (5) fut invité à monter sur le toit de la Kaâba, et à prononcer l'appel à la prière de la plus belle voix dont il pu faire preuve, afin de convier à l'adoration de Dieu tous les musulmans et ceux qui souhaitaient le devenir. La Mecque était maintenant purifiée de toute idolâtrie, et les musulmans avaient réussi à récupérer le sanctuaire consacré de la Kaâba, où chacun pourrait dorénavant y prier en toute quiétude. L'Islam allait maintenant commencer à rayonner sur toute l'Arabie. (1) Un des seigneurs des Quraychites, jadis respecté pour sa fortune et ses nombreuses caravanes qui alimentaient la Mecque de produits en provenance de Syrie. (2) Un des dix compagnons du Prophète promus au Paradis de son vivant. Se référer à notre article sur les compagnons du prophète. (3) Les Muhâjirûn sont ceux qui ont émigré et qui ont embrassé l'Islam à l'arrivée du Prophète à Médine tandis que les Ansâr sont ceux qui se sont convertis à l'Islam avant l'Hégire (4) Excepté un portrait de Jésus (Aïssa) et de sa mère Marie (Maryam) qu'il prit dans ses mains et qu'il embrassa. (5) Esclave noir converti très tôt à l'Islam ; torturé par son maître quraychite de l'époque, il fut acheté et libéré par l'ami intime du prophète, Abou Bakr.