Une sourate entière, la sourate 33 - les coalisés, fait référence à cette bataille particulièrement importante de l'Islam, car une défaite des musulmans aurait alors signé la mort de Mohammed (QSSSL) et la fin de la religion. LES COALISES Après leur défaite à Ouhoud, les musulmans continuèrent, sous la conduite de Mohammed (QSSSL), à grandir en influence et en force en Arabie. La diffusion rapide de l'Islam permit ainsi au Prophète de Dieu (QSSSL) de gagner en reconnaissance, et de ce fait le nombre de convertis grimpe de façon exponentielle. En 627, Mohammed (QSSSL) décida d'envoyer de nouveau une force armée composée de 300 hommes et de 10 chevaux à Badr, au-devant de l'armée quraychite, qui menaçaient à nouveau de lancer une attaque contre les musulmans. Bien qu'aucune bataille n'eut lieu, cette décision permit au Prophète de Dieu (QSSSL) de montrer la puissance de l'armée musulmane, et de réduire le nombre de confédérations pouvant se former contre les musulmans, dont le culte monothéiste pur et dénoué d'idolâtrie était une nuisance pour des peuples habitués à adorer des idoles de pierre et de bois. Cette manœuvre eut un effet partiel car elle ne permit pas d'éviter la formation d'une coalition entre les Quraychites et la tribu juive des Banu Nadir, au début de l'an 627. Ces derniers, menés par Huyayy ibn Akhtab, ainsi que d'autres leaders juifs de l'oasis de Khaybar, rencontrèrent Abu Sufyan à la Mecque pour s'allier avec ce dernier et éradiquer une fois pour toute la présence indésirable de Mohammed (QSSSL). LA MARCHE DES COALISES VERS MEDINE L'armée se mit aussitôt en marche vers Médine, non sans que d'autres tribus juives telles que les Banu Ghatafan, Bani Asad, Bani Sulaym et les Banu Murra pour donner un total estimé à environ 10 000 hommes. La tribu des Bani Amir, qui était liée par un pacte avec Mohammed (QSSSL), ne prirent pas part au conflit. Huyayy ibn Akhtab, qui ne tenait pas à perdre inutilement sa vie dans un conflit armé, préféra se rendre à Khaybar dans l'attente de la fin de la guerre et de l'Islam par extension, et laissa donc le commandement de son armée à Abu Sufyan. Entre-temps, les Banu Khuza se rendirent à Médine pour prévenir le Prophète de Dieu (QSSSL) de l'arrivée imminente de l'armée des coalisés et de l'importance de leurs forces. Après quatre jours de voyage, ils arrivèrent à Médine et apprirent à Mohammed (QSSSL) la venue de l'armée coalisée dans un délai d'un peu plus d'une dizaine de jours. Mohammed (QSSSL) a, comme à son habitude, réuni l'ensemble des habitants de Médine afin de réfléchir sur la meilleure stratégie à adopter pour contrer l'ennemi. Certains proposèrent d'attaquer l'ennemi frontalement, comme cela avait été le cas lors de la bataille de Badr, alors que d'autres proposèrent d'adopter une stratégie défensive, dans la même ligne que celle entreprise à Ouhoud, et de se protéger au sein de la cité. SALMAN LE PERSE Tout comme les batailles de Badr et de Ouhoud, où une stratégie particulièrement bien adaptée au contexte fut utilisée, la bataille du fossé ne fait pas exception à la règle. En effet, l'un des compagnons du Prophète de Dieu (QSSSL), Salman Al-Farissy (ou Salman le Perse), s'adressa à Mohammed (QSSSL) : «Oh Messager de Dieu, quand nous nous trouvions assiégés en Perse, nous construisions une tranchée afin de nous protéger des attaques ennemis.»Le prophète de Dieu (QSSSL) accepta, car il trouvait l'idée originale et surtout fortement ingénieuse du fait que Médine ne comportait qu'une seule entrée au Nord de la cité. En construisant une tranchée en amont de ce point de passage obligé pour entrer dans la ville, les musulmans compromettaient fortement l'efficacité des attaques que produirait la coalition. Il fut donc ordonné de construire une tranchée de quatre kilomètres de long, large de six mètres et profondes de cinq mètres, qu'aucun cavalier ne puisse franchir. Elle fut construite, d'après de nombreuses sources, en une vingtaine de jours. Mohammed (QSSSL) ordonna également à mille cinq cents hommes de protéger cette dernière, et également à deux cents autres de mettre les femmes et les enfants à l'abri. Ces derniers, qui avaient comploté dans le but d'assassiner le prophète Mohammed (QSSSL), s'étaient fait exilés de force vers l'oasis de Khaybar. En effet à Badr, le Prophète de Dieu (QSSSL) ordonna aux musulmans de boucher les puits afin de priver l'armée quraychite en eau, et à Ouhoud, une partie des archers musulmans furent placés en hauteur sur une colline afin de surplomber le champ de bataille et protéger les arrières des troupes musulmanes LE SIÈGE DE MEDINE Un peu plus de trois mille musulmans étaient préparés à défendre l'Islam et le prophète de Dieu (QSSSL) au péril de leur vie. Les coalisés, en arrivant à Médine, furent particulièrement surpris de voir la tranchée, du fait que chez les Arabes, les sièges étaient alors une technique de guerre inconnue. Ils furent ainsi dans un premier temps incapables de traverser la tranchée, gênés aussi par les flèches enflammées décochées par les musulmans présents de l'autre côté. Dans un deuxième temps cependant, les Quraychites, sous l'impulsion de ‘Amr bin ‘Abd-e-Wudd et Ikrimah Ibn Abu Jahl, arrivèrent à traverser temporairement la tranchée. ‘Amr provoqua les musulmans et demanda un duel avec le meilleur de leurs combattants. Ali releva le défi, et tua rapidement ‘Amr, ce qui provoqua un mouvement de panique et de confusion au sein des rangs quraychites. Incapables de percer les rangs musulmans, les confédérés tentèrent une autre tactique. Les Banu Qurayza, une tribu juive installée au Sud de Médine, n'avaient aucun intérêt pour les musulmans ou pour leur religion, mais pouvaient espérer une récompense sensible de la part des Quraychites en cas de victoire de ces derniers. Huyayy ibn Akhtab retourna donc à Médine chercher leur support, et finit par les persuader de mettre un terme au pacte de non-agression qui les liaient au Prophète de Dieu (QSSSL). La rumeur de la trahison des Banu Qurayza se propagea rapidement, et Omar alla prévenir le Prophète de Dieu (QSSSL), qui s'inquiéta de ce revirement, du fait que les Banu Qurayza bénéficiaient d'un large arsenal militaire (1.500 épées, 2.000 lances, 300 armures et 500 boucliers). Le prophète de Dieu (QSSSL) demanda alors à trois musulmans de s'assurer de la position des Banu Qurayza, mais de ne pas répandre l'annonce de leur trahison si elle s'avérait être réelle, pour ne pas troubler le moral des troupes musulmanes. L'ART DE LA GUERRE Malheureusement, les musulmans finirent pas être mis au courant de la trahison des Banu Qurayza, ce qui leur infligea un rude coup au moral. Voyant que ses hommes avaient atteint les limites de leur endurance, le Prophète de Dieu (QSSSL) décida de négocier une trêve avec les Banu Ghatafan, contre un tiers des récoltes de datte de Médine. Ces derniers demandant la moitié de la récolte de datte, les chefs de Médine clamèrent leur refus de se plier devant une pareille ignominie. Les Ghatafans, en ayant entamé des négociations avec les musulmans, compromirent leur position au sein de la coalition. Cette dernière finit par se disloquer complètement grâce à l'intervention d'un de ses membres, Nuaym ibn Masud, qui s'étaient secrètement converti à l'Islam. Ce dernier reçut l'autorisation du Prophète de Dieu (QSSSL) de semer le trouble au sein des rangs coalisés, même s'il lui fallait pour cela mentir. La stratégie de Nuyam ibn Masud fut de contacter secrètement les Banu Qurayza, en leur faisant croire qu'en cas de victoire de Mohammed (QSSSL), les coalisés n'hésiteraient pas à les laisser à la merci de la colère des musulmans. Il leur conseilla donc de prendre des otages parmi les chefs des coalisés afin de se garantir leur loyauté. Ensuite, il se rendit auprès des chefs coalisés pour leur annoncer la décision des Banu Qurayza de prendre des otages, non pour s'assurer leur loyauté, mais pour les livrer au Prophète de Dieu (QSSSL). Les rangs des coalisés complètement désorganisés, finirent par être dispersés, la majorité des tribus y ayant pris part étant uniquement venue dans une optique de profit, et non réellement dans un optique de destruction de l'Islam, dont peu se préoccupent jusqu'alors. Entre-temps, Huyayy fut déclaré comme traître par Abu Sufyan du fait qu'il n'avait pu obtenir comme promis le support des Banu Qurayza, et avait complètement démoli le moral des troupes coalisés. Les mauvaises conditions météorologiques dont une forte tempête de sable qualifiée par le Coran comme une «aide de Dieu», ainsi qu'une diminution dans les provisions des coalisés suffirent à les convaincre de lever le camp. LE SIÈGE DE BANU QURAYZA Médine était sauvée, mais il restait encore au Prophète de Dieu (QSSSL) à régler le problème des Banu Qurayza, qui avaient fait preuve d'une haute trahison en brisant le pacte qui les liait aux musulmans. Aussi, après un siège de 25 jours, les Banu Qurayza capitulèrent, et se fut un juif des membres de la tribu des Aws (précédents alliés des Banu Qurayza), Sa'ad ibn Mu'adh, qui fut choisi pour prononcer le jugement à l'encontre de cette traîtrise. La décision fut rendue selon les mœurs israélites en temps de guerre (Deutéronome 20:10-14), elle aboutit le lendemain à la mise à mort de tous les hommes de la tribu des Banu Qurayza, la mise en captivité des femmes et des enfants, et leurs biens partagés entre les musulmans. 20.10 Quand tu t'approcheras d'une ville pour l'attaquer, tu lui offriras la paix. 20.11 Si elle accepte la paix et t'ouvre ses portes, tout le peuple qui s'y trouvera te sera tributaire et asservi. 20.12 Si elle n'accepte pas la paix avec toi et qu'elle veuille te faire la guerre, alors tu l'assiégeras. 20.13 Et après que l'Eternel, ton Dieu, l'aura livrée entre tes mains, tu en feras passer tous les mâles au fil de l'épée. 20.14 Mais tu prendras pour toi les femmes, les enfants, le bétail, tout ce qui sera dans la ville, tout son butin, et tu mangeras les dépouilles de tes ennemis que l'Eternel, ton Dieu, t'aura livrés. Mohammed (QSSSL), qui auparavant avait tendance à faire preuve de clémence envers les tribus vaincues, et même envers ses pires ennemis, décida sans doute d'en faire également un exemple, pour éviter à l'avenir que d'autres ne soient tentés de briser le pacte qui les lierait avec les musulmans. Quoi qu'il en soit, cet épisode marqua le début de la brouille entre juifs et musulmans, qui ne fera que s'aggraver par la suite.