De 1357 à la mort d'Abu Inan Faris, il passe vingt-deux mois en prison et doit sa liberté à El Hacen Ibn Omar, vizir et régent de l'empire. Lors des luttes dynastiques qui suivent le décès du monarque, Ibn Khaldoun soutient Abu Salim Ibrahim, l'oncle de l'héritier légitime. Une fois arrivé au pouvoir, Abu Salim Ibrahim lui offre une fonction de secrétaire d'Etat et directeur de la chancellerie, première position correspondant aux attentes d'Ibn Khaldoun. Hélas, Abu Salim Ibrahim est renversé par Tachfin, ami d'Ibn Khaldoun, en 1361, mais ce dernier n'obtient aucune fonction importante de la part du nouveau souverain. Dans le même temps, Tachfin parvient à empêcher Ibn Khaldoun, dont il ne connaît que trop bien les capacités politiques, de rejoindre les Abdalwadides à Tlemcen. Poussé par un besoin d'action, Ibn Khaldoun décide alors de partir pour Grenade à l'automne 1362. Il est certain d'y recevoir un accueil chaleureux après avoir aidé le sultan nasride Muhammad V al-Ghani à reprendre le pouvoir lors de son exil à Fès. En 1364, le sultan lui confie une mission diplomatique auprès de Pierre Ier de Castille afin de conclure un traité de paix. Ibn Khaldoun accomplit cette tâche avec succès : Pierre Ier lui propose alors la restitution des possessions espagnoles de sa famille et l'invite à rester à sa cour. Toutefois, Ibn Khaldoun refuse poliment l'offre. À Grenade, Ibn Khaldoun entre toutefois rapidement en concurrence avec l'écrivain Ibn al-Khatib, le vizir de Muhammad V al-Ghani, qui observe d'un œil méfiant ses relations étroites avec le sultan. De retour en Afrique du Nord, Ibn Khaldoun accepte avec joie l'invitation du souverain hafside de Bougie, Abu Abd Allah, qui lui propose de devenir son grand vizir. Pendant cette période, il lui incombe également la charge de lever des impôts auprès de tribus berbères locales alors qu'il assure les fonctions de prédicateur à la grande mosquée d'El Qacaba. Après la mort d'Abu Abd Allah en 1366, la ville de Bougie tombe entre les mains d'Abu al-Abbas, souverain hafside de Constantine. En 1370, il prend la fuite et se réfugie chez le sultan abdalwadide de Tlemcen, Abou Hammou Moussa II, alors qu'une guerre éclate entre la cité et Fès. Il y assume les fonctions de grand vizir de la cour, l'un des plus hauts postes qui lui ait été attribué, et prend en charge une mission à Biskra, en vue de recruter des soldats parmi les tribus arabes des Dhawawidas. Son séjour à Tlemcen constitue ainsi une étape très importante dans sa vie. Durant ses différents passages à Tlemcen, il enseigne aussi dans la médersa Khaldouniya, située dans le quartier d'El Eubad à proximité de la mosquée de Sidi Boumediène et considérée comme un joyaux architectural. Ibn Khaldoun, qui souhaite retourner à Biskra, est arrêté par des soldats mérinides lancés à sa poursuite. Il sauve alors sa tête en acceptant de se rendre une fois encore à Biskra pour y recruter des combattants pour le compte des Mérinides. En 1372, Abou Hammou Moussa II reconquiert le pouvoir et lance ses partisans à la recherche d'Ibn Khaldoun dont il veut se venger. Celui-ci parvient à rejoindre Fès, où la situation est confuse, mais se retrouve en prison. Il n'y reste pas longtemps grâce à l'intervention de son ami, le prince de Marrakech. En 1374, il décide de s'embarquer pour Grenade, Muhammad V al-Ghani se débarrassant toutefois de lui en le faisant débarquer au port de Honaine et en le livrant ainsi à la merci d'Abou Hammou Moussa II. Les talents politiques d'Ibn Khaldoun, notamment avec les tribus berbères, sont de plus en plus demandés par les souverains d'Afrique du Nord alors qu'il est lui-même fatigué par la politique et les changements de camp constants. Envoyé par Abou Hammou Moussa II en mission auprès de la tribu des Dhawawidas, il se réfugie parmi la tribu berbère des Aulad Arif. Il vit pendant trois ans sous leur protection dans la forteresse d'Ibn Salama[2] (aux environs de Frenda). C'est pendant cette période, de 1374 à 1377, qu'il rédige la Muqaddima, introduction de son projet d'histoire universelle[2]. Cependant, il lui manque la littérature nécessaire à l'achèvement de son œuvre. à suivre