Si pendant le siècle dernier, avec l'avènement des Etats modernes et structurés, la priorité a été accordée à la satisfaction des besoins en eau, tout en encourageant l'accès facile à cette ressource, aujourd'hui la donne a changé. L'ère est à la régulation de la demande, même si les nouvelles techniques sont en mesure d'exploiter les ressources hydriques disponibles. C'est de l'avis du président du conseil mondial de l'eau, M. Loïc Fauchon, exprimé à l'occasion de la réunion des ministres arabes de l'eau qui s'est tenu ce lundi à Alger. « Le développement et la maîtrise de toute nouvelle technique, la désalinisation, le transfert des eaux, le recyclage et le traitement des eaux usées, ne signifient pas pour autant aller vers l'encouragement du gaspillage », estime le ministre. L'expert international, juge indispensable, d'inculquer la culture de l'eau. « Car, a-t-il souligné, tout est lié. L'eau est liée à l'énergie. Il n'y a pas d'énergie sans eau. Selon M. Fauchon, la politique que mène l'Algérie dans le domaine de l'eau, est différente de tout ce qui a été entrepris dans les autres pays du monde arabe ; à l'exemple du pompage, des transferts d'eau sur de grandes distances, le recyclage et l'épuration des eaux usées. Autant d'avancées vers le développement de ses capacités hydriques, la positionnant comme référence en la matière. « Ce qui n'a pas été la règle, jusqu'à présent. Car nous avons beaucoup gaspillé et ce, à travers le monde entier », a déploré M. Fauchon, estimant que tous les Etats ont à travailler ensemble et font en sorte que l'eau soit mieux gérée. Le conseil mondial de l'eau met en place des programmes en direction des enfants et des jeunes adultes. Le choix de cette tranche d'âge n'est pas du tout fortuit. Selon M. Fauchon, ce sont eux qui feront dans les années à venir, le partage des eaux. « Il faut leur expliquer que la raréfaction de cette ressource, risquent d'aggraver les conséquences pour la survie de l'humanité. C'est l'ambition du Conseil, exprimée par son président. Au sujet du monde arabe, l'expert européen reconnaît que la gravité du problème diffère d'une région à une autre. Il confirme que la région proche-orientale est la plus affectée. « La Palestine et les pays voisins souffrent le plus, notamment par le pillage de leurs eaux par Israël. Le dernier rapport de la Banque mondiale, indique que 66% des eaux exploitées dans les pays arabes, proviennent de l'extérieur, notamment du Nil et de l'Euphrate. Ce qui exacerbe davantage la tension et confirme la menace d'un probable stress hydrique. Abordant le problème de pillage auquel sont soumises certaines régions de la Palestine, le plateau du Golan, M. Fauchon estime que la question nécessite une négociation et l'étude au détail près, de cette question. Le conseil est intervenu, il y a quatre ans, au forum de Mexico, pour trancher dans la même affaire entre la Turquie, la Syrie et l'Irak. « C'est d'abord aux pays du Conseil de le faire », a précisé M. Fauchon, affirmant que le conseil mondial traite les problèmes à la base, mais c'est aux concernés de prendre les solutions. Regroupant 90 pays, le Conseil mondial de l'eau plaide pour davantage d'adhésion pour pouvoir relever le défi ensemble. La création du Conseil arabe de l'eau consolidera cette démarche commune, ayant comme feuille de route, la stratégie adoptée lundi dernier à Alger, au terme des travaux de la première session des ministres arabes de l'eau, allant jusqu'à 2025, pour la sécurité hydrique dans la région arabe.