Durant la décennie passée, il n'y a pas eu un forum politique ou économique, où trois thèmes ne soient régulièrement évoqués, débattus, confrontés : « La mondialisation », « Le développement durable » et « L'intégration régionale ». On a tendance à croire que la mondialisation est un processus irréversible, effroyable pour certains, bénéfique pour d'autres, tandis que le développement durable est la solution pour les générations futures, surtout pour les pays émergents ou les pays pauvres. Le troisième thème généralement débattu, en guise de démarche stratégique pour un développement durable est l'intégration régionale en vue d'humaniser en quelque sorte la mondialisation pour unifier le destin de tous et faire en sorte que l'intégration régionale soit une étape transitoire vers la mondialisation. Nous pensons que chaque pays, et plus spécialement ceux de l'Afrique, dispose d'un avantage comparatif, comme l'eau, l'énergie, la main- d'œuvre, les espaces agricoles utiles, etc., et que seule l'instauration de son échange équitable et acceptable permettra une véritable intégration régionale qui unifiera le destin de tous. L'objectif est de répondre aux besoins du présent sans compromettre ceux des générations futures à travers : l'économie des ressources non renouvelables, l'économie des territoires et des espaces, le respect de l'environnement, une meilleure gestion des milieux fragiles, l'encouragement des emplois durables, la formation des jeunes, la réduction de la pauvreté et de l'exclusion. L'intégration régionale doit passer par une certaine solidarité, qui doit s'exprimer d'abord par l'acceptation du partage ou de l'échange équitable des ressources nécessaires au développement durable. Elle sera alors la clé pour éviter les conflits fratricides et donner des chances égales à chaque pays. Elle pourra permettre à chaque pays d'atteindre par lui-même son objectif de développement et de croissance économique. L'objectif de cette contribution n'est pas de disserter sur la mondialisation ou le développement durable, mais de soumettre à débat, quelques idées de projets et d'échanges régionaux susceptibles de contribuer, à long terme, à une véritable intégration régionale que beaucoup de spécialistes considèrent comme un levier nécessaire et un passage obligé au développement durable. Le thème ici abordé est certes un sujet très sensible dans certaines de ses composantes, mais il est possible d'en parler aujourd'hui parce que les mentalités ont progressé dans le bon sens ces dernières années, d'une part, et c'est peut être le seul type d'alternative qui reste à envisager pour être au rendez-vous des échéances qui attendent notre continent et les générations futures, d'autre part. 1- QUELLES RéGIONS ET QUELLES RESSOURCES ? Les pays africains déjà regroupés au sein de la SADC ont déjà mis sur pied ces dernières années des institutions régionales et commencent à initier des projets multilatéraux. Ceux de la région Nord et Sud-Saharienne devraient s'atteler au plus vite à mettre sur pied des institutions identiques et à concevoir des schémas d'intégration. Chacun des pays de cette deuxième zone dispose certes d'une ressource naturelle prépondérante, mais exploitée individuellement, cette ressource est souvent exportée juste comme une simple matière première aux pays développés, à des prix fixés par des acteurs extra-africains. Exploitées depuis plus d'un siècle, ces ressources n'ont pas permis de développer les pays auxquels elles appartiennent et n'ont pas enrichi les peuples qui en sont propriétaires. D'où la nécessité de changer de tactique et d'agir dans le cadre d'une stratégie d'exploitation intégrée. La mise en synergie des ressources et des capacités permettra certainement d'en tirer un profit meilleur que celui tiré jusqu'ici. Parmi tous ces pays on peut citer à titre d'exemple : l'Algérie, la Libye et le Nigeria : trois vastes pays dont les principales richesses sont le pétrole et le gaz, une source d'énergie largement supérieure aux besoins de consommation interne, essentiellement exportée vers les pays développés. Par contre deux d'entre eux ont un déficit énorme en eau, pour le moyen et le long termes. Le Soudan, l'Ethiopie, le Congo et au moins sept ou huit autres pays riverains se partagent l'un des plus grands réservoirs d'eau au monde qu'est le Nil, et dont des excédents énormes sont sous-exploités. En dehors du Soudan et de l'Egypte qui produisent un peu de pétrole, certains pays, tout en possédant des terres irrigables immenses, ne possèdent aucune source d'énergie, et sont menacés par des famines cycliques qui non seulement font des ravages mais menacent l'existence même de ces pays. Le Tchad, le Niger et le Mali, dont une bonne partie du territoire est désertique, avec excentration des ressources en eau sur une infime partie du pays (fleuve Niger au Sud), possèdent aussi des ressources naturelles (pétrole, minerais) parfois difficilement exploitables à cause du manque d'eau, d'énergie, d'infrastructures liées à son enclavement. Plus au Sud, à l'Est ou à l'Ouest, chacun des autres pays est caractérisé par les mêmes critères ou les mêmes besoins. 2- LES GRANDS TRANSFERTS DANS LE MONDE Nous citerons ici quelques exemples d'ouvrages destinés au transfert de ressources qui ont été à la base d'un développement économique important de l'ensemble des pays concernés. Dans le domaine de l' énergie, on peut citer les gazoducs (Sibérie-Europe, Mer du Nord-Europe, Algérie-Europe, Qatar-Europe (Projet), Iran-Pakistan-Inde (Projet), les Oléoducs (Russie-Europe, Asie Centrale-Europe (Projets), Asie Centrale- Chine-Japon- Inde (Projet). L'électricité (interconnexions de nombreux réseaux en Europe, en Amérique et ailleurs). Dans le domaine des infrastructures du transport : canal de Suez, canal de Panama, tunnel sous la Manche, tunnel Transàlpin. Dans le domaine de l'hydraulique, en Amérique du Nord, des transferts entre bassins hydrologiques ont déjà été réalisés sur d'importantes distances, pour satisfaire les besoins de plus en plus élevés de certaines régions à partir de zones où la ressource est abondante. Des projets nouveaux sont à l'étude et devraient acheminer ce précieux liquide : soit à partir de l'Alaska (Alaska Subsea Water Pipeline) grâce à un pipeline sous-marin longeant la côte Ouest jusqu'en Californie. (5 Mds de m3/an avec un investissement de 110 Mds USD). soit à partir des grands lacs pour transférer plusieurs dizaines de Mrds de m3 d'eau par an vers le sud-ouest des Etats-Unis (Arizona, Kansas, Oklahoma, Texas). Au Canada : les transferts d'eau entre bassins hydrologiques existent depuis plusieurs années et fonctionnent à des fins de régulation ou de compensation de certains déficits. Par contre, les questions de transfert vers l'extérieur du pays (exportation) ont fait l'objet de vifs débats politiques et parlementaires ces dernières années. En Chine : de nombreux ouvrages de transfert d'eau entre bassins ont été réalisés depuis les années 1960. D'autres sont planifiés pour les années à venir et le plus impressionnant est le projet de transfert des eaux du sud du pays vers le nord. Imaginé en 1953 et ce n'est qu'en octobre 2002 que le ministère des Ressources en eau a donné l'approbation relative à sa réalisation. Ce projet comporte trois transferts sur des distances allant de 700 à 1250 km chacun. Chaque ouvrage transférera de 130 à 170 milliards de m3 par an, pour irriguer chacun 2,3 millions d'hectares. Son coût est évalué à 60 Mrds USD. En Europe méridionale et au Moyen-Orient : quelques projets ont été envisagés ces dernières années dans un secteur plus proche de notre région pour faire face à des situations particulières. Il s'agit de l'Iran-Kuwait Water Pipeline (540 km, 2 Mrds USD), et du transfert Bas Rhône-Barcelone (360 km, 1 Mrd USD). D'autres grands ouvrages de stockage ou de régulation des eaux ont été construits ces dernières années un peu partout dans le monde comme le Barrage d'Assouan en Haute Egypte, le barrage Atatürk en Turquie, et le barrage des Trois Gorges en Chine. 3-EXEMPLES DE PROJETS TRANSFRONTALIERS EN AFRIQUE Parmi les grands projets transfrontaliers, nous citerons : la route transsaharienne, l'oléoduc Tchad-Cameroun, le gazoduc Nigeria- Algérie qui est au stade de l'étude de faisabilité, les interconnexions électriques, le Fleuve artificiel libyen, le Lesotho Highlands Water Project, l'initiative sur le bassin du Nil lancée en 1999 par la Banque mondiale pour les dix pays partageant les ressources du Nil afin de mettre sur pied l'organisation idoine de gestion et d'exploitation coordonnée de cette ressource. Cette initiative commence à avoir des applications pratiques, puisque des organes sous-régionaux ont été créés et des plans d'actions élaborés, ce qui est un exemple encourageant, méritant d'être suivi et soutenu. Les huit pays du bassin du Niger ont aussi créé une autorité commune (ABN) avec un plan d'action pour une gestion coordonnée de l'eau. Le projet de transfert d'eau du fleuve Congo vers la Namibie et le Botswana a été proposé en 2001 par le président Sam Nujoma, suite à la sévère sécheresse qui a affecté son pays depuis les années 1990. Ce projet de plus de 1000 km et de 6 milliards USD a recueilli l'accord des autorités de la RDC et la SADC pour une étude de faisabilité. Les échos spontanément favorables généralement accordés à tous ces projets témoignent donc de la maturité et de la volonté des hommes politiques africains et suscitent de grands espoirs puisqu'il ne reste, une fois ce type d'appui acquis, qu'à affronter les défis de la nature et des coûts. Si l'intérêt est démontré, et tous les obstacles politiques, techniques et financiers surmontés, il ne restera alors que le facteur temps à dompter. Mais nous savons aussi que par son génie et pour sa survie l'homme a déjà relevé de grands défis. 4-PROBLéMATIQUE à L'éCHELLE RéGIONALE Le troisième millénaire correspond à l'avènement graduel d'une ère où l'eau et le pétrole se raréfient et des mesures d'adaptation à cette nouvelle situation doivent être prises. Les spécialistes des questions climatiques sont d'accord pour dire que notre planète est entrée depuis quelques décennies dans une phase de réchauffement due à l'effet de serre. Ils n'ont pas cessé d'attirer l'attention des Etats sur la nécessité de prendre des mesures en vue de ralentir l'évolution de ce réchauffement (Protocole de Kyoto, Conférence sur le développement durable (Johannesburg), et s'accordent à dire que la sécheresse sérieuse qui a sévi sur certaines régions du monde depuis la fin de la décennie 1980, avec en Afrique de véritables catastrophes humanitaires, n'est qu'un signe et une conséquence des changements climatiques connus par la planète, ci-dessus évoqués, et conséquents du développement effréné de l'industrie mondiale accusée à juste titre d'être la cause des émissions de gaz à effet de serre, du réchauffement de l'atmosphère et de désertification, etc. En Algérie, durant le dernier quart de siècle la pluviométrie a baissé d'environ 35%. D'importantes mesures ont été prises par l'Etat, mais qu'en sera-t-il du long terme et des besoins dans 10, 20, 30 ou 50 ans ? Il en est de même pour tous les autres pays, notamment ceux des régions sahariennes et sud-sahariennes, aussi faut-il dès maintenant faire appel à d'autres innovations. Concernant les hydrocarbures, ressource non renouvelable, la tendance à la hausse des prix, depuis 2003, n'est également qu'un signe et une conséquence de leur raréfaction bien que certains analystes essaient d'expliquer ce phénomène haussier par l'instabilité de certaines provinces pétrolières ou des événements climatiques conjoncturels (ouragans en été et vagues de froid en hiver) ou encore par l'action des spéculateurs. Mais le fait est là : beaucoup de spécialistes s'accordent pour prévoir le Peak-Oil des réserves mondiales vers 2020. Il ne reste donc pas beaucoup de temps pour les détenteurs de cette ressource et qui ne se sont pas encore développés grâce à elle, pour le faire dans le cadre du délai qui reste. Seul un développement régional intégré africain est en mesure de permettre de faire face aux défis futurs. Il doit être obligatoirement construit sur des projets ambitieux de mobilisation, de transfert et d'exploitation des principales ressources (eau, énergie,etc.). Pour une utilisation complémentaire et intégrée à la fois, qui générerait de l'équipement, de l'emploi et de la richesse. Les propositions émises ici ne sont pas inédites, puisque des projets de transfert transnationaux d'eau, d'électricité, de pétrole ou de gaz de plusieurs centaines et même de plusieurs milliers de kilomètres et plus, ont été envisagés ces dernières années et sont à l'étude ou en voie de concrétisation. 5-QUELS PROJETS transfrontaliers POUR L'AFRIQUE ? Pour rester dans le cadre des thèmes visant à définir des stratégies pour ce millenium et à améliorer l'accès des populations à l'eau et aux autres ressources, retenus par l'Association africaine de l'eau qui tient son 13e Congrès à Alger du 13 au 16 février 2006, nous ne trouverons pas une meilleure circonstance pour exposer quelques idées sur des projets transfrontaliers africains qui consisteraient à construire des ouvrages de transfert : De volumes raisonnables d'eau à partir des fleuves importants drainant d'énormes quantités d'eau sous-exploitées, vers des régions où le sol pourrait permettre le développement de zones agricoles nouvelles pouvant employer et nourrir des millions de personnes. Nous pouvons citer, à titre d'exemple, les fleuves du Nil, du Niger et du Congo pour un transfert interne, ou vers les pays riverains ainsi que vers des zones aptes à être développées au Mali, au Niger, au Tchad, à la Libye, en Algérie, au Soudan, en Egypte. Les différents transferts envisageables à partir de chacun de ces fleuves peuvent atteindre 1000 à 2000 km et sont susceptibles de permettre la création de plusieurs zones d'activité agricoles de 100 000 ha chacune, pouvant fixer des millions de personnes s'il y a intégration avec les autres transferts d'énergie et les infrastructures de transport. D'énergie sous forme d'électricité et de gaz à partir des pays excédentaires et des ouvrages projetés (gazoduc Nigeria-Europe, et futures découvertes), vers les zones à développer. Des scénarios de lignes de transfert d'électricité ont été, à notre connaissance, déjà suggérés par des structures spécialisées de certains pays (General Electric Company of Libya) le long d'un tracé partant du sud de la Libye et rejoignant une ligne plus méridionale qui alimenterait les capitales du Mali, du Niger, du Tchad et du Soudan. Cette ligne pourrait, à notre avis, être étendue vers l'Ouest (Mauritanie) et le Sud-Est (Ethiopie et Somalie). Des routes carrossables le long des tracés de la grande ligne électrique, du gazoduc et des transferts d'eau énumérés, faciliteraient le transfert des marchandises à partir et vers les ports méditerranéens, ce qui réduirait de manière très appréciable les délais actuellement nécessaires pour atteindre leur destination par voie maritime. La prise en charge commune de tels projets en rendrait la réalisation possible, et les retombées attendues d'une gestion intégrée de ces ressources rentreraient aussi bien dans l'esprit de la préparation de l'ère de l'après-pétrole (pour la plupart de ces pays) que dans celui du Nepad qui voudrait que les Africains s'unissent pour régler, par eux-mêmes et pour eux-mêmes, leurs problèmes de développement. Si leur faisabilité est reconnue, ces projets contribueraient à développer de nouveaux espaces d'activité et de vie, et entreraient dans le cadre de l'amélioration de l'autosatisfaction alimentaire et de la lutte contre la pauvreté et la famine. 6- CADRE POLITIQUE ET JURIDIQUE Les Etats concernés devraient permettre l'évaluation (faisabilité) des projets et leur réalisation si les études montrent l'intérêt du transfert des excédents de ressources, dont le volume doit être déterminé à long terme (absence de contraintes d'ordre interne ou externe). La mise en place d'instruments législatifs nationaux et régionaux, et si nécessaire internationaux (type ECT, Unclos), d'institutions nationales et régionales de gestion, de régulation et d'arbitrage, ainsi qu'un cadre juridique permettant la réalisation et l'exploitation à long terme de tels ouvrages est nécessaire pour garantir le principe d'irréversibilité des accords et de protection des ouvrages. La question des ouvrages pétroliers et hydrauliques transfrontaliers a été bien étudiée par le Dr T. Elijah Ngurare dans un article paru dans la revue annuelle 2001 du CEPMLP. Il s'est intéressé aux modèles de transport des hydrocarbures à travers plusieurs pays, à leur historique et au cadre mis en place pour que ces ouvrages fonctionnent sans grands problèmes. Il émet des recommandations très intéressantes pour l'élaboration d'un cadre juridique précis qui puisse permettre au projet spécifique de transfert d'eau du fleuve Congo vers la Namibie (le CWPP) et par extension ceux de même nature de fonctionner sans risque de mise en cause ou d'arrêt. 7- CADRE éCONOMIQUE ET SOCIAL Les Etats devraient peut-être se satisfaire du bénéfice des retombées à long terme liées à l'aménagement de ces nouveaux espaces d'activité, la fixation des populations, et la création d'emplois agricoles et para-agricoles. Ces préoccupations majeures concernent aujourd'hui tous les pays africains sans exception et devraient les amener à en partager la responsabilité. M. Ngurare conclut son article en affirmant : « Bien que très coûteuse, une telle infrastructure (le CWPP) peut être perçue comme l'ossature du développement parce qu'elle va connecter non seulement différents pays mais aussi des peuples. Aujourd'hui, c'est le pipeline demain ce sera des routes, des voies ferrées. » Les zones de développement devraient présenter des critères pédagogiques, climatiques et géographiques (voies et moyens de communication), favorables. Elles devraient être gérées de manière moderne (agriculture mécanisée à rendements élevés) et intégrée. Les infrastructures à caractère technique (distribution locale d'énergie, installations de maintenance) ou à caractère social (administrations des zones, écoles, structures sanitaires, aéroports, etc.) devraient accompagner l'installation et l'exploitation des unités de production. 8- CONCLUSION Il est certain que de très nombreuses questions relatives aux aspects politiques, juridiques, techniques et économiques d'un tel projet ainsi que sur son opportunité, sa faisabilité, sa viabilité et sa fiabilité seront posées. Elles ne trouveront leurs réponses que dans le cadre de l'approfondissement de la réflexion, des résultats des discussions qui pourraient être engagées entre les partenaires potentiels et des conclusions des études de faisabilité si elles sont lancées. Mais la question principale demeure surtout de savoir si l'Afrique est réellement pauvre ? Malade de ses ressources ? Et de quel remède elle a besoin ? Seule la conjugaison des efforts et des moyens des Etats concernés, des institutions nationales et internationales spécialisées dans les questions de développement et des sociétés commerciales intéressées pourrait permettre de mettre en œuvre un projet aussi complexe que coûteux, dont la rentabilité ne pourrait être perçue et attendue que dans le cadre du long et du très long termes et cela sous la forme de retombées d'ordre social et géographique essentiellement. Références : Ouvrages et articles de : Allan T., Duncan C., Gaouar A., Kettab A., Lassere F., Ngurare T. E., Paquerot S., Shao X., Wang H., documents UN et WB. Retrouver l'article et les cartes détaillées sur www.petrochem2000.com A. Attar, Z. Djerroumi