Qui, dans la vaste nébuleuse des médias et parmi la pléthore de journalistes qui pullulent dans le monde, n'as pas, un jour, souhaité évoquer, sur tous supports confondus, le nom de Noam Chomsky ? Reste qu'une pareille entreprise, y compris pour les plus patentés des critiques, relève d'un exercice pas du tout simple à accomplir, tant cet intellectuel original et iconoclaste, celui qui a révolutionné la linguistique mondiale, et pas seulement, demeure, à ce jour, inclassable notamment pour les pros de « catégorisation » qui ne sont pas-il faut bien le rappeler- à leurs premières dents brisées. Alors, ce n'est pas ni de notre ressort encore moins de notre ambition de présenter un homme qu'on ne présente plus. Seulement voilà, en France, très loin des cénacles salonards où officient les théoriciens de la «bien-pensance» souvent ligués contre ce même Chomsky pour les raisons qu'il est inutile de rappeler ici, une jeune équipe de jeunes réalisateurs, baptisés les Mutins de Pangée, bile en tête, a monté un film documentaire «Chomsky et compagnie» décapant de façon bien particulière, labellisée «Télé libre» ce monument de la pensée humaine. Un film qu'ils ont présenté mercredi dernier au Centre culturel français d'Alger. Il s'agit à la base, explique Olivier Azam, monteur et premier assistant du film, d'une série de reportages réalisés pour le compte une émission radio (Là bas si j y suis) qui passe sur France Inter. «L'idée de faire une projection vidéo sur la base de ces reportages a du coup fait tilt et voilà que nous avons décidé d'aller à Boston à la rencontre de Chomsky ainsi que d'autres intellectuels qui font partie de ses réseaux en Belgique et au Québec notamment », explique Olivier Azam, qui ne manque pas l'occasion pour dédier cette projection algérienne à son mentor, le grand réalisateur algérien le regretté Mohamed Bouamari. Ainsi tout au long de deux heures de projection, on a droit à une interview atypique où du haut de ses quatre-vingts ans, l'universitaire revient sur les moments les plus cruciaux qui l'ont opposé aux concepteurs du système de la pensée unique, que se soit en Amérique, en Europe ou partout où ces systèmes redoutables manient les opinions publiques au gré de leurs intérêts.