Le calme et la sérénité ont progressivement repris à El Madania. Le spectre de la violence ne plane plus sur les habitants de ce quartier populaire. Les familles vaquent désormais normalement à leurs occupations. La sagesse a fini par prévaloir et ceux qui escomptaient un brasier ont dû déchanter. «La bataille d'Alger» qu'ils croient avoir décelée dans les derniers incidents relève de l'histoire. Ses dimensions n'avaient rien d'escarmouches et elle opposait les Algériens à des occupants étrangers. Ce qu'il faut d'abord retenir est le sang-froid dont ont fait preuve les services chargés de rétablir l'ordre. Alors que la situation risquait de dégénérer à tout moment, ils ont su maîtriser la situation sans grands dommages. Aucun blessé ne fut surtout enregistré au sein des manifestants. Le temps est désormais à l'apaisement. C'est dans de telles conditions que les autorités à tous les échelons peuvent prendre en charge les problèmes des citoyens.La confusion n'aide jamais à voir clair dans les situations et à démêler les inextricables écheveaux. Le problème du logement qui se pose encore avec acuité dans notre pays est certes un motif d'insatisfaction légitime. Il a, hélas, toujours permis à des appétits illégaux de se manifester, notamment lors des distributions. En outre, combien de baraques ont été érigées à la hâte pour que leurs propriétaires puissent bénéficier d'un logement social ? Les contextes de détresse ont été toujours des occasions pour avoir une place sur les listes des demandeurs de logements. Les séismes de Bab El-Oued et de Boumerdès ont ainsi permis à deux vrais faux nécessiteux de se faufiler parmi les familles vivant dans le besoin. Il est vrai que depuis que le monde est monde, le malheur des uns a toujours fait le bonheur des autres. L'Etat de droit ne peut prendre sa signification dans l'anarchie. Il est, certes, impossible de reloger tous les nécessiteux mais le tri et la prise en compte de la priorité a besoin de calme. L'Etat de droit n'équivaut pas à de la faiblesse. Il a besoin de la force du droit qui doit s'imposer à tous. Trop souvent, le malentendu commence par le mépris des lois. En l'occurrence à El Madania, tout est parti d'une volonté de bâtir des constructions illicites sur l'emplacement d'un stade. Ces dernières années, les pouvoirs publics ont engagé des actions pour mettre fin à l'anarchie. Des villas ont été démolies et de nombreux bidonvilles ont été rasés aux quatre coins du pays. L'accès au logement social nécessite un climat apaisé pour résoudre progressivement un problème. Loin de toute tension et atmosphère de surenchère.