Une grève paralyse ces jours-ci de nombreux établissements scolaires. Ce n'est pas la première et elle ne sera sans doute pas la dernière. L'enseignement présente depuis déjà des années les symptômes d'une gangrène qui se manifeste notamment par des arrêts de cours cycliques. Il est si loin le temps où le maître, même malade, mettait un point d'honneur à confier sa classe à un collègue. Les parents d'élèves ne sont pas les moins inquiets par cette dérive qui laisse les enfants à la merci de tous les dangers. Nous n'avons pas en effet affaire à des femmes et à des hommes dont le seul souci est de répondre au mot d'ordre de grève. D'aucuns voient dans ces arrêts de travail un moment béni pour s'occuper d'autres tâches et vaquer à d'autres occupations. A vrai dire, cela n'est plus nouveau et fait partie des nouvelles mœurs. L'absentéisme est devenu une plaie au niveau des écoles et collèges. Sans crier gare et sous le moindre prétexte, des maîtres, et disons-le franchement, des maîtresses n'assurent pas leurs cours. Il faudra peut-être un jour évoquer ces manquements à l'éthique d'un métier aussi noble. De meilleurs salaires ne garantiront en rien une réhabilitation d'un métier où compte aussi l'amour de transmettre le savoir. Il ne s'agit pas de discuter du bien-fondé ou non des revendications du corps enseignant. Comme les travailleurs d'autres secteurs, l'exigence d'un meilleur salaire peut se comprendre et se défendre. Un souci de justice sociale anime sans aucun doute beaucoup de ceux qui ont décidé de ne pas assurer les cours. Pour autant, on ne décide pas d'une grève sur un coup de tête sans tenir compte de l'intérêt des élèves. On doit aussi se soucier de la sécurité dans et autour des établissements scolaires. On ne doit pas déserter les écoles et livrer à l'abandon des enfants et les renvoyer dans la rue comme des malpropres. La sécurité relève aussi des prérogatives du corps enseignant. Grève ou pas, on doit rejoindre son lieu de travail et se contenter de ne pas travailler. Hier, livrés à eux-mêmes, certains élèves furent blessés. Plus grave, on a enregistré quelques agressions à l'arme blanche au lycée Lebjaoui de Bab Ezzouar. Les parents sont en droit de demander des comptes à ceux qui prennent leur place et éloignent leur progéniture de toute malsaine tentation. On peut tout autant s'interroger sur le moment choisi pour déclencher la grève. En pleine période de préparation des devoirs, c'est aussi une source de perturbations pour les enfants. De plus en plus, le bras de fer entre les enseignants et leur tutelle prend en otage ces enfants innocents. On pourrait difficilement trouver une pire raison de faire détester et abhorrer une institution déjà mal en point.