Même si les programmes restent inachevés et les connaissances de l'an dernier toujours pas fructifiées et actualisées, l'école est bel et bien finie dans quelques semaines. Les grandes vacances scolaires commenceront par le suivi des prestations des Verts au Mondial-2010. Plus que quelques semaines et le rideau tombera sur l'année scolaire 2009/2010. Juste le temps de passer les épreuves et de rendre publics les résultats des trois examens. Les responsables de l'Education nationale ne manqueront pas de lancer un ouf de soulagement. L'année scolaire aura été sauvée difficilement certes et au prix fort, mais l'essentiel, c'est d'avoir évité l'année blanche. Tant pis si le calendrier scolaire a été écourté, on tentera de rattraper le retard la prochaine rentrée. Ce qui n'est pas très évident. Il est vrai qu'en 2010/2011, la “contrainte” de la Coupe du monde sera levée, mais ce ne sera pas le cas pour les nombreuses revendications de la famille de l'Education nationale qui sont restées en suspend. Chamboulée en premier lieu, notamment pour l'épreuve du baccalauréat, par le coup d'envoi de la Coupe du monde, l'année scolaire a été amputée de plusieurs semaines en raison des grèves cycliques des enseignants. Ces derniers étaient déterminés à aller jusqu'au bout de leurs revendications, quitte à prendre en otage l'avenir de milliers d'élèves. Jamais le spectre de l'année blanche n'a été aussi menaçant et proche. Si la paralysie des établissements persiste encore une dizaine de jours, l'année blanche sera inévitable, avaient averti les pédagogues lors du dernier débrayage des syndicats autonomes de l'éducation, au mois de mars dernier. Il fallait donc trouver une solution pour éviter le pire. Les pouvoirs publics qui s'étaient confinés dans un silence religieux décident de frapper fort. La grosse artillerie a été même débattue en Conseil du gouvernement le 2 mars. Le lendemain, le ministère de l'Education nationale rendait public un brûlant communiqué. Le ton était donné et n'était plus à la discussion, mais à des actions concrètes. Les enseignants n'avaient plus que quelques jours pour rejoindre leur poste de travail. Le 7 mars 2010 était la date butoir, faute de quoi ils s'exposeraient “à la radiation des effectifs de la Fonction publique” et seraient remplacés par les nombreux demandeurs d'emploi. Les deux principaux syndicats ayant parrainé le mouvement de grève n'avaient d'autre choix que de lancer des appels à la reprise. Ce qui fut d'ailleurs fait. Cette démonstration de force des pouvoirs publics, tant contestée par les syndicats, a permis de mettre fin à un mouvement qui n'a fait qu'accélérer davantage la descente aux enfers du secteur. Les cours ont repris, mais le cœur n' y était pas, ni du côté des élèves ni de celui des enseignants. Les premiers habitués à d'autres occupations que les devoirs scolaires et les seconds n'arrivaient toujours pas à digérer la sortie de leur tutelle et la non-satisfaction de leurs revendications. Il leur fallait à tous les deux un temps aussi long que la durée des grèves cycliques pour se réhabituer à la reprise. Mais que restait-il de ce temps ? Peu. Surtout au vu de ce qui était au programme : rattrapage des cours, devoirs et compositions en quelque deux mois seulement. La tutelle avait insisté sur le “non-bourrage” des élèves, mais, de l'avis des pédagogues, c'était la seule et inévitable méthode pour tenter de finir le programme scolaire. “On passe d'un cours à l'autre sans se soucier de sa compréhension par les élèves. Le but était de finir les pages des manuels et non d'être sûrs que l'élève a tout compris”, nous confie une enseignante. Et de regretter que les syndicats “n'aient pas trouvé un autre moyen de pression que les élèves”. Conclusion : le bilan de l'année scolaire 2009/2010 est loin d'être reluisant. Selon un enseignant, si l'on devait évaluer ce cursus, “la note ne dépasserait pas 4 sur 10. En calculant bien, on peut dire que l'année scolaire effective n'a pas dépassé les quatre mois ; le reste on peut le diviser entre les périodes de vacances scolaires et de grèves cycliques”. Que peut-on enseigner en ce laps de temps très court ? Peut-on y préparer des candidats à des examens scolaires ? Assurément pas. On peut d'ores et déjà dire que les résultats ne refléteront pas forcément le rendement d'une année studieuse. Reste à savoir si les élèves payeront pour leurs enseignants ou tireront profit de leur grève. Les pronostics penchent pour la deuxième probabilité. Bon courage tout de même.