Dans un avenir pas très lointain, il y aura une déclaration à ce propos» a annoncé le procureur général de Téhéran. Près de 4 mois après leur arrestation, les 3 jeunes vrais-faux randonneurs américains ont été accusés d'espionnage. Un chef d'accusation lourd de conséquences dans un climat dominé par le bras de fer entretenu autour du nucléaire iranien de tous les défis et des incertitudes planant sur toute la région en ébullition constante. «Dans un avenir pas très lointain, il y aura une déclaration à ce propos», a annoncé péremptoirement le procureur général de Téhéran, Abbas Jafari Dolatabadi. De Berlin où elle s'est rendue en visite officielle, la secrétaire d'Etat Hillary Clinton a opposé l'absence de « preuves» dans le dossier des 3 ressortissants américains, appelant le gouvernement iranien à faire preuve de compassion. Jusque-là, Téhéran est resté de marbre face aux sollicitations des familles et du Congrès, tout comme la thèse de l'égarement ne semble guère convaincante. L'affaire des randonneurs-espions, partis innocemment du Kurdistan irakien pour franchir en toute illégalité la frontière irano-irakienne, a la particularité de coïncider avec le bouillonnement politique de l'Iran des présidentielles sujettes à la pression de tous les instants exercés par la Grande- Bretagne, la France et les Etats-Unis versés dans la déstabilisation et l'ingérence dans les affaires iraniennes. Au moment de la protesta de l'opposition, soutenue à bras le corps par l'Occident et lors de la commémoration du 30e anniversaire de la prise d'otages à l'ambassade américaine, la main lourde de l'Iran se justifiait par la flagrante partialité des médias et leur engagement au côté de l'opposition. Le cas patent de la française, Clotilde Reiss, maintenue aujourd'hui en résidence à l'ambassade de France en attendant son jugement définitif, éclaire sur les zones d'ombre d'une bataille loin de révéler tous ses secrets. L'étudiant danois Niels Krogsgard, se présentant en journaliste, a subi le même sort. Un simple concours de circonstances ? Difficile d'y croire. C'est que la bataille acharnée des présidentielles cache la vraie guerre du nucléaire qui pèse de tout son poids sur l'avenir de cette région sensible.