«Je suis votre maman et je vais être indulgente avec vous», lance la juge aux accusés. Emouvantes, intenses et éprouvantes furent les dernières plaidoiries du procès de l'affaire Khalifa, qualifié de par les faits, les chefs d'inculpation, les longues séances d'interrogation et de témoignage, le réquisitoire dit sévère, les plaidoiries sans merci et les multiples empoignades de part et d'autre, de «procès du siècle.» Un procès qui a pris officiellement fin, jeudi, tard dans la soirée, après deux mois de débats, couverts de bout en bout, notamment, par la presse écrite, soit du 8 janvier au 8 mars 2006 et suivi tant par les spécialistes que par l'opinion publique. Ce fut sur le plan purement juridique, l'exemple dans les annales de la justice algérienne pour les grandes affaires économiques, que tout le monde a appris en suivant point par point le dossier, les débats et les commentaires de presse. Même la présidente, Mme Brahimi, qui a affiché de grandes assurances et une maîtrise à toute épreuve, a reconnu avoir été inspirée en apprenant beaucoup de choses. C'est le même sentiment, par ailleurs, y compris les gens de la presse qui ont trouvé un champ d'expression libre et riche dans le but de rapporter les faits et de traiter l'information. Les insuffisances, les faux pas, les excès, il y en a eu, aussi, du côté des magistrats que de la défense, mais sans jamais dépasser les limites permises. Il demeure, maintenant, les délibérations qui doivent, à partir de samedi, sanctionner ces débats en arbitrant, équitablement, entre les plaidoiries et le réquisitoire du procureur général qui a, sans réserve, retenu les charges initiales contre les 104 accusés dont sept absents, répartis entre les grands crimes et les délits. Pour revenir aux dernières séances de plaidoirie qui ont permis aux avocats de la défense de tirer les dernières cartouches afin de défendre leurs clients tout en tentant des graves accusations. Il faut noter que la présidente du tribunal a tenu à saluer le caractère digne et remarquable envers la majorité des accusés de cette affaire en annonçant qu'elle allait être indulgente envers eux pour le verdict qui est programmé pour le 21 du mois en cours, et ce après 13 jours de délibérations. La juge est allée plus loin dans ses déclarations en évoquant le plus noble des instincts et qui est l'instinct maternel. «Je suis votre maman et je vais être indulgente avec vous», les a-t-elle rassurés les larmes aux yeux. Le procès dit du siècle est donc terminé laissant place aux délibérations qui vont aboutir, d'après Mme Brahimi, à un verdit et des sanctions justes, prenant en compte les nombreuses circonstances atténuantes qui ne cessaient d'être dévoilées durant le procès. Sans doute, elle a très bien compris l'enjeu de l'affaire, du moment qu'elle est ancienne dans la magistrature puisqu'elle exerce sa fonction depuis plus d'un quart de siècle et a traité de nombreuses affaires, notamment celles relatives aux crimes économiques. Comme quoi, le choix sur elle n'était pas fortuit. Bref, cette annonce fut une véritable «aubaine» et un soulagement pour les accusés et leurs familles qui ont été «choqués» par le lourd réquisitoire du procureur de la République qui avait proposé des peines allant jusqu'a 20 années d'emprisonnement ferme. Il faut dire que lors des plaidoiries, les avocats de la défense n'ont pas cessé d'évoquer la complexité de cette affaire et dont les vrais responsables demeurent, d'après eux, ailleurs. Finalement, ils ont toujours évoqué que leurs clients n'étaient que des victimes d'un système dont la responsabilité lui incombe du moment qu'il avait fermé les yeux sur les anomalies qui se pratiquaient dès l'ouverture de la banque. Ces derniers ont tout fait pour convaincre la juge sur la complexité de cette affaire et de tenter de prouver que les vrais commanditaires ne figurent pas au box des accusés. Ainsi, il apparaît, d'ores et déjà, que les contours sont fixés et tout semble démontrer que la juge va être à la fois ferme sur certains crimes prouvés et clémente pour beaucoup de victimes de ce grand scandale qui va défrayer la chronique judiciaire pour de nombreuses années.