Le sommet mondial sur la sécurité alimentaire s'est ouvert hier matin à Rome en présence du ministre des Affaires étrangères, M. Mourad Medelci, qui représente le président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika. Comme attendu, les dirigeants qui se sont retrouvés à Rome se sont fixés, selon une déclaration qu'ils ont adoptée dès le début des travaux, plusieurs «objectifs stratégiques» pour «éradiquer la faim» qui touche plus d'un milliard de personnes dans le monde mais sans chiffrer leurs objectifs et engagements ou fixer un délai pour l'éradication de cette «honte». Une date-butoir pour y parvenir, 2025, initialement retenue a été supprimée. Seule recommandation donnée «veiller à ce que des mesures urgentes soient prises (...) pour réduire de moitié respectivement le pourcentage et le nombre de personnes souffrant de la faim et de la malnutrition d'ici à 2015». De l'avis des experts, cet objectif n'est pas réalisable dans ce délai. Dès l'ouverture du sommet, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a égrené une série de chiffres dramatiques: «Aujourd'hui, plus de 17.000 enfants vont mourir de faim. Un toutes les cinq secondes. Six millions par an» avant d'appeler le monde à agir face à cette situation «qui n'est pas acceptable» et de rappeler une évidence : «Pas de sécurité alimentaire sans sécurité climatique». Les vérités de Ban Ki-moon qui préconisent un accroissement de la production alimentaire de 70%, prennent toutes leurs gravités quand on réalise certains chiffres. Comme le nombre de personnes souffrant de la faim qui est passé de 850 millions en 2008 à 1,02 milliard en 2009, que les pays du Nord qui préfèrent la spéculation» sur le marché des céréales, et les subventions à leurs produits agricoles, refusent d'entendre parler des investissements annuels nécessaires dans l'agriculture (44 milliards de dollars selon le directeur général de la FAO, Jacques Diouf) que les Etats-Unis ont accepté de repousser à 2010, voire au-delà, la conclusion d'un pacte contraignant sur le climat, que l'Afrique, l'Asie et l'Amérique latine pourraient accuser une baisse de 20 à 40% de leur productivité agricole potentielle en cas de hausse supérieure de 2% des températures, selon la FAO. «Toutes les conditions pour une nouvelle crise alimentaire dans un ou deux ans sont réunies» préviennent les analystes.Une soixantaine de chefs d'Etat et de gouvernement africains, asiatiques, ont pris à cette rencontre snobée par les dirigeants du G8. Organisé au siège de la FAO, Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), ce sommet ambitionnait de dégager un consensus sur l'éradication, à l'horizon 2025, de la faim et de mettre en place un système d'alerte précoce» pour réagir aux crises alimentaires.