Il y a mille et une manières de supporter les Verts. L'imagination déborde en ce moment. Elle se montre foisonnante et exéburante à l'exemple de la jeunesse qui a toujours des idées originales ou farfelues. Qu'importe, l'essentiel étant de clamer son soutien pour les joueurs. On ne se contente pas de déployer des emblèmes nationaux ni entonner ces chants en vogue à la gloire des capés de Saâdane. Il y a ceux qui font du bruit mais aussi ceux qui recourent à des inscriptions murales. L'espoir prend de multiples visages et s'exprime partout. Dans divers quartiers de la capitale et d'autres villes et villages du pays entier, les murs semblent avoir changé aussi de vocation. Ils n'ont pas que des oreilles mais parlent aussi. Comme lors des grands événements où les enjeux prennent de l'importance. Ils sont devenus aussi des espaces dédiés à l'amour immodéré des Verts et, par conséquent, à la nation. Ils ne sont plus uniformes mais colorés avec les couleurs de l'emblème national. Les jeunes ont mis dans divers slogans tracés à la peinture leur amour et leurs espoirs. «Ces écrits naissent de nos discussions, raconte Samir qui habite la rue Tanger. Des fois quelqu'un lance un mot, une idée et cela prend comme un feu. C'est une vraie création collective». «On veut que tout le monde soit au courant de nos frustrations et de nos colères contre cette hogra». «Masr win tban fi Soudan» (l'Egypte ne sera rien au Soudan). Certains slogans rappellent l'indifférence du pouvoir égyptien à la tragédie de Ghaza qui avait marqué les esprits. On ne se prive pas de rappeler l'existence de relations avec Israël. Le ton est parfois guerrier mais au fond, il ne traduit nulle agressivité. C'est juste une rage de vaincre ce match perçu comme une bataille pour l'honneur bafoué par les Egyptiens qui ont inauguré le cycle de la violence. Chacun veut être plus fort que l'adversaire. Un slogan interpelle l'adversaire qu'on cherche à tout prix à dévaloriser et diminuer. «Vous êtes des pharaons et nous sommes des pirates». Les querelles intra-muros qui souvent dégénèrent entre supporters des clubs algériens a cédé devant l'urgence du moment. Elles sont momentanément oubliées. Il faut faire front contre l'agression extérieure. Les nuées de supporters d'El Harrach adressent ainsi une invitation par murs interposés aux chnaouas. Ils devraient constituer un front commun. Les drapeaux peuvent bien être rangés mais pour longtemps les murs des villes garderont les traces de cette joyeuse folie que seul le football peut procurer.