Photo: Fouad S. Confusion totale dans le marché de la téléphonie mobile. Alors que la direction générale des impôts (DGI) a mis un terme au doute ayant entouré la taxe de 5% sur le rechargement instituée par la loi de finances complémentaire pour 2009, en précisant que celle-ci doit être payée par les opérateurs de la téléphonie, les revendeurs des cartes prépayées et prestataires des services de recharge ont décidé de faire payer la taxe aux consommateurs. Dans la capitale, les taxiphones, les marchands de journaux, les magasins de téléphonie mobile majorent de 20, voire de 30 DA, un rechargement dépassant 200 DA au lieu de 10 DA habituellement. En outre, le prix des cartes de recharge a été augmenté de 30 à 50 DA. Et cela dure depuis presque une semaine. Face à cette situation pour le moins contraignante, les abonnés aux différents opérateurs de la téléphonie mobile ne savent plus à quel saint se vouer. Surpris par cette soudaine augmentation, les abonnés s'estiment «escroqués et impuissants» puisqu'ils ne savent pas à qui s'adresser. D'ailleurs, les citoyens questionnés avancent que dix dinars sont largement suffisants pour ce qui est des recharges. Karim pense que «dix dinars qu'on avait l'habitude de rajouter auparavant, c'est déjà baucoup. Maintenant qu'on est obligés d'en rajouter dix dinars, c'est vraiment excessif. Je sais que cette marge va directement au revendeur qui ne fait à mon avis qu'à sa tête». Mais les gérants des taxiphones sont unanimes à affirmer que ce sont les opérateurs de la téléphonie mobile qui sont à l'origine de ces augmentations. Ils précisent qu'avant, ils payaient 9700 dinars pour 10 000 dinars de rechargement, alors que depuis quelques jours, ils déboursent 10 250 dinars. «Nous ne sommes en aucun cas responsables de cette augmentation. A la place des abonnés, qui sont nos clients d'ailleurs, nous aurions senti la même injustice», indique l'un d'eux. Il faut savoir que les gérants des taxiphones bénéficient de trois dinars à chaque opération de rechargement. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, au niveau de l'agence de l'opérateur Djezzy, située place Audin, un agent a infirmé les informations données par les gérants des taxiphones. «Lorsqu'un client se présente pour recharger, par le système flexy, son crédit de 100 ou 500 Dinars, on ne lui demande pas un sou de plus», soutient-il M. Madjene, sous-directeur chargé des relations publiques et de la communication à la direction générale des impôts, a précisé encore une fois, que la taxe dont il est question sera bel et bien à la charge des opérateurs de téléphonie mobile. «Toute personne au niveau des points de vente qui sera auteur d'infractions et qui fera des prélèvements au moment de la vente, en plus des prix fixés par les opérateurs, sera passible de sanctions, voire d'une amende, prévues par la législation en vigueur», avertit-il. Chez Mobilis, l'opérateur historique, on affirme avoir bien saisi que cette taxe est à la charge des opérateurs. «Depuis l'instauration de cette taxe, nous avons saisi l'ARPT pour nous éclairer sur le mode de son application et savoir si elle est applicable au client final ou doit être supportée par l'opérateur lui-même», indique M. Mohamed Salah Daâs, conseiller auprès du PDG de Mobilis, chargé des relations avec la presse. Résultat : cette imposition n'est donc pas répercutée sur le consommateur et les tarifs habituels sont maintenus. L'opérateur historique dégage d'ailleurs sa responsabilité de toute interprétation libre de la directive de la DGI. «Ces augmentations représentent quelques cas isolés indépendants de notre volonté», insiste M. Daâs. «Il revient aux services du commerce de faire le contrôle. Car, à notre niveau nous avons communiqué clairement que les tarifs de Mobilis ne seront pas augmentés». NEDJMA TAXE SES CLIENTS Du côté de Nedjma, la chargée des relations avec la presse a reconnu que la taxe a été répercutée sur les clients depuis samedi dernier. Maintenant qu'un communiqué de la DGI a été rendu public, «nous ne savons pas s'il y aura un changement. Nous n'avons pas encore d'autres éléments, et donc pas de nouvelles déclarations». En attendant de voir les textes d'application dans les jours à venir, Nedjma compte supprimer la taxe pour les distributeurs. Du côté du Djezzy, le chargé de communication par intérim a déclaré que «nous sommes de ceux qui respectent la loi, nous appliquons ce que l'agence de régulation des postes et télécommunications (ARPT) et la DGI nous demandent de faire». De leur côté, les utilisateurs savent très bien qu'ils sont lésés dans leurs droits mais, ne savent pas à qui s'adresser pour dénoncer ces augmentations des tarifs. Les trois opérateurs les encouragent à se rapprocher de leurs points de vente pour d'éventuelles plaintes ou doléances.