Photo: Horizons. Invité lundi soir de l'émission «Questions d'actu», le ministre des Affaires étrangères, M. Mourad Medelci, a souligné que «la solution à la situation au Sahel se trouve entre les mains des gouvernements et des populations des pays de la région». Le chef de la diplomatie rejette ainsi les tentatives d'internationaliser les problèmes de cette région riche en ressources naturelles. La solution aux problèmes de cette région passe, selon lui, par la stabilisation des populations de cette région en leur garantissant des conditions de vie plus décentes. L'Algérie a toujours apporté sa contribution pour le développement de ses zones frontalières longues de 3700 km. Dans ce contexte, il s'est félicité de l'«excellence» des relations tant au plan bilatéral que multilatéral de notre pays avec ses voisins. «L'Algérie n'a aucun problème avec aucun pays africain quel qu'il soit et chaque année apporte son lot d'avancées sur le plan de la coopération bilatérale avec beaucoup de pays et en particulier avec ceux de notre environnement immédiat, à savoir ceux du Maghreb et du Sahel», a t-il fait remarquer. L'ARGENT DU TERRORISME Evoquant l'activité terroriste, il a ajouté que «profitant de l'étendue et de la nature topographique de cette zone, certains groupes terroristes activent dans la région du Sahel». Les services concernés des pays de la région prennent en charge cette question. Cela ressemble fort à un refus d'immixtion dans les affaires régionales par des puissances étrangères. L'un des moyens de lutte est connu. Interrogé sur la résolution 1904 adoptée récemment par le Conseil de sécurité de l'Onu sur proposition algérienne incriminant le payement des rançons aux preneurs d'otages, M. Medelci a souligné que l'argent est un élément «extrêmement important» dans le développement du terrorisme. «Lorsque nous travaillons sur le tarissement des sources de financement de ce fléau, nous travaillons au tarissement du terrorisme lui-même», a-t-il expliqué. L'effort de l'Algérie va se poursuivre pour que cette proposition soit adoptée au niveau de l'Assemblée générale de l'Onu. Le ministre a ensuite mis en exergue le rôle de l'Algérie en Afrique. L'Algérie, dans le règlement des conflits en Afrique et sa recherche de la paix, est un partenaire reconnu et actif à travers la participation de manière beaucoup plus concrète. Son apport passe aussi par le NEPAD. «Le continent a connu des avancées considérables durant la dernière décennie après le lancement du NEPAD. «Le NEPAD est extrêmement important en étant reconnu aujourd'hui par l'ensemble des pays du monde», a-t-il ajouté, relevant que grâce à cette initiative, l'Afrique a des projets de coopération et de collaboration avec l'Europe, la Chine, l'Inde et la Turquie. Au plan régional, il a indiqué que l'Algérie a toujours encouragé la réalisation de projets concrets dans l'espace sous-régional dans l'intérêt des populations et de la région de la Méditerranée, exprimant le vœu «qu'en 2010, un certain nombre de projets puissent voir le jour dans le cadre de l'UPM. VERS LA CRÉATION D'UNE BANQUE MAGHRÉBINE Au sujet de l'UMA, M. Medelci a rappelé que lors de la dernière réunion de Tripoli qui a regroupé les ministres des Affaires étrangères et à la demande de l'Algérie, l'idée de créer une communauté économique maghrébine «est en train de faire son chemin». «Les pays de UMA se sont également mis d'accord, lors de cette réunion, sur la mise en place prochaine d'une banque maghrébine de l'investissement et du commerce extérieur, a-t-il poursuivi. SAHARA OCCIDENTAL : « UN VRAI PROBLÈME DE DÉCOLONISATION» A propos de la question du Sahara Occidental, le ministre a souligné que cette question est un «vrai problème de décolonisation». «Tant que la possibilité n'a pas été donnée au peuple sahraoui de s'exprimer sur son avenir, le problème restera». «Nous avons tous besoin que ce conflit soit réglé le plus rapidement possible et l'espoir est encore intact de voir cette question se traiter à un niveau poli- tique», a-t-il encore dit. Au sujet de la réforme du Conseil de sécurité, il a précisé que la position de l'Afrique, basée sur un constat d'injustice, est de permettre au continent d'avoir 2 sièges permanents et 5 autres non permanents au niveau de ce Conseil, sachant qu'actuellement il ne dispose que de 3 sièges non permanents. Interrogé sur le somment de Copenhague sur les changements climatiques, il a indiqué que «l'Algérie, en étant concernée par ce phénomène, l'a inscrit au portail de ses priorités, ajoutant que la réunion à Alger des ministres africains de l'Environnement en 2008 a permis de sortir avec une position africaine commune sur cette question. «Cette position africaine a permis de préserver les acquis de Rio et de Kyoto et de faire que la priorité des pays industriels soit réservée aux pays africains pour le financement et le transfert de technologies», a-t-il affirmé. Pour M. Medelci, cette unité africaine dans l'action et la pensée concernant la question des changements climatiques «doit être préservée et renforcée» pour 2010 à l'occasion du sommet de Mexico. Le ministre a plaidé pour la conclusion d'un un accord juridiquement contraignant. PROCHAINE VISITE DE KOUCHNER À ALGER Au chapitre des relations algéro-françaises, M. Medelci a indiqué qu'il s'agit de relations d'intérêts. «Nous avons des intérêts économiques dans différents domaines avec la France et il y a aussi notre communauté qui a besoin d'améliorer encore plus ses conditions d'existence qui sont siennes dans ce pays». Les pouvoirs publics envisagent d'ailleurs de mettre en place un Conseil consultatif de la communauté algérienne établie à l'étranger, Il a ajouté que beaucoup de questions liées notamment à l'investissement français en Algérie et les essais nucléaires français dans le Sahara algérien, font l'objet de groupes de travail conjoints, espérant que ces groupes de travail puissent réaliser des avancées avant la visite du ministre français des Affaires étrangères, M. Bernard Kouchner à Alger dans les semaines à venir. Le ministre est enfin revenu sur sa récente visite aux Etats-Unis qui a été «une occasion pour évaluer la coopération bilatérale économique et commerciale». Le niveau des échanges commerciaux entre les deux pays a atteint 20 milliards de dollars.