Le ministre des Affaires étrangères, M. Mourad Medelci, qui était lundi soir l'invité de l'émission "Questions d'actu " de l'ENTV, a évoqué une question d'actualité qui a fait couler beaucoup d'encre ces derniers temps. Il s'agit, en effet, de la récente décision de la France d'inscrire l'Algérie dans la liste des pays à risque pour le contrôle des ressortissants voyageant par avion. Le ministre a donc été clair, il a tout d'abords souligné que " l'Algérie a été extrêmement surprise et contrariée par les mesures de contrôle prises contre ses ressortissants par les Etats-Unis et la France " et de préciser que " nous espérons que le message de l'Algérie transmis par voie diplomatique sera productif pour que cette page soit bientôt tournée ". En s'adressant à la communauté algérienne établie à l'étranger, notamment celle établie aux Etats-Unis et en France, il déclaré que " les décisions prises par chacun des deux pays ne résultent pas de négociations avec l'Algérie et que ces mesures ont été prises sans consultation aucune de l'Algérie ". Dans ce même chapitre, il ajouté que " nous n'avons jamais été consultés et nous avons appris cela par voie de presse, et nous avons réagi par voie diplomatique. " Toutefois, le ministre a assuré que " nous veillerons à ce que notre pays puisse être considéré comme crédible, qui règle ses problèmes de sécurité mais qui n'a pas de leçons à recevoir ". Dans ce même sillage, M. Medelci a fait remarquer que l'Algérie a toujours été considérée comme un pays particulièrement performant et l'aéroport d'Alger comme un aéroport des plus sûrs au monde. En somme, le ministre a indiqué que " l'Algérie attend de la France que son message diplomatique soit perçu et les responsabilités de ceux qui ont pris ce type de décisions établies et reconnues comme étant en contradiction avec la volonté de régler les problèmes et que ces dispositions étaient très inamicales envers un pays pourtant ami." Au chapitre des relations algéro-françaises, M. Medelci a indiqué qu' " il s'agit de relations d'intérêts. Nous avons des intérêts économiques dans différents domaines avec la France et il y a aussi notre communauté qui a besoin d'améliorer encore plus ses conditions d'existence qui sont siennes dans ce pays ". Il a ajouté que " beaucoup de questions liées notamment à l'investissement français en Algérie et les essais nucléaires français dans le Sahara algérien, font l'objet de groupes de travail conjoints ; espérons que ces groupes de travail puissent réaliser des avancées avant la visite du ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner à Alger dans les semaines à venir ". Le ministre est également revenu sur sa visite effectuée dernièrement aux Etats-Unis à l'invitation de la secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, indiquant qu' " elle a été l'occasion pour évaluer la coopération bilatérale économique et commerciale ", précisant que " le niveau des échanges commerciaux entre les deux pays a atteint 20 milliards de dollars ". Au plan régional, et abordant l'Union pour la Méditerranée (UPM), il a indiqué que " l'Algérie a toujours encouragé la réalisation de projets concrets dans l'espace sous-régional dans l'intérêt des populations et de la région de la Méditerranée ", exprimant le vœu qu'en 2010 un certain nombre de projets puisse voir le jour dans ce cadre. Interrogé sur le Conseil consultatif de la communauté algérienne établie à l'étranger, le ministre a réitéré la grande importance qu'accordent les pouvoirs publics aux membres de cette communauté, affirmant que " la création de ce Conseil va donner une opportunité remarquable aux membres de la communauté de s'exprimer et d'apporter des solutions à leurs problèmes et contribuer ainsi au développement du pays ". Les relations entre l'Algérie et le reste des pays africains sont excellentes Lors de son passage à l'ENTV, le ministre des Affaires étrangères a abordé plusieurs autres sujets d'actualités qui touchent de près ou de loin le pays. A propos de la situation au Sahel, le ministre a souligné que " la solution se trouve entre les mains des gouvernements et des populations des pays de la région " avant d'ajouter que " le Sahel ne doit pas être surmédiatisé comme on tente à le faire un peu trop. Le Sahel c'est un groupe de pays qui a un avenir devant lui et qui dispose de richesses naturelles et nous devons faire en sorte que les pays du Sahel gèrent leurs problèmes eux-mêmes. " Le ministre a également estimé que " la solution aux problèmes de cette région passe par la stabilisation des populations de cette région en leur garantissant des conditions de vie plus décentes ", rappelant, à cet égard, les efforts de l'Algérie pour le développement de ses zones frontalières. Sur un autre chapitre, portant sur les relations entre l'Algérie et le reste des pays africains, le ministre s'est félicité de l'excellence de ces dernières tant au plan bilatéral que multilatéral. " L'Algérie n'a aucun problème avec aucun pays africain tel qu'il soit et chaque année apporte son lot d'avancées sur le plan de la coopération bilatérale avec beaucoup de pays africains et en particulier avec ceux de notre environnement immédiat, à savoir ceux du Maghreb et du Sahel ", a-t-il fait remarquer. Il s'est, dans le même sens, félicité du rôle de l'Algérie dans le règlement des conflits en Afrique. " L'Algérie est un partenaire reconnu et actif à travers la participation de manière beaucoup plus concrète à des actions dans le sens des règlement des conflits " Evoquant la situation en Afrique, le ministre a fait remarquer que " le continent a connu des avancées considérables durant la dernière décennie, notamment après le lancement du NEPAD qui est extrêmement important en étant reconnu aujourd'hui par l'ensemble des pays du monde. " Au sujet de l'Union du Maghreb Arabe (UMA), M. Medelci a rappelé que " lors de la dernière réunion de Tripoli, qui a regroupé les ministres des affaires étrangères des pays de l'UMA, et à la demande de l'Algérie, l'idée de créer une communauté économique maghrébine est en train de faire son chemin ". Les pays de l'UMA se sont également mis d'accord, lors de cette réunion, sur la mise en place prochaine d'une banque maghrébine de l'investissement et du commerce extérieur. A propos de la question du Sahara occidental, le ministre a souligné que " cette question est un vrai problème de décolonisation ", insistant que " tant que la possibilité n'a pas été donnée au peuple sahraoui de s'exprimer sur son avenir, le problème restera ". " Nous avons tous besoin que ce conflit soit réglé le plus rapidement possible et l'espoir est encore intact de voir cette question se traiter à un niveau politique ", a-t-il dit. Interrogé sur la résolution 1904 adoptée récemment par le Conseil de sécurité de l'ONU sur proposition algérienne incriminant le payement des rançons aux preneurs d'otages, M. Medelci a souligné que " l'argent est un élément extrêmement important dans le développement du terrorisme. Lorsque nous travaillons sur le tarissement des sources de financement de ce fléau nous travaillons au tarissement du terrorisme lui-même ", a-t-il expliqué. L'intervenant a fait savoir que l'effort de l'Algérie va se poursuivre pour que cette proposition soit adoptée au niveau de l'Assemblée générale de l'ONU. Au sujet de la réforme du Conseil de sécurité, il a précisé que la position de l'Afrique, basée sur un constat d'injustice, est de permettre au continent d'avoir 2 sièges permanents et 5 autres non permanents au niveau de ce Conseil, sachant qu'actuellement il ne dispose que de 3 sièges non permanents. Le somment de Copenhague sur les changements climatiques a été aussi évoqué par le ministre, qui a indiqué que " l'Algérie, en étant concernée par ce phénomène, l'a inscrit au portail de ses priorités, cette position africaine a permis, lors du somment de Copenhague, de préserver les acquis de Rio et de Kyoto et de faire que la priorité des pays industriels soit réservée au pays africains pour le financement et le transfert de technologies", a-t-il poursuivi.