Les américains qui ont promis aux Irakiens un état de droit, leur laisseront-ils un état anarchique après le départ de leurs troupes d'ici le 31 août 2010 ? Le processus de «dé-baâthisation» lancé par le Comité pour la Justice et l'Intégrité, une instance qui rappelle le Conseil iranien des gardiens de la révolution, ne semble pas viser uniquement les «511» candidats aux cruciales législatives du 7 mars prochain, les deuxièmes depuis le renversement du pouvoir irakien en 2003, pour liens avec le régime de Saddam Hussein. Outre les sunnites et les laïcs, il menace de réduire à néant les efforts de réconciliation. Aux appels à la sagesse du président Jalal Talabani et de l'ancien Premier ministre Iyad Allaoui, les chiites répondent par des marches de soutien à ce comité à Kerbala, Najaf et Bassora. Washington qui suit la controverse créée par l'expulsiona de ces candidats, craint une répétition du scénario de 2005 : le boycott des élections par les sunnites. Elle envoie, pour la troisième fois à Bagdad et en urgence Joseph Biden, le chargé du dossier irakien à la Maison Blanche, donner son «avis» sans froisser les sensibilités des dirigeants qui vantent leur souveraineté retrouvée. Missions : rappeler aux Irakiens que l'administration américaine veut des élections «justes, crédibles et transparentes», à «temps et sans accroc» et, ne souhaite pas que le parti «dissous» de Saddam Hussein prenne part au processus. «Je ne suis pas venu en Irak pour trouver un quelconque arrangement. Le président Obama et moi-même soutenons fortement l'application de l'article 7 de la Constitution qui interdit le parti Baas», affirme M. Biden proposant aux exclus de désavouer le régime de Saddam. «Tout le monde sait que la dispute autour de ces exclusions doit être résolue de manière légale», affirme le ministre irakien des Affaires étrangères, Hoshyar Zebari, se félicitant de pouvoir compter «sur l'aide» des Américains. Les sunnites qui pourraient boycotter le prochain scrutin mettent en doute la légitimité du comité que dirige Ahmed Chalabi, un chiite réputé proche du Pentagone. Ils l'accusent d'agir pour torpiller les efforts de réconciliation nationale, voire de pousser le pays dans le chaos des violences confessionnelles. «Nous n'avons pas l'intention de nous réconcilier avec ceux qui considèrent Oussama Ben Laden comme un des chefs musulmans ou ceux qui considèrent que Saddam est un martyr», réitère régulièrement le Premier ministre Nouri Al Maliki. Comme Tchalabi, Moqtada Sadr et les autres chiites, il estime que la liste des candidats interdits de scrutin pourrait grossir. Cette marginalisation de candidats « non grata » qui a commencé quand le gouvernement Maliki a décidé d'offrir aux chiites la majorité des 50 sièges ajoutés au Parlement; semblent aller à contre courant des efforts de la CIA, Agence centrale de renseignement. Ses agents discutent depuis des mois avec les chefs baasistes, exilés depuis sept ans en Jordanie, en Syrie et au Yémen, pour parvenir à un accord.