Les représentants du gouvernement conduits par Ghazi Salaheddine, un conseiller du président Omar El-Bechir et responsable du dossier Darfour et du Mouvement pour la Justice et l'Egalité (JEM) ont repris à Doha, Qatar, les négociations. Pas « directement» comme annoncé par le JEM. «Il y a de nombreux problèmes (...) à résoudre avant d'entamer les discussions directes à une autre date», déclare Ahmed Hussein Adam, son porte-parole. Les deux parties ont eu hier des «discussions constructives et transparentes» mais…séparées sur le processus de paix avec Djibril Bassolé, le médiateur en chef de l'Organisation des Nations unies et de l'Union africaine et les médiateurs qataris. Selon Ahmed Hussein Adam qui souhaite «entre autres régler des questions de procédures avant d'entrer dans des négociations politiques directes» avec le gouvernement, la vingtaine de factions rebelles et les représentants de la société civile «pourraient être associés» à ces «concertations» que la médiation ONU-UA espère mener «dans le cadre de l'accord d'Abuja 2006 sur la paix au Darfour». «C'est autour des négociations que nous pourrons amener les parties belligérantes à s'engager dans une véritable cessation des hostilités et à arrêter les modalités de la fin de la guerre», affirme le médiateur onusien déplorant l'absence d'Adbdelwahid Mohammed Nour, le chef historique du Mouvement de libération du Soudan (SLA-Abdelwahid). Le JEM qui a refusé la présence d'autres groupes que le JEM aux négociations ne semble pas regretter la politique de la chaise vide de ce mouvement. Bien au contraire ! «Le JEM est le seul qui combat actuellement et qui a une présence effective sur le terrain (...) Ceux qui prétendent être des groupes rebelles ne doivent pas être inclus dans les négociations juste pour les satisfaire ou satisfaire les pays qui les soutiennent», déclare M. Adam. Les rebelles du JEM et Khartoum qui ont signé en février 2009 un «accord de confiance» prévoyant un échange de prisonniers et la tenue éventuelle d'une conférence de paix sur le conflit du Darfour qui a fait 300.000 morts depuis 2003 selon les estimations de l'ONU -10.000 selon le Soudan- et 2,7 millions de déplacés, réussiront-ils à trouver un «compromis» avant le scrutin d'avril qui pourrait voir Yasser Arman, le candidat à la présidentielle du Mouvement populaire de libération du Soudan (SPLM, ex-rebelles sudistes) détrôner le président Béchir ? Il y va de l'intégrité territoriale du plus grand pays d'Afrique. Une intégrité qui pourrait être menacée aussi par les deux référendums prévus en janvier 2011, le premier sur la sécession du sud du pays et le second invitant la population d'Abiye à, soit rallier le sud, soit continuer à faire partie du nord, et les «ingérences» internationales. Dernière en date, celle de Human Rights Watch. L'organisation des droits de l'homme qui a remis cette semaine dans son collimateur le Soudan, requiert un déploiement en urgence des observateurs de «l'Union européenne, de l'Union africaine ou de pays concernés par l'accord de paix Nord-Sud» pour assurer la tenue d'élections générales «libres» et «crédibles» en avril prochain. La raison de cette montée au créneau qui ne fait pas la part belle à la Fondation Carter, le seul acteur international autorisé à observer le processus électoral ? L'ONG la donne sans y aller par quatre chemins. Selon elle, le processus électoral est menacé par les violations des droits civiques et politiques que pratiquent les forces de sécurité soudanaises à travers tout le pays. «Le gouvernement de Khartoum utilise ses services de sécurité pour harceler et maltraiter ceux qui se prononcent contre le Parti du congrès national d'Omar el-Béchir», affirme dans un rapport Georgette Gagnon, directrice du programme Afrique de HRW. Certes en décembre, les autorités ont dispersé des manifestants à Omdurman, près de Khartoum.